On a connu un SCH avec un look ressemblant à celui des gothiques, un SCH tout droit sorti de Gomorra à l’allure de mafieux mais aujourd’hui il aime arborer des tenues de dandy élégant. Qui est donc ce rappeur qui a su afficher de multiples facettes durant sa carrière ? Comment a-t-il su se différencier des autres rappeurs à une époque où la facilité de faire de la musique commerciale est un vice qui a touché plus d’un artiste ? Trente Trois Degrés vous brosse son portrait :
Né d’un père originaire de Berlin, Julien Schwarzer, connu sous le nom d’SCH, est un rappeur originaire d’Aubagne, ville à quelques kilomètres de Marseille. Il s’est lancé tôt dans le rap : à 15 ans et sur Skyblog, plateforme sur laquelle il postait ses premiers sons. Sur Skyblog, il utilisait le pseudonyme Schneider dont les premières lettres ont été retenues pour former son nom de scène actuel. Ses principales influences ont été bien évidemment de grands artistes tels qu’Eminem et 50 cent mais aussi des chanteurs comme Joe Dassin, que son père aimait lui faire écouter.
En 2014, il continue de publier ses freestyles, sur Facebook cette fois et il fait le buzz avec Que le doigt, un freestyle produit par Braabus Music où l’on aperçoit Lacrim. La même année, il sort le clip de La mallette et commence à se faire connaître du grand public. Mais ce qui a boosté la carrière du jeune rappeur, c’est surtout sa présence sur la mixtape de Lacrim, RIPRO Vol.1 en 2015, artiste avec lequel on pourrait le comparer dans la mesure ou les deux rappeurs parlent des mêmes thèmes, partagent le même teint de voix grave… Après ça il signe chez Def-Jam en septembre 2015.
Le S sait se différencier. À la fin de l’année 2015, SCH sort A7, sa première mixtape qui nous permet d’appréhender un peu mieux ce rappeur à l’allure si particulière. En écoutant mieux sa mixtape, on perçoit un style atypique qui valse entre poésie et paroles crues et ténébreuses. On apprend à connaître un artiste qui pose les bases de son univers : un rap gangsta autotuné au flow saccadé qui marque les esprits. On retient d’ailleurs des sons comme Champs Elysées, Solides mais surtout Gomorra dont le clip a été tourné au coeur de la Scampia, quartier de la banlieue napolitaine où la mafia est très présente et où Gomorra, la série, a été tournée. L’image d’un rappeur à l’allure d’un mafieux colle alors à la peau d’SCH mais l’artiste a très vite su se défaire de cette idée reçue avec des titres au rythme plus lent tel que Fusil. Pourtant A7 est un vrai succès puisqu’on compte 68 000 exemplaires vendus à sa sortie et que l’artiste reçoit un disque d’or pour son travail !
Presque un an plus tard, en mai 2016, SCH sort son premier album Anarchie. C’est un véritable tabac chez les fans du rappeur puisqu’il atteint les 25 000 ventes au bout d’une semaine. Pas étonnant que l’album soit certifié disque d’or en moins d’un mois ! On y retrouve un SCH sombre qui aborde les mêmes thèmes que dans A7, à savoir la richesse, la mort… Mais on le voit s’adoucir avec des titres comme Allo Maman.
Fin 2016, le S publie le titre 6.45i, un titre présent sur son prochain album : Deo Favente, album qui voit le jour en mai 2017. Aujourd’hui, Deo Favente est certifié disque de platine. Il semblerait que le public français aime cet artiste aux multiples facettes qui oscille entre rappeur torturé et dandy. On retrouve dans des morceaux comme 6.45i ou Poupée Russe le lyrisme noir d’SCH, aux notes sombres.
Début 2018, SCH quitte Def-Jam pour Rec.118 et il créé son propre label dans la foulée : Maison Baron Rouge, sous lequel il sort en octobre de la même année son troisième album JVLIVS, certifié disque d’or en moins d’un mois grâce aux 49 500 ventes. Cet album est introduit par un court métrage, Absolu Tome 1, dans lequel le S a affaire à la mafia italienne, preuve qu’SCH ne tient pas à abandonner le style mafieux. En écoutant JVLIVS, on s’introduit dans la vie du rappeur, avec ses introspections, ses histoires familiales, sa part de banditisme… On découvre néanmoins un SCH à l’image plus adoucie, qui rap sur des intrus posées comme dans le titre Le Code.
On retrouve ce SCH plus doux dans Haut Standing, un single suivi d’un clip estival dans lequel l’artiste montre son côté bling bling en louant le Palais Bulles de Pierre Cardin. Cette fois, le S ne parle pas d’armes ou de haine mais de Versace, d’Audi et de belles femmes tout en étant habillé de chemises colorées et paré des plus grosses chaînes.
Est-ce la fin du SCH à l’allure mafieuse et à ses textes torturés qu’on aimait tant écouter ? Une chose est sûre, c’est que le S a réussi à mêler lyrisme et violence et a parfaitement su bouleverser les codes du rap français.