Aujourd’hui, nombreux sont les rappeurs touchés par des problèmes de drogues. Certains finissent par en mourir, comme Juice WRLD il y a une semaine. Alors que sa carrière était en pleine ascension, le jeune rappeur de 21 ans est décédé suite à des convulsions à l’aéroport de Chicago le 8 décembre.
Ce tragique événement a soulevé de nombreuses questions dans le monde du rap, notamment chez plusieurs artistes qui ont exprimé leur inquiétude concernant les différentes substances qui font partie intégrante de leur quotidien. Souvent pour soulager des « maux », comme expliquait l’artiste, de son vrai nom Jarad Anthony Higgins, dans ses sons, ces substances remède ont fini par causer sa perte, bien qu’il était conscient de la dangerosité qu’il présentait. Sa disparition a déclenché une immense tristesse chez ses proches mais aussi ses fans. Attendu à l’aéroport Midway, alors qu’il venait de rentrer de Californie à bord d’un jet privé, il a fait un malaise.
RIP JUICE WRLD 😞🙏🏽🙏🏽 pic.twitter.com/lJqnXyaDqI
— HEAVY🦖👺 (@_YoungBoyHeavy) December 16, 2019
Un agent du FBI lui a donc donné d’urgence de la naloxone, un médicament « antidote » utilisé en cas d’overdose. Ce dernier a aidé le rappeur à reprendre conscience brièvement mais son décès a été annoncé quelques heures plus tard dans un hôpital de la banlieue de Chicago.
Après les différentes fouilles, la police a trouvé trente kilos de marijuana, six bouteilles de sirop pour la toux à base de codéine, ainsi que des armes et des munitions, dans ses bagages et ceux de son entourage. Des vidéos tournées par son équipe à bord du jet ont été retrouvées : on y voit le jeune homme en pleine possession de ses drogues. Pourtant l’été dernier, il avait annoncé sur Twitter qu’il commencerait une cure de désintoxication. « Il voulait arrêter de se droguer. C’est ce qui me déchire. Il est mort alors qu’il était déterminé à tout arrêter. C’était un toxico, mais il n’avait personne autour de lui pour lui dire stop. », a confié sa petite amie Alexia Smith.
Le rap sous médocs
Comme bien d’autres artistes de sa génération, Juice WRLD s’était fait remarquer sur Soundcloud, avant d’attirer le grand public, notamment grâce à son titre Lucid Dreams. Il connaissait un succès fulgurant depuis deux ans, ce qui lui a valu de participer à la tournée de l’artiste Nicki Minaj. Alors que les États-Unis font face à une « épidémie » d’overdoses, de nombreux artistes ont commencé à alerter les jeunes de la dangerosité de la drogue. Plus particulièrement le rappeur Trippie Redd, qui a fait une annonce sur Instagram. « Nous arrêtons. C’est fini. Si ce n’est pas de la weed, nous n’en prendrons pas. Et que je dis « nous », je parle de nous en tant que groupe. Nous en tant qu’entité, en tant qu’artiste de la scène emo. Pas de drogues. Ce n’est pas cool. », a-t-il affirmé. Mais il n’est pas le seul à avoir eu cette prise de conscience : Lil Mosey ou encore Joyner Lucas ont tous deux tenu à s’exprimer quant au fait d’en avoir fini avec ce style de vie. Ils disent avoir pris conscience de donner un mauvais exemple aux jeunes en les incitant à la consommation de drogues, à travers leur musique.
I asked God to help me. Drugs won’t take me I promise & Im done with them. I love y’all, pray for me 💒👼🏼
— lil Mosey (@lilmosey) December 9, 2019
Aujourd’hui de nombreux rappeurs ont disparu à cause de la prise régulière de certaines pilules ou de codéine, plus communément appelée « lean ». La lean est un produit de plus en plus consommé dans le monde du hip hop. Aussi appelée le « purple drank », il s’agit d’un mélange de soda et de sirop pour la toux à base de codéine (un dérivé de l’opium). Le rappeur américain Mac Miller en serait mort, à l’âge de 26 ans. En 2017, la mort du phénomène Lil Peep à seulement 21 ans, avait marqué l’industrie du hip-hop.
Avant eux, plusieurs membres du « Club des 27 » étaient passés par là. Ce triste cercle regroupe les stars qui ont quitté ce monde à l’âge de 27 ans; parmi lesquelles plusieurs avaient des problèmes d’addictions. Aujourd’hui, la mode est à la mort de ceux qui ont une vingtaine d’années, puisque les rappeurs succombent de plus en plus aux cocktails de médicaments délivrés sur ordonnance. Morphine, codéine, oxycodone, fentanyl… Ils sont aussi connus sous leurs noms commerciaux : Xanax, OxyContin, Percocet… Ces antidouleurs, anxiolytiques et antidépresseurs ont été détournés de leur usage premier. Pris en grande quantité, ils ont des effets psychotropes et extrêmement addictifs. Ces addictions amènent souvent à une intoxication grave à cause de certains médicaments dont des opiacés et des benzodizépines, responsables du décès soudain d’A$AP Yams, le pilier du A$AP Mob. À 26 ans, sa mort accidentelle serait due à une overdose de ces deux substances chimiques présentes dans la codéine.
De la pub pour de la drogue ?
En réalité, on a tendance à oublier ce qu’est réellement le rap. Une étude de Cambridge avançait que le rap aide à soigner les maladies mentales. D’après les psychiatres, les rappeurs offrent un modèle d’identification indispensable à ceux qui les écoutent en racontant leur manière de surmonter certains obstacles dans leur vie, et participent même à leur réhabilitation (non pas à l’inverse en les poussant à la consommation). Et il y en a un qui n’est pas tendre avec la nouvelle génération ! DMX dénonce le rap actuel où « ils font tous la promo de la drogue ».
Après sa sortie de prison pour fraude fiscale en janvier dernier, DMX prépare peu à peu son retour sur le devant de la scène. Il pense que le rap actuel est très mal représenté. « Toute personne peut représenter le rap correctement. Pas seulement moi mais toute personne qui s’y connaît, qui a le talent et a capacité de bien faire les choses. C’est notre responsabilité à tous », a-t-il déclaré. L’interprète de X Gon’Give It To Ya va plus loin et estime que la nouvelle génération donne un mauvais exemple aux jeunes en promouvant la drogue dans leurs morceaux : « Ils font tous la promo de la drogue. Si c’est ce que t’aimes faire, c’est ton problème. Mais tu ne peux pas promouvoir ça en disant que c’est cool ou que ça rend cool. Maintenant, t’as des enfants qui traînent en se disant « Oh j’suis « fonsdé » ». Une dénonciation claire, puisque DMX sait de quoi il parle. Son addiction à la cocaïne a longtemps été l’un des points noirs de sa carrière. Une inquiétude qui n’est donc pas sans raison, surtout lorsque l’on sait qu’aujourd’hui, deux millions d’Américains souffrent d’addiction aux opiacés.