Le milieu de la mode et de la musique sont, depuis toujours, étroitement liés. Si certains artistes ont réussi, grâce à leurs morceaux, à booster la notoriété d’une marque ou d’un modèle, d’autres utilisent juste leur musique pour faire l’apologie des sneakers. Dans le milieu du rap, les sneakers ne sont pas de simples chaussures, c’est un mode de vie, un statement, presque un statut social.
Run DMC – My Adidas
En 1986, le groupe Run DMC sort « My Adidas ». Le morceau, vantant les mérites des Adidas Superstar, a réussi à transformer ce modèle en symbole de la street culture. Un superbe coup de com’ pour la marque aux trois bandes qui voyaient des jeunes se déchausser et brandir leurs Superstar pendant le concert du groupe américain!
Ce mariage entre le monde du sport et la culture du hip-hop fût un tel choc que Run DMC réussit à obtenir un “endorsement deal” avec Adidas ainsi que sa propre ligne de sneakers… Rien que ça !
Inutile de le souligner, dans ce clip iconique, les membres du groupe sont habillés en full Adidas, du survêtement aux sneakers. On les voit en concert vanter les mérites de la paire « We make a mean team, my Adidas and me », à tel point qu’on pourrait croire à une vraie déclaration d’amour !
Public enemy – Politics of the Sneaker Pimps
Sorti en 1998, Politics of the Sneaker Pimps est un morceau qui fait indéniablement partie du monde de la basket.
Dans le morceau, il ne s’agit pas seulement d’une marque mais d’une culture de la sneakers, culture indissociable du monde du rap : « Converses for the pro’s, kids with Fila’s, Reebok, Nike’s, New Balance, my Adidas »
On comprend très vite l’amour que le groupe new-yorkais porte pour les sneakers, prêt à dépenser beaucoup d’argent pour les dernières sorties sneakers. « Two hundred a pair, but I’m addicted to the gear »
Nelly – Air Forces One ft. Kyjuan, Ali, Murphy Lee
On le sait, la Nike Air Force 1 est un des modèles emblématiques de la marque en swoosh. Elle faisait partie de la panoplie de tout rappeur qui se respecte au début des années 2000. Il serait donc presque insolent de dire que ce succès est dû à autre chose que le titre de Nelly, Air Force 1, sorti en 2002. En effet, pour certains, Nelly a amplement participé à la popularisation de la paire, qui était déjà bien ancrée dans la street culture.
Dans le clip, on le voit, accompagné des St. Lunatics dans un magasin de sneakers, se donnant à coeur joie dans une séance shopping. Entourés de boîtes de sneakers, ils portent, oh surprise, des Air Force 1, de toutes les formes, couleurs et tailles imaginables !
Évidemment, les paroles rendent hommage à ce modèle phare et les rappeurs y décrivent la Air Force 1 : sa shape, ses couleurs.. « I like the all-white, high-top strap with the gum bottom »
Nelly – Stepped on my J’Z ft. Jermaine Dupri
S’il y a bien une ode aux Jordan, c’est Stepped on my J’Z de Nelly, sorti en 2008. Du clip aux paroles, les Jordan sont hissées au rang de star de la chaussure ! On y voit tous les modèles, toutes les formes, toutes les couleurs possibles, portées ou tout simplement exposées sur une étagère, dans un garage consacré aux sneakers. Le thème principal ? Les Jordan et surtout le comble pour les sneakerhead : qu’on marque sur notre last pick up.
Tandis que Jermaine Dupri, déclare son amour pour la Jordan « I’m a addict, a Jordan fanatic », Nelly raconte que petit, il était prêt à sécher les cours pour être le premier à avoir les dernières Jordan « We used to ditch school and head straight up to the mall (mall), just so we could be the first ones with ’em on (c’mon) »
Mac Miller – Nikes on my feet
En 2010, Mac Miller sortait Nikes on my feet. Dans une ambiance chill et underground, on y suit la journée du rappeur.
Avec une paire de Nike aux pieds, celui-ci scande « Nike-Nike-Nike-Nike-Nike-Nike-Nike-Nike-Nikes, and the Nikes on my feet keep my cypher complete ». On le voit, un joint à la bouche, marchant dans les rues et rappant « Ayy, lace ’em up, lace ’em up, lace ’em up, lace ’em, Blue suede shoes stay crispy like bacon ».
Macklemore – Wings
Sortie en 2012, « Wings » de Macklemore est, à première vue, une véritable ode aux Jordans et à Nike.
Dans le clip, réalisé à la perfection par Zia Mohajerjasbi, on y voit d’abord des Jordan 4, puis des Air Max 90 pour laisser place à tous les models de Jordan imaginables. Dès les premiers instants, Macklemore nous dit « This air bubble right here, it’s gonna make me fly », en faisant référence à la bulle d’air des Jordan. S’ensuit alors une description détaillée (« That air bubble, that mesh. The box, the smell, the stuffin, the tread ») de chaque paire et du sentiment de bonheur que nous procure l’achat d’une paire.
Mais quand on va un peu plus en profondeur, on comprend que Wings traite de sujets plus graves. Car Wings, loin d’être un hymne à Nike, dénonce la recherche d’identité et la société de consommation dans laquelle nous vivons. Le rappeur américain explique à quel point les logos et les marques changent notre manière de consommer et de nous comporter.
