« Au départ c’était pour rire, maintenant c’est réel ». Voilà une phrase qui résume bien le succès grandissant de Témalapaire. Un succès qui lui profite et qu’il utilise à bon escient pour diversifier son activité et se lancer dans la musique avec son premier titre « Wish ».
On vous parlait de lui dans notre Top 10 des comptes Instagram à suivre. Temalapaire, le premier influenceur virtuel français, a répondu à notre interview à l’occasion de la sortie de « Wish ». Au rendez-vous, de l’humour, beaucoup d’humour, de l’amour mais aussi une prise de conscience sérieuse quant à notre rapport à la consommation, ainsi qu’une ambition naissante de porte parole anonyme de la street-culture française. En somme, que du bon !
Si tu devais présenter Téma (TemaLaPaire) rapidement à celles et ceux qui ne te connaissent pas, tu leur dirais quoi ?
Je dirais que c’est un compte satirique et le premier influenceur virtuel français (rire). Le compte a été lancé il y a un an et porte sur l’industrie de la sneaker et sur la streetculture au sens large. On y parle aussi de musique et de mode.
Quand tu dis « influenceur virtuel », tu parles du personnage 3D que l’on retrouve dans tes posts ?
Ouais c’est moi. Je dis que je suis le premier car je suis aussi le seul. Je n’ai pas vu d’autres comptes français comme le mien. Je ne connais pas non plus d’influenceur français qui a la même communauté que moi et qui aborde certaines thématiques comme je le fais.
L’anonymat et le personnage 3D comptent tant que ça ?
Sans mon anonymat, le délire derrière ce compte et mon anonymat perdraient tout son sens si on pouvait s’identifier à moi, je ne pourrais pas exister si les gens me connaissent. Ce que tu vois sur le compte, c’est moi et c’est l’identité de TemaLaPaire.
Et puis je veux rester anonyme. L’anonymat c’est un libre-arbitre je trouve. Avec Téma on peut avoir une objectivité que d’autres comptes ne peuvent pas avoir car on les connaît, on sait qui ils sont. Si quelqu’un dans la streetculture prend la parole, même s’il parle sans porter d’étiquette, on lui en collera une. Il sera forcément rattaché à un parti pris même s’il dit ne pas en avoir.
« S’il y a un message que je peux donner aux gens, c’est celui de croire en votre passion. Ne lâchez rien ! »
Mais du coup derrière cet anonymat tu représentes qui ? Tu ne représente que ta pensée ou vous êtes plusieurs ?
Disons qu’aujourd’hui Témalapaire est une grande famille. Ce que je fais aujourd’hui je n’aurais pas pu le faire tout seul. Que ce soit pour les montages, le merch, le single ou les autres projets, on est plusieurs au final et je leur en suis très reconnaissant.
Mais au fond, Téma c’est une personne qui s’exprime et qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Je n’ai rien inventé. Que ce soit le sneaker profiling ou les memes, je ne rajoute que ma plume. Et beaucoup de monde se reconnaît dans ce que je dis ou reconnaît une part de l’industrie dans mes montages. Ils aiment, ils partagent et le compte marche. S’il y a un message que je peux donner aux gens, c’est celui de croire en votre passion. Ne lâchez rien, croyez-y !
Donc le compte part d’une blague, grossit au fil des jours et devient ce qu’il est aujourd’hui. On peut dire que tu t’es professionnalisé avec Témalapaire ?
À la base Téma est parti d’une blague. Une blague qui marche et qui plaît toujours aujourd’hui.
Avec le temps, j’ai dû me professionnaliser mais je dirai que je fais comme Jul fait sa musique. Je prends du plaisir à faire ce que je fais, mais j’ai plus d’abonnés, plus de soutien et plus de partenaires. Les enjeux sont donc différents un peu. Je ne peux pas toujours faire la même chose qu’au début. Les projets que je fais aujourd’hui me demandent plus de réflexion et plus de taff. Mais je me dis toujours que ça doit rester comme Jul qui écrit ses textes dans sa Twingo, Témalapaire il fait ses montages en balle sur son T-Max, et ça changera pas.
Le Covid a dramatiquement freiné l’activité événementielle en France. Lorsque tout cela sera fini, doit-on s’attendre à te rencontrer aux évents comme le Sneaker’s’Event et autres ?
Ça c’est sûr ! D’une manière ou d’une autre, ça va se faire. J’ai besoin d’avoir cette connexion avec ma communauté qui m’envoie beaucoup d’amour et de force. Je ne pourrais pas exister sans eux. J’ai envie de les rencontrer, de pousser le truc à fond, aller encore plus loin dans la blague, cette fois-ci avec eux. J’attends ça avec impatience. On fera des show cases, des meet-up, j’ai pleins d’idées !
Sneaker et musique font-elles un bon mélange ?
C’est une bonne question… les deux domaines sont liés c’est sûr. On voit beaucoup de rappeur parler de paire, et on voit beaucoup de collaborations sneaker avec des rappeurs. Maintenant est-ce que c’est un bon mélange ? Pas toujours. J’ai de bons retours sur « Wish » qui parle de sneaker. Je me dis que quand on aborde correctement le sujet, le résultat peut être bon.
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Si Téma est un troll, est-ce que « Wish » est aussi un troll ?
