La carrière individuelle de Caballero se dessine encore un peu plus avec son nouvel EP intitulé « Osito ». Celui qui a construit sa notoriété aux côtés de JeanJass assume encore un peu plus sa place de MC dans le rap jeu 2022. Ambition.
Un homme sait souvent où il veut aller. Le rappeur belge est de ceux là. Depuis deux ans, il adopte un horizon artistique personnel et souhaite s’y tenir. Zoom sur nouveau projet rap “Osito” de Caballero.
Rap et intensité
On connaît l’appétence de Caballero, étudiant du rap, pour les envolées lyriques appuyées. L’année dernière il avait ainsi décidé de sortir avec JeanJass un double album individuel, nommé “Oso” et long de 37 titres. Compact, Caballero y évoquait énormément de sujets. Riche, cet album l’était de par les prods et flows présentés. Il l’était également au travers de l’aura personnelle que le rappeur belge s’y plaisait à développer. Entre introspection et réflexion, « Oso » est polyvalent. De la pensée matérialiste capitaliste, à l’amour, en passant par la symbolique de l’échec, le belge lâche les rennes de l’introspection. Avec un bilan positif à la clé pour un album bien reçu par le public et une tournée de 25 dates.
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L’EP « Osito » est quant à lui également une proposition assumée et personnelle. Caballero est un rappeur qui rime et son nouveau projet accroche l’oreille. Fini les lines chantées, le MC belge est offensif. La première punchline donne le ton : « Pass sanitaire, je me sens déjà dans une de vos prisons ». Manière équivoque de rentrer dans cet EP ambitieux.
“Ton texte n’est pas folichon, passe le nous, nous te le corrigeons.” – PARTIE I : BOULIMIQUE
Le belge a des messages à faire passer. À l’écoute des 7 morceaux, l’envie du rappeur de fuir la coquille vide que représente un quotidien normé semble évidente. Avec une aspiration à la méditation Caballero, parle de lui avant tout pour brûler le micro. Oui parce que celui qui a souvent été catégorisé comme un rappeur « 2nd degré » est revanchard.
À contre-courant des tendances actuelles ou certains réflexes textuels se perdent, le MC belge revient sur le devant de la scène avec des textes taillés pour la rime. La musique parle…. sans toutefois oublier l’image.
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Une identité visuelle soignée
La prod commence lentement à s’ébruiter dans nos oreilles, quand apparaît à l’image un tableau. Cette peinture, c’est celle de Van Gogh. Elle se nomme “les Tournesols” et viendra rythmer l’ensemble de la narration du clip de 8′ proposé par Caballero.
Mais alors quelle est la signification de ces tournesols, ces « soleils des jardins » aux pétales jaunes colza ? On dit souvent des ‘Tournesols’ qu’ils sont la personnification végétale de l’Homme. Van Gogh aurait en effet composé un bouquet traversant tous les stades de l’évolution : épanouies, fanées, en graines… Une subtile métaphore du temps qui passe, allant de la vie à la mort. Toutefois Caballero, loin de vouloir tuer son ambivalence veut probablement apporter à l’auditeur un sens moins manichéen.
La fleur jaune qu’est le tournesol se maintient en direction du soleil et renvoie bien souvent à l’amitié. Clin d’œil à son ami Jeanjass, sans qui sa carrière de rappeur n’aurait pas été la même. Une manière d’entrevoir une porte direction un nouveau cycle.
Une nouvelle ère qui commence sous les meilleures auspices, tant l’imagerie de l’EP est soignée. La narration met en avant un justicier ambivalent proche de l’illégalité. Le rappeur se met en scène et dessine un personnage revanchard. Sortant de prison, Caballero arrive dans “San Bruselas” et semble prêt à se nourrir des pires méfaits. Une sortie de garage plus tard nous voici en mode Tarantino plongé dans la track « Time Crisis« . L’ambiance sombre du morceau est immédiatement contrebalancée par le retour du MC dans son Espagne natale sur « Énergumène » . Puis, nouvelle ambiance, cette fois-ci en noir et blanc dans « Phalanges bleutées ». Moins doux, le viandard Caballero a faim et sort les crocs.
“Il pleut des gauches, des droites. J’en ai les phalanges bleutées […] J’ai qu’une chose à dire le plus fou c’est moi.” – TOME IV : PHALANGES BLEUTEES
Vous l’aurez compris, cet EP se compose tel un jeu permanent de contre-pied. Caballero y figure tel un personnage partagé, entre deux ponts dans sa déjà riche carrière musicale.
Pour finir cette très réussi création audiovisuelle, l’horizon s’adoucit subitement et Caballero prend des allures d’avatar, entrant en connexion avec la nature (« Tournesols« ). Trois oisillons sur ses épaules, l’Ours Caba dévoile alors au public une imagerie touchante pleine de symbole. Loin des artifices, différent, Caballero propose un autre horizon. Celui des grands espaces, celui de la liberté, avec comme symbole le tournesol, toujours orienté vers le soleil. Vers la vie.
“Imagine ce son en concert” annonce le son bonus. Imaginons… c’est quand le prochain concert déjà ? « Osito » de Caballero est à retrouver sur l’ensemble des plateformes d’écoute en ligne.