À seulement 26 ans, LPEE entame un nouveau tournant dans sa carrière. Navigant avec sobriété au sein d’un large spectre musical, c’est le moment opportun pour revenir sur ses expériences à l’occasion de l’événement DR. MARTENS organisé au Citadium Haussmann dans le cadre de l’initiative « MADE STRONG ».
La longévité de la carrière de Paul, de son nom d’artiste LPEE, reste, malgré son jeune âge, inspirante pour bon nombre d’artistes. Après plus de dix années passées à rapper et expérimenter l’art sous ses nombreuses formes, une nouvelle facette de l’artiste s’offre au public. Consécutivement à sa participation à l’émission Nouvelle École 2 sur Netflix, l’artiste parisien redouble d’inspiration. Moment opportun pour revenir sur ses expériences à l’occasion de l’événement organisé en partenariat avec Dr. Martens et Citadium.
LPEE, pourrais-tu te présenter en quelques mots pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore ?
Je m’appelle LPEE, je suis un rappeur parisien. Je suis né dans le XIXe et j’ai passé toute ma vie dans le XXe arrondissement. J’ai 26 ans et je fais du rap depuis maintenant plus d’une dizaine d’années. J’ai commencé la musique très tôt, mais j’ai pris ça au sérieux qu’à partir de mes 16 ans.
Est-ce que tu peux nous parler de ton aventure récente dans Nouvelle École et de l’impact que celle-ci a eu sur ta carrière ?
Au départ, lors de mon arrivée dans Nouvelle École j’avais un peu d’appréhension. Probablement, car c’est le monde de la télévision et qu’on ne sait jamais trop à quoi s’attendre. En réalité, j’ai trouvé que c’était une expérience enrichissante. J’ai rencontré de nombreux artistes très talentueux parmi les candidats, mais aussi parmi les coachs. Ils ont été de très bons conseils ! C’est une expérience que je ne regrette pas du tout, bien au contraire. L’impact a été au-delà de mes espérances. Je savais que j’étais allé loin dans l’émission, mais au moment de la diffusion, je ne pouvais pas m’attendre à ce qu’il y ait autant de personnes qui retiennent mon profil ! J’avoue avoir été surpris de voir le public aller plus loin que l’émission, et partir écouter ma musique et mes projets. Je vois bien aussi que les salles de concert se remplissent depuis la diffusion de l’émission. Il y a beaucoup de choses positives autour de moi depuis Nouvelle École.
L’aventure, t’a-t-elle lancé sur de nouveaux projets ? Ou bien avais-tu déjà ta « ligne directive » pour la suite ?
Avec mon équipe, nous avions des projets de prêts qu’on voulait envoyer assez rapidement après l’émission, ce qu’on a fait. On savait également quelle direction artistique on souhaitait développer. En ce moment, je travaille sur un nouvel EP qui sera légèrement différent de ce que j’ai pu proposer auparavant. Je suis allé chercher certaines sonorités, ça sera un projet plus tranché musicalement bien que je m’entoure toujours à peu près des mêmes beatmakers. Avec mon équipe de management, nous avons une vision depuis presque un an maintenant et on fait en sorte de s’y tenir.
Tu as deux albums à ton actif. (« Monochrome » puis « Monochrome vol.2 »). Plus récemment, tu as sorti le projet “Intermède”. Est-ce que tu as la sensation de lancer une nouvelle étape dans ta carrière ?
J’ai presque autant grandi musicalement cette année que pendant les sept années précédentes. En 2023, un gros cap a été franchi et j’ai l’impression d’aller dans le bon sens. « Intermède », c’est un projet assez nouveau, même pour mon public qui m’écoutait avant mon aventure dans Nouvelle École. Cette nouveauté, c’est quelque chose que j’ai envie de continuer à développer. Que ce soit dans la spontanéité de l’écriture ou dans le choix des prods. Intermède est le point de départ de ma nouvelle carrière !
On ressent une certaine aisance à l’écriture. As-tu suivi un cursus d’étude en particulier ?
J’ai un père instituteur et une mère journaliste donc je pense que ça peut jouer. Sinon je n’ai pas continué longtemps les études. J’avais commencé une licence d’histoire de l’art, c’est vrai que ça m’a aussi beaucoup inspiré ! Mais je pense que ma façon d’aborder le rap est davantage liée à mon éducation.
Est-ce que tu considères ainsi la musique comme un exutoire ?
