La perf’ de la semaine vient tout droit d’Outre-Atlantique. Joey Bada$$, resté trop longtemps muet, semble définitivement de retour. Il a distillé ce jeudi 03 mars une prestation de haut vol au sein du studio Colors. 2022 : année de la consécration pour l’un des rappeurs les plus talentueux de la scène US ?
Il est de ces moments particuliers qui nous lient à un artiste. Un morceau qui nous rappelle un instant de vie. Une plongée dans le passé. Ce moment de lévitation de Joey Bada$$ en fait partie. Celui qui avait bercé bon nombre de fans de Rap US dans les années 2010 est revenu hier avec l’une de ses performances dont lui seul a le secret. La tête haute. Prêt à reprendre sa place de OG.
Une (trop) longue attente
Joey Bada$$ c’est 5 ans d’absence, puis un come-back sur la track “The Revenge”. Un son décevant pour certains, dans lequel Joey Bada$$ tentait d’imposer un phrasé plus énergique. Sur « Head High », retour aux sources pour le rappeur de Brooklyn. Mais au fait, c’est quoi la recette Joey ?
Tout auditeur de rap US a forcément entendu un morceau de Joey Bada$$. “Survival Tactics” (2012, ft Capital Steez), “Christ Conscious” (2014) , “Paper Trail$” (2015), “Land of the Free” (2017), autant de tracks iconiques pour celui qui était jugé à l’époque comme l’un des meilleurs emcee des USA. Lorsqu’il débarque en 2012, son objectif est clair : revenir à la base. Il imposera son aura boom-bap sur toute la côte Est, alors que le trap devenait le genre musical prédominant dans le rap.
De son premier projet 1999 (2012) à son dernier album ALL-AMERIKKKAN BADA$$ (2017), Bada$$ continuait de s’inscrire dans cet héritage des années 1990 du rap américain. Véritable apothéose de sa jeune carrière, son dernier album, à la fois introspectif et politique, reste l’un des meilleurs projets rap de la décennie 2010. S’installant alors à la table des Kendrick et consorts , Joey Bada$$ s’était tu un long moment. Comme s’il avait ressenti le besoin de faire le point. Car, bien que saluées par les critiques, certaines inspirations plus modernes comme sur “Devastated”, avaient été mal accueillies par ses fans.
Le schéma semble s’être une fois de plus reproduit avec “The Revenge”. Éloigné des sonorités “old school” du rappeur, des auditeurs avaient affiché leur déception. Mais Joey Bada$$ est un artiste complet qui aspire à devenir “l’un des plus grands artistes de tous les temps” (Breakfast Club, 2017). Pour cela, s’imposer des barrières artistiques ne semble pas au goût du rappeur. De quoi offrir à son public des tracks riches aux horizons variés. Place à “Head High”.
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Verve retrouvée, émotions partagées
Joey Bada$$ manie l’art du suspense avec délectation. En février 2020, un extrait de la track “Head High” avait été partagé par le rappeur sur ses réseaux. Ses fans ont toutefois dû patienter deux longues années avant cette performance COLORS. Et comment dire que la hype est confirmée tant le new-yorkais se balade.
Le verbe. Chez Joey Bada$$ il tient particulièrement son importance, servant le développement de thèmes chers au rappeur. Dans “Head High” il permet à Bada$$ de poursuivre sa démarche introspective. Il s’élance alors dans une réflexion existentielle sur la mort. Une manière pour le rappeur de rendre hommage à XXXTentacion dans le second couplet.
En relatant ses souvenirs personnels partagés avec lui, il laisse au public une des nombreuses traces qu’XXX aura laissé dans l’écosystème du Rap US et au-delà. Ce couplet se termine d’ailleurs par un autre hommage, cette fois-ci à l’adresse de son ami défunt Capital Steez, talentueux rappeur avec lequel il partageait son succès à ses débuts chez Progressive Era.
« Shit had me reminiscin’, had me thinkin’ ’bout Steelo / Lord knows « .
Sur une prod froide mais intense de son fidèle collaborateur Statik Selektah, Badmon rappe dans un registre qu’il maîtrise à la perfection. Place alors à un refrain entêtant, où Joey Bada$$ exprime toute sa détermination. Celle qui prouve qu’il est prêt à un retour pour aller chercher cette place qu’il convoite tant. Celle de numéro 1 du Rap US.
“So I hold my head high ’til they put me below / Best know ’til the day I die I’ma keep this heat close”
Agréable condensé de la recette Joey Bada$$. Artiste insaisissable, dont on prend plaisir à entonner des refrains qui font du bien à la musique. Parce que comme lui à l’écoute de ses paroles, l’auditeur a l’impression de se vider de ses vieux démons.
L’album arrive ?
Le trône de New-York de nouveau en jeu ? Une chose est sûre, Joey Bada$$ est revanchard et veut s’imposer comme le « MVP » de la scène Est du Rap US. Alors accrochons nous à ce détail. Celui qui annonce un double album, probablement divisé en deux parties, l’une hip-hop et une autre orientée vers des influences R&B. La suite des événements semble toute tracée. Ce tweet du emcee, demandant à tous ses fans de s’unir sous la même bannière et de garder la tête haute, avant peut-être l’arrivée d’un nouvel opus laisse guère de place au doute. À moins que Joey Bada$$ ait une nouvelle fois un autre plan en tête.
I NEED ALL MY REAL FANS & SUPPORTERS TO KEEP HEAD HIGH ON REPEAT ALL MONTH . LETS SHOW THE INDUSTRY THAT YOU CAN HAVE A HIT RECORD FROM A HEARTFELT CLASSIC RAP SONG. HEAD HIGH NEEDS A PLAQUE AND THATS ON X & STEELO LETS GO 💿💿💿
— BADMON (@joeyBADASS) March 3, 2022
Parce que Joey Bada$$ s’inscrit dans la pure tradition du rap new-yorkais. Parce que “Head High” est un morceau qui fait du bien au hip-hop. « For My People »
Le titre “Head High” est désormais disponible sur toutes les plateformes et sur la chaîne YouTube COLORS.