Disons que j’ai la même approche que des gars comme Mister V ou d’autres.. La musique n’est pas mon métier ni mon domaine. Mais ils ont fait disque d’or. Ça veut dire que même s’ils sont habitués à leur milieu, le changement leur a réussi. En vrai, Wish est une blague, mais j’ai voulu la faire de la meilleure manière possible pour tout le monde puisse l’écouter et aimer. Pour réaliser le son j’ai taffé avec mon gars Woosbad qui m’a beaucoup aidé d’ailleurs s/o à lui, et on a fait ça carré ensemble. J’essaye de m’entourer de bonnes personnes pour faire de la qualité.
Pourquoi avoir appelé ton premier titre « Wish » ? C’est un clin d’oeil à la plateforme ?
Carrément. Le délire c’est que depuis l’ouverture du compte on m’envoie énormément de photos de paires fake. Que je le veuille ou non, je vois des contre-façons tous les jours. Quand je dis dans le refrain « Tah la Nike je pense qu’à des fakes » je fais allusion à ça. Surtout depuis la sortie de la Nike Air Jordan 1 x Dior. Je me suis dit que le premier son que je sortirai s’appellerait « Wish » parce que j’en ai marre de voir des fakes (rires).
Toutefois, je ne cherche pas à blâmer les gens qui achètent du fake, surtout si c’est par besoin ou ignorance. Avec ce titre, je tourne en dérision toutes celles et ceux qui achètent du fake pour flex. Par exemple, un petit qui va acheter une paire de Air Jordan 1 x Dior flex comme never alors qu’elle est fake, lui je vais le troller.
En dehors de Témalapaire, qu’est ce qui t’inspire ?
Le compte me prend déjà beaucoup de temps. Ma communauté est bon délire et j’aime interagir avec elle. Beaucoup de monde me parle sur ce compte et je m’efforce de répondre à un maximum de personnes. Si je calcule pas le compte pendant une journée, j’aurais au moins 100 messages qui m’attendront le soir. Sinon, dès que j’ai une idée ou un projet, j’essaye de l’associer à Témalapaire. Jusqu’à présent ça a toujours marché, j’espère que ça va continuer ainsi.
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Le compte t’a ouvert des portes ?
À fond ! Les réseaux ça enfonce des portes ! Mais je me prends toujours des L comme tout le monde. Sinon, je reçois beaucoup beaucoup d’amour et ça me fait très plaisir. Chaque jour je reçois des messages d’encouragement. Adidas, Starcow et WeTheNew c’est la famille, ils me donnent de la force. Ce sont trois partenaires avec qui j’aime taffer… D’ailleurs j’ai un code promo chez WTN, ABATLAHESS15. Ils vont jusqu’au bout des choses avec moi, c’est lourd.
Mais ce qui compte encore plus pour moi, c’est de pouvoir exprimer ma créativité. Grâce à mes followers j’ai des graphistes qui viennent me voir pour des projets et c’est parfait parce que je dessine comme un maternelle… J’ai pleins d’idées auxquelles je donne vie avec leur aide. Je n’aurais pas pu travailler avec eux si je n’avais que 100 followers par exemple. C’est ça que j’aime le plus par-dessus tout.
Qu’est-ce qu’il manque au sneaker game aujourd’hui et/ou qu’est-ce qu’il y a en trop ?
Pour moi ce qui manque le plus au game aujourd’hui c’est de l’humilité. Et de l’humilité à tous les niveaux. Il y a des acteurs de cette culture qui se comportent comme s’ils géraient le sommet du G7. C’est peut-être inhérent au milieu de la mode où beaucoup de gens ont des égos surdimensionnés. Le game manque aussi de responsabilité. On se lave tous les mains des problèmes qui existent dans cette industrie (frustration, surconsommation…).
Je pense que les marques sont les premières à ne pas assumer leur rôle et à se laver les mains. Que ce soit en terme d’éducation, ou d’ouverture d’esprit quant à notre rapport à la consommation. Aujourd’hui elles balancent une paire ultra limitée, en disant fuck à leurs clients, en les laissant se battre et se débrouiller pour l’avoir. Puis elles crachent sur les reselleurs. Or, ce sont elles qui sont à la base de la street-culture. Tout ne tourne presque qu’autour d’elles. Elles créent les paires, elles alimentent tout un marketing et une stratégie qui va avec, puis disparaissent. Elles poussent à la consommation et au consumérisme, des gens sont tentés, des jeunes surtout, et elles en jouent.
C’est sans doute pour ça que Témalapaire a eu un tel succès. J’arrive d’un coup et je me moque un peu de tout ça, j’aborde les sujets sensibles et je ne m’en cache pas. Ça a sans doute fait du bien à beaucoup de monde.
T’en penses quoi des médias street-culture ?
Ils apportent un truc dont le marché a besoin. Maintenant, ce qui est compliqué pour vous les médias, c’est votre business modèle. C’est compliqué d’évoluer dans cette industrie en disant des vérités. C’est un peu comme la presse écrite. Vous dépendez partiellement des marques et de leur sponsorisation. Elles sont vos clients quelque part. Il faut que vous puissiez vivre de votre activité. Avec Téma je peux parler des polémiques, être objectif et impartial car j’en ai la liberté. Et si demain il y a une polémique sur Adidas, moi je vais en parler. Mais vous, tant que vous serez dépendants des marques, vous ne pourrez pas parler de tout.
À côté, j’ai un avis très positif sur votre travail. Votre arrivée fait du bien dans le paysage français. Je pense que vous allez continuer de vous améliorer. Vous ne sautez pas sur tous les sujets comme certains médias street-culture US. On sent que vous êtes sérieux dans votre démarche. Peu à peu, vous évoquez les sujets de fond.
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