L’exposition « Renault 12 », orchestrée par l’artiste invité, Mohamed El Khatib, invite au voyage lors d’une époque où la Méditerranée était traversée par des milliers de familles maghrébines, chargées de souvenirs et d’espoir.
Dans les années 70 à 90, bien avant l’ère du GPS, ces familles s’embarquaient dans des voitures chargées jusqu’à la gueule. Il s’agissait bien souvent des Renault 12 et des Peugeot 504, direction un périple à travers la France et l’Espagne. Leurs destins étaient scellés aux ferrys qui les emporteraient vers le Maghreb, vers leurs origines et leurs êtres chers.
Plongée dans l’intimité de ces récits de migration, l’exposition nous épargne une vision réductrice. Chaque objet, chaque photographie exhale les émotions et les souvenirs de ces voyages marquants.
Pour commémorer ce retour vers la nostalgie, l’exposition se dote d’une démarche de collecte-enquête mêlant l’industriel au culturel. Les Renault 12 et les Peugeot 504 sont disséquées, dévoilant leur âme mécanique et leur rôle crucial dans l’histoire des migrations.
Les routes de l’histoire tracées par la Renault 12
L’émotion culmine avec la lecture d’une lettre poignante, écrite en français et en arabe, par M. El Khatib à l’adresse de son père. Intitulée « Le Château de ma mère, la voiture de mon père« , cette lettre exprime le désir profond d’une génération, désormais vieillissante, d’observer son héritage préservé dans un musée comme un précieux patrimoine industriel.
« Je ne sais pas si on va t’enterrer avec ta Renault 12, mais maintenant que tu es dans un musée, tu es là pour l’éternité », conclut-il, marquant ainsi la pérennité de ces souvenirs et de ces récits pour les générations futures.
L’ingéniosité de l’artiste réside dans sa capacité à transcender l’ordinaire. Les voitures devenues vieillissantes sont reconfigurées en toiles contemporaines, en témoignages vivants de l’histoire. La casse automobile, symbole d’agonie pour certains, devient l’écrin d’une expression artistique populaire, rappelant l’importance de ces véhicules dans le tissu culturel de la société maghrébine en France.
Ici, la Renault 12 s’impose comme un vaisseau porteur d’histoires, un témoin muet de rêves et de défis. Chaque pièce démontée, chaque élément exposé, raconte une partie du grand récit des migrations. Une histoire à travers les âges traversée par des identités plurielles.