Le Pitchfork Music Festival s’est tenu au coeur de la Grande Halle de la Villette à Paris, du 31 octobre au 2 novembre. Pour sa neuvième édition, le festival s’est allié à Yard pour organiser la soirée rap de l’année. Trente Trois Degrés était présent.
Présent depuis 2011 à la Villette, il s’agit du rendez-vous automnal à ne pas manquer. Ces dernières années, le hip hop s’y introduisait petit à petit aussi bien à Chicago qu’à Paris, même s’il peut être difficile de réunir de grandes figures hip-hop/rap sous un même lineup. Le Pitchfork relève le défi lors de sa soirée 100% rap, mettant à l’honneur des artistes français et anglais. Pour cette année, le festival dispose de quatre scènes, soit deux de plus que les années précédentes.
C’est Retro X qui ouvre le bal, s’emparant de la modeste scène de la Petite Halle. Ayant vécu à Saint-Denis, Montmagny ou encore Garges, le rappeur est ce qu’on appellerait un vagabond des temps modernes. Figure complexe de la scène francophone, il a su toucher le public du Pitchfork du haut de sa petite estrade. Le jazz s’impose également au milieu de ce lineup (presque) pur rap/hip-hop. Les cinq membres de Ezra Collective font découvrir des notes caribéennes à un public venu turn up. Dans le même thème, Rachel Chinouriri chante dans le Studio du festival, situé au sous-sol. Sa voix légère sur le titre So My Darling transporte le public un court instant avant que ce dernier ne revienne à l’ambiance déchaînée qui règne.

Rachel Chinouriri
Slowthai, plus excité que jamais, met le feu à la scène de la Grande Halle finissant en caleçon devant une horde de fans en folie. L’artiste s’est fait remarquer en 2016 en sortant ses premiers sons sur Youtube. Pour le plus grand plaisir de ses fans, slowthai interprête des titres de son tout premier album, Nothing Great About Britain, sorti cette année. L’artiste juge ensuite bon de se déshabiller dès le troisième titre, arborant un caleçon à son effigie. À notre plus grande surprise, Skepta le rejoint sur scène pour interpréter leur collaboration, Inglorious.
L’ambiance se refroidit toutefois après l’arrivée du producteur français Mura Masa, qui a collaboré avec de grandes figures du rap telles que A$AP Rocky ou Jay Prince. Malheureusement il ne réussit pas à captiver son public avec un show plutôt monotone et répétitif. Une atmosphère bouillante se fait tout de même sentir lorsque slowthai le rejoint.

Mura Masa et slowthai
Le passage de Mura Musa n’aura pas été l’unique déception ce soir-là. Alors que des centaines de personnes attendent impatiemment AJ Tracey, ce dernier a finalement annulé sa venue en raison de « problèmes personnels ». Aucune date de rattrapage n’a été annoncée jusqu’à présent mais il est certain que l’artiste reviendra très prochainement dans la capitale.
À 21h seulement, l’ambiance est totalement euphorique. C’est au tour de Hamza de faire danser la foule. Après s’être fait attendre longuement, le Belge adoubé par la critique depuis 2015, débarque sur scène le plus calmement possible. Lover au mic, c’est comme ça que nous l’attendions. Hamza réussit quand même à faire trembler l’estrade géante du coin VIP, obligeant le personnel de sécurité à faire descendre plusieurs personnes.

Hamza
Ateyaba, anciennement Joke, s’empare de la scène en quelques secondes. S’il avait fait l’objet de vives interrogations quant à sa carrière au vu de son absence ces derniers temps, il montre au public que le Pharaon n’est pas prêt de s’éteindre. Le « fantôme » du rap français profite même de son passage au Pitchfork pour dévoiler plusieurs exclues à ses fans qui attendent désespérément son prochain album. Donnant toute son énergie sur Django, Rock With You ou encore Majeur en l’air, l’artiste confirme qu’il est encore de la partie et ce, pour un moment.

Ateyaba
Sûrement l’un des plus attendus lors de cette première journée du festival, Skepta a retourné la scène de la Grande Halle. Il est considéré comme le boss actuel de la scène anglaise notamment depuis la sortie de son dernier album Ignorance Is Bliss. Laissant un public enragé, il laisse place au jeune rappeur Zola qui clôture la soirée en beauté. Après des morceaux tels que Fuckboi, Astroboy et Ouais Ouais, il est descendu pour saluer ses fans.
Après cette folle soirée, les 1er et 2 novembre mettent à l’honneur des artistes de pop rock et électro; ce pourquoi le Pitchfork est connu à l’origine. Rendez-vous l’année prochaine !
© Dembo Djata