Ce n’est pas un newcomer, et pourtant Drizzy ne semble pas être à court d’idées pour ravir ses fans.
Jeudi 16 juin, dans une chaude nuit d’été, Drake annonçait la sortie inattendue de son nouvel album “Honestly, Nevermind”.
Honestly, Nevermind @Drake pic.twitter.com/zKpPdIL4bT
— OVO Sound (@OVOSound) June 17, 2022
Golden Boy
Cette semaine c’est un autre album qui devait faire vibrer les ondes aux US. Joey Bada$$ avait annoncé son nouvel opus “2000” il y a près d’un mois et les auditeurs semblaient fin prêts à recevoir l’héritage du très réussi “1999”. Finalement, l’album du MC new-yorkais ne sortira pas suite à un problème de samples. Soirée blanche côté Outre-Atlantique ? C’était sans compter sur Drake, qui par simple coïncidence a alors annoncé via les réseaux sociaux la sortie de “Honeslty, Nevermind”. De quoi animer l’ensemble de la twittosphère internationale.
Une attente logique, au vu des capacités du canadien à la gueule d’ange de faire battre cœurs et oreilles des auditeurs. Les amateurs de Rn’B se rappellent notamment du classique “Nothing was the Same” (2013). Après Scary Hours 2 sorti au cours du confinement, Drake était revenu sur le devant de la scène l’année dernière avec CLB (Certified Lover Boy). Cet opus, dont la sortie fut repoussée à de nombreuses reprises, avait reçu un accueil mitigé.
La cover représentant des femmes enceintes avait cristallisé bon nombre de critiques, certains regrettant une imagerie simpliste. La recette musicale était pourtant réussie. La première partie de l’album laissait place à un travail pointu harmonisant parfaitement prod et lyrics. Opus rythmé, comme en témoigne « Papi’s home« , Drake y travaille habilement son choix de samples, mettant en valeur sa vibe si identifiable. Rappelant les belles heures du Rn’B, il mêlait alors parfaitement chant et introspection.
“Windows of opportunity let me go through the doors. This the part where I don’t ever say ‘pardon me’ anymore. This the part where I’ma find a new part of me to explore.”
Champagne Poetry (CLB)
Malgré quelques critiques quant à la direction artistique choisie, le casting XXL niveau featuring (Future, Young Thug, etc) de CLB avait apaisé les esprits. Une énigme demeurait tout de même. Quel sens apporter à la présence de ces 16 femmes enceintes sur la cover du projet ? La réponse est probablement à trouver sur la durée d’espacement entre CLB et “Honestly, Nevermind”, les deux projets ayant 9 mois d’écart, la durée d’une grossesse en somme.
L’emballage est posé. Déballons la surprise.
Hommage et prise de risques
Champagne Papi avait des choses à dire, et des personnes à honorer. Lors de la diffusion du projet sur les plateformes de streaming, le canadien s’est décidé à poster un long message.
« Je ne me souviens pas de la dernière fois où quelqu’un a posé son téléphone, m’a regardé dans les yeux et m’a demandé mon point de vue sur l’actualité. Mais je me souviens de chaque fois que quelqu’un m’a mis une lumière dans les yeux. J’essaie délibérément d’oublier ce qu’il s’est passé entre certains et moi, parce que je sais que je ne suis pas du genre à pardonner, même si j’essaie. Mon désir de vengeance l’emporte sur mon bon côté à chaque fois. […] DEDICATED TO OUR BROTHER V”
Dédicace nominative au défunt créateur Virgil Abloh, son “frère”, Drake décide de livrer cet album en sa mémoire.
“Honestly, Nevermind” se fait donc le témoignage de la marque laissée par V dans la carrière de Drake, et dans la culture. Aussi, pour tout auditeur n’ayant pas encore lancé le projet, vous ne retrouverez pas ici de casting ostentatoire comme à l’accoutumée. Le seul featuring étant accordé au talentueux 21 Savage sur la track “Jimmy Cooks”. Vous ne retrouverez pas non plus de double album cumulant 30 titres comme ce fut le cas sur l’album Scorpion (2018). L’appât du streaming laissé de côté, Drake tend ici plutôt à créer une réelle unité et identité musicale.
Chaque projet de Drake reçoit son lot de critiques. Chacun interprétera ce nouvel opus selon ses sensibilités, mais « Honestly, Nevermind » a le mérite de suivre une direction artistique unique. Sur les 14 tracks, Drake se tient à la tonalité house/broken beat quelque peu déstabilisante à la première écoute. Personne n’enlèvera à Drake son travail léché sur les différents beats proposés, et malgré cette prise de risques, les fans retrouveront les refrains imparables de la voix fondue de Drake.
Cette sortie de sa zone de confort est associée à une bonne dose de lines aux lyrics incisives. Ainsi, sur « Sticky« , la track 6 du projet, Drake évoque Young Thug et demande sa remise en liberté.
« Hey yo Eric, bring them girls to the stage, ’cause/Somebody’s getting paid and/Free Big Slime out the cage. »
Sticky
Message reçu ? Drake souligne en tout cas son attachement au rappeur avec qui il a collaboré sur trois morceaux que sont Way 2 Sexy (CLB), Bubby (Punk) et Solid (Slime Language 2).
Musique d’ascenseur ?
“Massive”. Voilà un titre qui pourrait résumer à lui seul le projet et les critiques qui lui sont adressées. Le titre, d’une durée de 5’36 laisse place au flow chanté du canadien, avant de laisser place à un loop de 2’ sans paroles pour clôturer le morceau. Chacun se fera son jugement, mais le choix artistique est assumé et la temporalité du projet est parfaite. Alors que CLB explorait des tonalités nocturnes, ici Drake livre une oeuvre ensoleillée. Prouvant son élasticité, le natif de Toronto berce notre ouïe de teintes suaves et mielleuses. Certains y verront probablement un rework de “Get it together” ou de “Passionfruit” (More Life, 2017), mais il faut dire que voir Drake s’immiscer sur le créneau House est plutôt original et plaisant.
Plus qu’un simple contre-pied, « Honestly, Nevermind » est une preuve de la richesse musicale de Drake. L’artiste canadien est capable de proposer d’autres teintes musicales que celle qu’on lui connaît depuis son album « Views » (2016). Cette même teinte calibrée qui enfermait Drake dans un circuit fermé « single-stream-repeat ».
Projet riche, “Honestly, Nevermind” de Drake ne plaira pas à tout le monde, comprenant notamment moins de coup d’éclat qu’habituellement. Mais Drizzy y suit un parti pris auquel il se tient. Et une fois encore il prouve au monde le caractère hybride de sa carrière. Unique.
De quoi préparer sereinement l’arrivée de Scary Hours 3…
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