Précurseur d’un nouveau modèle de photojournalisme, Dysturb s’engage aussi dans la lutte contre le Covid-19. À travers une campagne d’information et de sensibilisation d’affichages urbains internationale, le collectif a un but précis : la prévention.
Dysturb est un collectif de photographes qui a vu le jour en 2014, à l’initiative de Pierre Terdjman, avec l’objectif de réinventer le photojournalisme. Pendant cette crise, le média affiche des images de reportages tirées en noir et blanc, sur les murs de plusieurs grandes villes. Un mode d’expression qui cherche à « perturber », confronter le public à des images de presse. Des interventions sont également menées dans les écoles et les prisons afin que l’information soit accessible à tous de manière égalitaire.
Lors de notre entretien avec Pierre Terdjman, celui-ci nous a fait part de son engagement contre la désinformation, les théories du complot et autres fabulations qui existent aujourd’hui autour de cette crise. Il travaille en étroite collaboration avec des photojournalistes du monde entier issus de collectifs régionaux, d’activistes indépendants et de professionnels reconnus afin de collecter le plus de travaux possibles autour du sujet.
Depuis cette semaine, le collectif a un nouveau projet : sensibiliser le public à la lutte contre le coronavirus. Après Paris et New York, Dysturb compte investir d’autres métropoles au cours des prochaines semaines, parmi lesquelles Nairoibi (Kenya), Seattle et la baie de San Francisco aux États-Unis, en utilisant des images fortes pour un message important. Leurs images accompagnées de légendes, de données chiffrées sur l’impact du Covid-19 ainsi que de rappels concernant les gestes barrières pour encourager le public à maintenir sa vigilance. « Le plus important, c’est d’être audible et de profiter de la rue pour faire comprendre aux gens qui ne sont pas chez eux qu’ils devraient être chez eux », nous confie-t-il. Il nous explique également que la force du photojournalisme est qu’il s’agit d’un langage universel. C’est une image qui témoigne d’une réalité propre et permet ainsi d’illustrer un propos, de lui donner de la force.
Jusqu’à présent, Dysturb a déjà collé les images de photographes comme Ashley Gilbertson, Nina Berman ou encore Fabio Bucciarelli dans plusieurs pays du monde.

Pradalunga, Italie, 15 mars 2020 de Fabio Bucciarelli

Brooklyn, New York, 7 avril 2020 de Gaia Squarci
« Cette pandémie a prouvé une fois de plus les risques de la désinformation en ligne »
Avec pour slogan « Stay Home, Save Lives », le collectif suit la voie qu’il a empruntée ces dernières années en élargissant son action, avec le lancement de programmes pédagogiques dans les écoles en Europe et aux États-Unis visant à lutter contre les « fake news ». « Cette pandémie a prouvé une fois de plus les risques de la désinformation en ligne », explique Pierre Terdjman. « Nous sommes journalistes et notre boulot, c’est aussi de combattre les informations erronées diffusées sur les réseaux sociaux ou à la télé », poursuit-il. « Aux États-Unis, certains Républicains ont commencé à dire que le Covid-19 était un complot inventé pour faire tomber le président Trump. Mais nous sommes là pour attester que non et que la crise est réelle », ajoute Nina Berman, une photographe ayant participé à la campagne. « Nous sommes là pour laisser des traces ».

Paris, France, 11 avril 2020 de Hugo Aymar
Pour continuer à informer mais aussi à rémunérer les photojournalistes, Dysturb a décidé de mettre en vente sur le shop de son site web un poster « STAY HOME » de 90x120cm illustré d’une photographie d’Ashley Gilbertson. Pour chaque poster acheté, d’un montant de 15€, un autre poster sera collé dans l’espace public afin de renforcer la prévention et l’information autour des gestes barrières. Des contributions qui auront donc pour but de disséminer des messages de prévention et de financer la production des campagnes d’affichages.
Un poster que vous retrouverez directement sur le site de Dystrub : http://www.dysturb.com/shop
Des actions à venir
Ce n’est pas tout. Dysturb prolonge également son action en ligne à travers une série d’interviews live sur leur compte Instagram (@dysturb) avec des photographes du monde entier couvrant la crise sous différents angles – son impact sur la santé, sur l’économie, sur les femmes, sur l’environnement. Des interviews archivées et bientôt disponibles en ligne qui serviront de ressources aux photographes couvrant la crise comme au grand public. Vous pouvez retrouver Pierre Terdjman dans son « Journal de confinement » dans le quotidien Le Monde.