« Rien ne se perd, tout se transforme ». C’est sans aucun doute le dicton qu’on attribuerait à Marine Serre, jeune designer de 28 ans et pionnière de l’upcycling. À sa charge, une marque de prêt à porter, un prix LVMH gagné, une collaboration avec Nike et des créations portées par les plus grands de la fashion sphère. Trente Trois Degrés vous brosse son portrait.
Mais avant tout, l’upcycling, puisque c’est le mot d’ordre de Marine Serre, qu’est-ce que c’est ?
L’upcycling ou surcyclage en français, c’est un moyen de lutter contre la fast fashion, encore un mot compliqué mais que vous allez vite comprendre. Le but est de redonner vie à des objets et des matériaux destinés à être jetés pour les réintroduire dans la chaîne de consommation, après leur avoir redonné une valeur différente.
En gros, on repimp le jean Zara, produit de la fast fashion, un phénomène de renouvellement très rapide des collections qui entraine une production massive de vêtements, qu’on a jeté pour en faire une pièce de prêt à porter 100% fashion.
Avant de se lancer dans l’upcycling, Marine Serre passe par le lycée professionnel de La Calade à Marseille puis par la très réputée école de La Cambre, à Bruxelles.
La jeune femme se découvre une passion pour la mode et enchaine les stages chez les plus grands de l’industrie : Alexander Mc Queen, Maison Margiela, Balenciaga… Entre ses stages et ses créations qui suscitent l’intérêt de tous, Marine Serre retient l’attention du monde de la mode.
Elle lance alors son label et ses premières collections qui deviennent rapidement culte.
Sa consécration ? Son prix LVMH qu’elle gagne en 2017 alors qu’elle n’a qu’une seule collection à son actif. Son approche ? Un mélange hybride entre sportwear et haute couture, des pièces futuristiques qui nécessitent de la technique et qui rendent hommage au volume : le futurwear.
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Son logo fétiche ? Des lunes qui parent ses créations rappelant le drapeau turc ou l’ancien drapeau soviétique. Du médaillon aux combinaisons en passant par les chaussures elles sont partout et ne sont pas anodines ! Elles font en effet allusion à la migration dans une Europe en pleine transformation.
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Motif qu’on retrouve d’ailleurs en véritable leitmotiv dans toutes ses collections et en particulier sur sa collaboration avec Nike à l’occasion de la Coupe du Monde féminine de football.
La jeune designer a imaginé un maillot vert fluo à porter au-dessus de sa pièce signature : un body constellé de lunes et de l’emblématique swoosh.
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Mais ce qu’on retient surtout de Marine Serre, c’est sa vision éco futuriste qui touche la fashion sphère. La jeune femme divise sa mode en quatre catégories : White pour le prêt-à-porter, Red pour la couture, Gold qui est un entre-deux et Green qui rend hommage à l’upcycling. Pour sa ligne Green, les pièces sont découpées, teintées, déstructurées. On leur offre une nouvelle vie : des nappes de pique niques deviennent des ponchos et des rideaux sont transformés en robe. De pièces uniques qui ne laissent personne indifférent.
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Mais ce qui est surtout unique, ce sont ces défilés impressionnants et déroutants. Prenez par exemple son défilé pour la Paris Fashion Week Automne Hiver 2019-2020 : Radiation. Entre fumigènes et tuyaux servant de banc pour les invités du show, c’est dans une ambiance apocalyptique que des mannequins encagoulées ou protégées par des masques déambulaient. Ses fameuses combinaisons étaient comme une seconde peau pour des mannequins qui représentaient les « survivants de l’Apocalypse ». Evidemment, tout est fait d’upcycling ! Coquillages en guise de boucle d’oreille et pièces qui ornent les manteaux, Marine Serre ne se contente pas de redonner vie à des objets : elle leur offre du sens.
Avec ses collections recyclées et uniques, Marine Serre n’est pas seulement un espoir pour la mode; elle apporte un vent d’air frais à une planète à qui la fast fashion ne fait pas le plus grand bien !