C’est l’une des affaires qui fait parler le plus dans la street culture depuis quelques jours : Nike a poursuivi le designer Warren Lotas, pour plagiat sur ses Nike SB Dunk. Trente Trois Degrés revient sur cette affaire pour vous.
Qui est Warren Lotas ?
Lotas est un jeune créateur de streetwear basé à Los Angeles qui a créé sa marque éponyme en 2015, pendant sa première année d’université, alors qu’il n’avait que dix-huit ans. Il se démarque alors par un style très underground, mêlant une grande inspiration puisée dans la culture punk. Inspiration qui se reflète sur des pièces généralement basiques, grâce à ses différents imprimés graphiques, patchs et peintures, pour un résultat inter-générationnel, mais restant en totale phase avec les tendances d’aujourd’hui. On retrouve dans ses looks des motifs très détaillés, souvent composés de flammes et autres têtes de mort, donnant des pièces amples, finalement très colorées et originales. Ce designer prometteur a déjà vu ses créations être faire portées par des stars mondiales comme Kendrick Lamar, Post Malone ou encore Travis Scott. Mais c’est plus récemment avec ses customs Nike que Warren Lotas arrivera à faire parler de lui dans le monde entier.
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Sa reprise et la poursuite de Nike
L’histoire commence fin juillet 2020, lorsque Warren Lotas poste sur son compte Instagram, la photo d’une sneaker. Cette silhouette, on la connait tous : il s’agit de la très populaire Nike Dunk Low. À une différence près ! En effet, elle rend hommage aux quarante années du classique slasher Vendredi 13, et propose un motif du mythique masque de hockey, porté par le personnage Jason Voorhees dans le film, au bout du swoosh. Ce coloris « TOXIC GREEN » propose une base en cuir blanc, accompagnée de suède vert. Le swoosh quant à lui, est crème avec les petits détails du fameux masque, à savoir les trous et couleurs. Cette paire est donc très inspirée de la bien connue Nike Dunk Low Heineken datant de 2003 qu’on vous présente ci dessous.
L’engouement autour de ce phénomène est total mais les avis, eux, divisés. Quelques jours plus tard, il postera un tout nouveau colorway, du même modèle, celui-ci reprenant les couleurs de la collaboration « Cherry » de Nike avec la marque californienne Stüssy sortie en 2005.
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La plus grande controverse concerne cette fois-ci la troisième paire. En effet, Warren Lotas a collaboré avec un autre designer, qui n’est autre que l’américain Jeff Staple, pour une reprise de la classique Dunk « Pigeon » de 2005.
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Lotas a voulu défendre son projet jusqu’au bout, en proposant des classiques revisités et composés de matériaux italiens : « THIS IS A WARREN LOTAS SHOE, IT IS PRODUCED FROM SCRATCH BY ME. PLEASE KNOW THAT. NO ALIBABA BULLSHIT. ITALIAN MATERIALS. » (« C’EST UNE CHAUSSURE WARREN LOTAS, ELLE EST FABRIQUÉE DE TOUTES PIÈCES PAR MOI. SACHEZ-LE. PAS DE CONNERIES D’ALIBABA. MATÉRIAUX ITALIENS. » en français).
Les sorties de ces différentes paires ont été très limitées dans la quantité et dans le temps. Elles furent proposées au prix de 300$ en pré-commande seulement.
Pour information, Warren Lotas n’en est pas à sa première reprise du logo de Nike. En effet, il a déjà sorti des Air Force One custom avec un swoosh tête de mort en 2017, dans le cadre de sa collection « BILL », puis disposé ce même logo sur un t-shirt à l’effigie de Neymar pour la coupe du monde de football 2018.
Toute cette histoire n’a évidemment pas plu à la principale marque concernée. Peu après la sortie de la dernière paire, la marque au swoosh s’est empressée de porter plainte contre l’artiste designer. Selon les rapports, dans un dépôt adressé au Los Angeles District Court, Nike prétend que les sneakers sorties par Warren Lotas sont « confusément similaires » à leur propre produit, à l’origine designé par Peter Moore en 1985, et donc qu’il « promeut et vend des Dunk déjà très convoitées ». Nike fait donc référence à la virgule sur la languette, la silhouette et le swoosh qui fait bien évidemment penser à une vraie Dunk. La marque entend donc bien garder son droit de propriété intellectuel et réclame le triple des dommages subis, les bénéfices tirés des ventes de Lotas, et le remboursement des frais de justice et d’avocat !
Suite à ce premier dépôt de plainte, Nike a déposé une injonction par l’intermédiaire du U.S. District Court for the Central District of California, afin de s’assurer qu’aucune des précommandes ne soit exécutée. Et cela après que le designer californien ait rassuré ses clients et confirmé que les acheteurs recevraient toujours leurs paires.
Verdict
Finalement, ce dernier a décidé, pour ceux ayant précommandé les fausses Nike, de leur envoyer un tout autre modèle. Celui-ci garde une semelle similaire à la Dunk, mais l’empeigne est totalement revisitée, sans aucune trace de swoosh. Dans ses posts Instagram présentant la nouvelle « WL Reaper », Warren Lotas dénonce les actes de Nike à l’encontre des petits commerces essayant de laisser libre cours à leur imagination et leur liberté créative. Il appelle ces derniers à ne pas se laisser faire dans le futur. Une affaire qui aura fait beaucoup parler et couler d’encre, même au-delà de la culture street…
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