Il dénonce le fait que, pour certains, un simple Jumpman ou un swoosh sur une paire de basket, rendrait leur performance meilleure. Dans le clip, on voit le jeune Macklemore, euphorique après avoir reçu ses nouvelles Jordan et « I swear i got so high » est bien la preuve que pour certains, les Jordan augmentent la performance au basket, serait la clé de la réussite.
Puis, on voit le jeune Macklemore grimper dans l’échelle sociale grâce à ses nouvelles sneakers, tandis que ses amis se contentent de fausses Adidas, à 4 bandes, par manque de moyen : « My friends couldn’t afford ’em, Four stripes on their Adidas ». Il mentionne également le frère d’un de ses amis, assassinés pour ses Jordans 4 « And then my friend Carlos’ brother got murdered for his fours, whoa »
Enfin, Macklemore va encore plus loin quand il dit « We are what we wear » (nous sommes ce que nous portons), comme pour insister sur le fait que les sneakers sont notre identité sociale, une raison pour être admiré, notre manière de nous démarquer.
L’idée dénoncée derrière Wings est donc simple : notre valeur est directement liée à la valeur de nos sneakers. Ce qui a commencé comme une véritable ode aux sneakers est finalement juste un rappel que les Nike sont juste une paire de basket.
Mike WiLL Made-It – 23 ft. Miley Cyrus, Wiz Khalifa, Juicy J
En 2013, Mike-Will-Made-It sort 23, accompagné de Miley Cyrus, Wiz Khalifa et Juicy J. Le clip, réalisé dans un lycée à l’ambiance High School Musical (un peu plus dévergondée), montre les artistes rockant de nombreux modèles de Jordan. Des Jordan 5 au Jordan 1 en passant par les Jordan 11, tous les modèles de la marque au Jumpman sont représentés. Parce que si 23 parle beaucoup de substances illicites, il a pour sujet principal, les sneakers.
D’abord, le titre, qui est bien sûr une référence au numéro de maillot de Michael Jordan. Ensuite les paroles, qui multiplient les références à la marque de chaussures du basketteur. Le refrain, entêtant, en est la preuve : « J’s on my feet », répètent les rappeurs. Miley Cyrus fait même référence au célèbre magasin Fight Club, véritable havre pour les amateurs de sneakers !
Quant à Juicy J, il est fier d’avoir une trentaine de Jordan, exclusives et uniques : « I got thirty pairs of J’s that ain’t never been released ».
Drake & Future – Jumpman
Avec un nom pareil, le morceau de Drake et Future sorti en 2015 ne peut parler d’autre chose que de Micheal Jordan et de sneakers. En effet, le titre de cette collaboration entre le rappeur canadien et Future est une référence même au monde de la basket puisque le logo de Jordan n’est d’autre qu’un Jumpman.
Drake rappelle aussi, avec panache, que malgré le fait qu’habituellement, Jordan ne collaborait qu’avec des sportifs, il a eu droit à sa propre collection « Jumpman, Jumpman, they gave me my own collection, woo ».
Kanye West – Facts
Si quelqu’un devait sortir un morceau sur les sneakers, c’est bien Kanye West. Sorti en 2016 dans l’album The Life of Pablo, Facts est un morceau à la gloire des Yeezy, et à Kanye West, par Kanye West ! Avec un flow semblable au Jumpman de Drake, Facts est considéré par certains comme une réponse au BOP du rappeur canadien.
Et comme à son habitude, Kanye West s’auto-congratule quant à la création de ses Yeezy (« Yeezy, Yeezy, Yeezy, this is pure luxury ») et reviens sur son parcours et sur le chemin qu’il a parcouru. Provocant, il annonce que ses Yeezy sont désormais LA paire des cool kids (« Now we hottest in the streets, it ain’t no discussion ») et que grâce à lui, Adidas a pris la place de Nike sur le marché du resell.
Et que serait Kanye West sans son insolence, presque légendaire ? Dans Facts, le rappeur dénonce la manière dont Nike, le principal concurrent d’Adidas traite ses employés « Nike, Nike treat employees just like slaves ». Il va même jusqu’a dire qu’à affirmer que sans Drake et Don C, Nike n’aurait rien : « If Nike ain’t have Drizzy, man, they would have nothin’, woo! If Nike ain’t have Don C, man, they would have nothin’, ooh! » En effet, Drake possède des Jordan par centaines tandis que Don C, ami de longue date de Kanye West, est un collaborateur fréquent de Nike depuis des années.
Frank Ocean – Nikes
À l’instar de Macklemore et de Wings, « Nikes » de Frank Ocean est une critique onirique du matérialisme des hommes, obsédés par l’argent et par la volonté d’être validés par leurs pairs.
Par exemple, en chantant langoureusement « These bitches want Nikes, they looking for a check », Frank Ocean utilise le swoosh Nike comme une métaphore de l’argent. En effet, cette phrase a un triple sens. « Check » comme le swoosh, comme un chèque d’argent ou comme dans la validation de nos proches, validation qu’on aurait après avoir porté des Nike.
Ainsi, dans « Nike », la marque au swoosh serait juste une excuse pour être bien vus par nos proches, elle définirait ce que nous sommes, la place à laquelle nous avons droit dans la société.
1 commenter
[…] Musique […]