Ninho… On le voit partout : en tête des streamings, sur les projets d’autres artistes, sur des plateaux télévisions… Impossible de passer à côté de ce poids lourd du rap français, indissociable de sa rue bien aimée. Pourtant, derrière ce pilier du monde musical urbain, se cache un personnage difficile à cerner, un rappeur à l’apparence bling bling mais qui reste discret et à l’abris des projecteurs. Trente Trois Degrés vous brosse son portrait.
William Nzobazola est né en avril 1996 à Yerres dans l’Essonne, seul garçon dans une famille de femmes, son père étant reparti à Kinshasa. C’est un cousin qui l’initie au rap pendant son collège. Grâce à lui, le jeune William a grandi avec Rohff, Seyfu…
Il se met alors à gratter ses premiers textes, à improviser dans des parkings ou en bas des bâtiments. Qui l’aurait imaginé aujourd’hui, avec ses albums doublement voir triplement récompensés !
En 2014, il sort sa toute première mixtape, «Ils sont pas au courant Vol.1 », dont l’acronyme est « I.S.P.A.C », suivi de « En attendant I.S.P.A.C Vol.2 » et du fameux volume 2 de sa mixtape I.S.P.A.C. Mais le jeune Wiliam est un charbonneur si l’on en croit les dires du quartier et il se s’arrête pas là. Il lance alors sa série de freestyle Binks to binks.
On découvre alors un kicker hors pair qui n’hésite pas à bombarder ses freestyles d’images grossières et de cliché de la rue. Argent, drogue et femmes plantureuses, ce sont les sujets préférés de Ninho, on le comprend vite dès qu’on écoute les premières secondes de Binks to Binks 1. Pourtant, malgré une ode à la drogue et à violence, on ne peut pas s’empêcher d’écouter ces morceaux en boucle et on aime ça.
Il sort alors en octobre 2016 « Maintenant ils le savent » (M.I.L.S), une mixtape qui lui permet de se faire connaitre du grand public.
Pour ce premier projet, le rappeur du 91 s’est directement entouré des poids lourd du rap français: Niska, Sadek… Il fait désormais parti de la cour des grands. La preuve : la mixtape est aujourd’hui disque de platine grâce à des textes percutants.
Ses thèmes de prédilections ? Gangster, problèmes de cité, drogue, femmes. Pourtant, dans M.I.L.S, on découvre un Ninho plus réfléchi qui aborde des thèmes profonds comme l’amour dans son classique Dis moi que tu m’aimes ou encore la rue.
Mais cette rue, il en est tombé amoureux « mais c’est trop tard pour divorcer » si on en croit son ode à la street Elle m’a eu. Ode à la street qui apparait dans son premier album studio « Comme prévu ». Sorti en septembre 2017, cet album, aujourd’hui triple platine, est la preuve que Ninho est plus que jamais un des mastodonte du rap français.
On compte 15 titres dans l’album, tous sont certifiés. Entourés des plus grands (Nekfeu, Sofiane, Gradur), NI nous livre un album complet avec des sons dansants (comme Mamacita), des sons love (comme Rose) et des sons crus et agressifs (Roro) comme il sait si bien faire. Entre flow abrasif et des refrains chantés, c’est la valse que Ninho a décidé de mener sur « Comme prévu ».
Quelques longs mois plus tard, le rappeur nous offre « M.I.L.S 2.0 », une mixtape aujourd’hui double disque de platine.
Toujours accompagné de son flow acéré et ses phrases coup de poings, NI s’ouvre un peu plus. Avec des morceaux comme Chacun son tour, où il rend hommage à ses frères décédés, il nous permet de mettre un pied dans son monde, un mode où la mort peut frapper à notre porte à tout moment. Dans « M.I.L.S 2.0 », il nous conte la rue débrouillarde où la fraternité a une place importante comme on l’a compris en écoutant Un Poco.
Un an après, NI sort dans la précipitation « Destin ». Malgré le leak du projet, le projet est en 3 mois double disque de platine. Il faut croire que le rappeur connait la recette du succès : feat de renoms (Jul, Niska, Koba la D, Dadju…), single valsant entre kickage et mélodies entrainantes… Ninho a su captiver son auditeur avec des morceaux comme La vie qu’on mène ou encore Goutte d’eau, mélancolie mais pas trop non plus.
Enfin, le rappeur du 91 précipite, ce 7 mars 2020, la sortie de sa dernière mixtape « M.I.L.S 3 » à cause d’un deuxième leak. Plus que jamais présent dans le paysage musical français, Ninho réalise un score indécent avec sa mixtape : plus de 9000 ventes en 1 jour !
M.I.L.S 3 c’est, comme le veut la recette, des featurings avec des poules aux œufs d’or du rap français tels que Damso ou Heuss l’Enfoiré. « M.I.L.S 3 » c’est également une atmosphère intime et authentique comme dans Promo, sa collaboration avec le rappeur belge.
Dans cette mixtape, malgré des morceaux comme Bali où on retrouve un Ninho qui kick comme à ses début, on note une certaine douceur et même, qui l’aurait cru, de la vulnérabilité. Pour Lettre à une femme, le rappeur troque les armes pour le romantisme et les déclarations. Déclaration qui touche et qui plaît puisque le morceau s’est hissé dans le Top Spotify mondial.
Mais ce qu’il faut retenir de NI, c’est que celui-ci est un peu comme un magicien du rap, un générateur de bangers. Chaque fois qu’il apparaît sur un morceau, celui-ci devient un hit. Multipliant les featurings avec d’autres rappeurs, le rappeur du 91 a cette capacité à faire de chaque son un carton. Prenez par exemple Madre Mia, sa collaboration avec Sadek ou encore Air Max, son feat avec Rim K… Les deux morceaux sont disque de diamants ! Qu’ils soient dansants ou pas, ses feat mettent tout le monde d’accord. C’est simple : invitez Ninho sur un morceau, vous en ferez un carton.
Mais Ninho l’artiste laisse place à William, l’homme discret qui se cache derrière le showman qui remplit L’U Arena.
Un homme discret qui a monté son propre label TTR Music (acronyme de Tiens Tiens Retiens, le gimmick favori du rappeur), qui met sous la lumière des projecteurs des artistes comme Hös Copperfield.
Malgré des casquettes Gucci vissées sur le crâne et des Fendi aux pieds, le rappeur n’est pas du genre à se mettre sous la lumière des projecteurs. On ne sait rien de sa vie, peu présent sur les réseaux sociaux, on sait que ce qu’il veut qu’on sache sur son passé.
Le discret mastodonte du rap l’a compris alors tenez tenez retenez : pour vivre heureux, il faut vivre loin des projecteurs.
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