Je l’ai dit pendant longtemps, mais en réalité, j’ai l’impression que c’est une fausse idée que je me suis faite. Je ne pense pas ressentir réellement le besoin d’écrire. J’adore et j’ai envie d’écrire donc je le fais. Mais il n’y a pas de moments où il faut obligatoirement que je prenne le stylo sous peine de ne pas m’en sortir. En réalité, lorsque j’ai besoin de m’échapper, ça passe aussi par la famille et les amis. Forcément, il y a toujours certaines choses que j’ai besoin de mettre sur papier, mais je ne pense pas que ce soit une urgence, un réel « exutoire ».
« Désormais j’écris d’avantage seul, j’ai besoin d’un cadre calme et de me retrouver un peu avec moi-même. »
Tu utilises de plus en plus l’idée du storytelling, comment t’y prends-tu pour écrire, quel est le processus ?
Pendant longtemps j’écrivais mes textes depuis chez moi. Maintenant j’écris de plus en plus au studio mais j’ai envie de revenir à quelque chose où je me laisse plus de temps. Après ça peut partir de n’importe quoi, une idée, une phrase ou encore une prod qui va me donner une idée de refrain. Il y a vraiment de nombreux points de départ possibles. Ça contraste avec l’exercice d’écrire un morceau à plusieurs, comme avec mon ancien groupe LTF. Désormais, j’écris davantage seul, j’ai besoin d’un cadre calme et de me retrouver un peu avec moi-même.
Tu as un rapport étroit avec l’art sous toutes ses formes. Je pense à la danse quand tu étais plus jeune, tes références à l’art dans tes précédents albums ou encore ton attrait pour la mode. Artistiquement, le rap suffit-il à t’épanouir ? Aimerais-tu faire d’autres choses ?
Je ne me limite vraiment pas. Si j’ai des opportunités, j’irai, que ce soit dans la mode, dans l’art ou dans le cinéma. Ce sont des métiers qui me passionnent. Mais à présent, je sais que le rap me suffit amplement et j’ai encore beaucoup de choses à faire et à prouver dans la musique. Je suis passionné par pleins d’autres choses, mais pour l’instant ça reste des passions annexes. J’essaie de mettre toute mon énergie dans le rap. D’ailleurs, en ce qui concerne la mode, je travaille déjà avec certaines marques comme avec Dr. Martens. J’ai déjà un petit pied dedans. À terme, j’irais peut-être beaucoup plus loin, mais actuellement je me concentre davantage sur ma carrière musicale.
Tu es un artiste de Paris, tu fais certaines allusions à la Scred Connexion, un groupe mythique du nord de Paris. Quels sont tes artistes références ? Est-ce que la capitale joue aussi un rôle dans ton inspiration ?
Comme on dit, je suis vraiment une éponge ! Je pense qu’à peu près tout peut m’inspirer, surtout pour écrire un texte de rap. C’est vrai que j’aime beaucoup Paris la nuit. Je trouve qu’il y a une énergie particulière : les gens, l’esprit de la fête. Mais il y a aussi les expositions auxquelles je vais et les livres que je lis. Puis, il y a des thèmes plus généraux qui vont m’inspirer, ils regroupent essentiellement les relations amicales ou amoureuses. Ça peut être aussi des choses beaucoup plus personnelles, comme mon rapport à l’ambition, à l’argent, ou encore à la famille. J’écris beaucoup sur moi avant de parler de faits de société. Mes textes sont assez personnels et sont avant tout nourris par mon environnement.
Je parle aussi de Paris, car c’est la capitale de la mode. D’où vient ce goût prononcé pour les vêtements ?
Ça a démarré assez tôt avec la danse. En tant qu’art de la scène, tu dois te présenter physiquement à un public. Donc automatiquement, je prêtais attention à ma manière de m’habiller. Puis, j’ai commencé à m’y intéresser plus en profondeur. Pour débuter, je regardais des vlogs de Loïc Prigent, puis je me suis intéressé à des documentaires, des livres. Je me suis aussi penché sur des créateurs, en m’intéressant de plus en plus aux centaines de personnes qui peuvent travailler sur une collection de vêtements par exemple. Ça s’est fait très naturellement.
Le mot de la fin. Un moment à 33° pendant le tournage Nouvelle École ?
J’ai une anecdote à propos du clip du morceau « East-London » pour Nouvelle École. On était sur un tournage très intense car très court. On a eu énormément de galères de tournages. J’ai terminé dans un studio, au milieu d’une flaque d’eau gelée, à me recevoir des balles sur la tête. Je pensais que ça serait des balles en plastique, mais pas du tout. Elles étaient énormes et j’ai fini avec de grosses bosses sur le crâne et certaines plaies ouvertes. C’était une manière de « bien » finir le tournage.