Après de longs mois sans défilé, on assiste presque à un retour à la normale avec la semaine de la mode parisienne.
Enfin, on est pris dans le tourbillon des présentations et défilés de la Paris Fashion Week pour ce mois de septembre 2022, enfin, on voit les tenues les plus extravagantes et étudiées devant les lieux des défilés, enfin, on célèbre à nouveau la mode. Focus.
Rick Owens – 28 septembre, parvis du Palais de Tokyo
Si certains rendent hommage à une période, à des archives, Rick Owens choisit de rendre hommage à sa muse et femme, Michèle Lamy, qui ouvre le bal.
Habillée de cuir et d’une cape façon filet, celle-ci paradait, du rouge aux lèvres (et non du noir !), à travers la neige carbonique.
C’est après cette silhouette imposante que les mannequins ont défilé. Cuir, manches coupés, structure, cuissardes et surtout, robe en toile d’arachnide, dont les trous semblent avoir été tissés par une araignée XXL.
Balmain – 29 septembre, Seine Musicale
À Boulogne, la fête battait son plein pour fêter les 10 ans d’Olivier Rousteing chez Balmain. En effet, celui qui a réussi à faire de la maison française un élément phare de la pop culture souffle ses 10 bougies Balmain. Et cela avec ce défilé Printemps-Été 2022, qui n’est pas une simple présentation mais aussi un festival, avec Doja Cat en invitée. Car oui, le wonder boy a vu les choses en grand.
De la nostalgie, certes, pour rendre hommage à ses 10 années passées chez Balmain, mais aussi de la positivité. Le designer ayant été victime d’un accident, a choisi de transformer cet aléa malheureux en inspiration. Bandelettes flottant au rythme saccadé des pas de la Balmain Army, des rayures, de l’oversize, des pointes de dorés… Et les classiques revisités. « Nous avons décidé de célébrer ces dix années de défis, de créations et de changements incessants avec une réédition d’une poignée de mes looks préférés. J’avoue que les regarder, tous regroupé, m’apporte une grande joie. », confie Olivier Rousteing
Un tableau ouvert par Imaan Hammam suivie d’un casting tout aussi étoilé. Adut Akech, Naomi Campbell, et surtout, Carla Bruni, disparue des podiums depuis 2017. De quoi rendre hommage comme il se doit la femme Balmain sensuelle et forte qu’Olivier Rousteing représente sur le podium depuis 10 ans déjà.
Coperni – 30 septembre, 19ème
Direction le futur et le printemps-été 2033 avec Coperni et son champ de chanvre XXL. Au milieu de ce décor entêtant, les mannequins défilaient sur un chemin de sable.
Fidèle à l’ADN tech de la marque, les looks portés par des mannequins de renom (Adut Akech, Gigi Hadid, Eve Jobs) scintillaient. Les paillettes et les perles enveloppaient les corps, des lunettes futuristes étaient posées sur les nez, les motifs étaient psychédéliques et les volumes soulignaient les épaules.
« Avec cette collection, on avait vraiment envie de rêver, explique Sébastien Meyer. Toutes les choses que l’on n’a pas pu faire ces 18 derniers mois, on a envie de pouvoir les faire aujourd’hui, de profiter de la vie et de regarder vers l’avenir. C’est pour ça qu’on a décidé de faire un défilé printemps-été 2033 au lieu de 2022. C’est une façon de dire que l’avenir sera positif. »
Balenciaga – 2 octobre, Théâtre du Châtelet
Chez Balenciaga, Demna Gvasalia présentait sa collection sous un angle particulier. Après les défilés anxiogènes dont on a l’habitude, le directeur artistique nous propose cette fois un jeu de devinette. Sur un écran géant, on peut voir les invités, arriver peu à peu. Mais ceux-ci sont mélangés avec les mannequins alors la question règne : Look ou pas look ? Isabelle Huppert et sa robe noire l’est, Naomi Campbell ne l’est pas, malgré sa veste architecturale.
Les mannequins, font mine d’être invités, les invités sont perdus. Mais on retrouve quelques codes Balenciaga, comme le casting divers dont on a l’habitude : mannequins de toutes morphologies et âges…
Après avoir laissé ses mannequins partager le catwalk avec ses invités, ceux-ci étaient invités à la projection d’un épisode exclusif des Simpsons.
Hermès – 2 octobre, Aéroport du Bourget
Avec la collection printemps-été 2022 d’Hermès, on ne sait pas si on voyage parce que les mannequins défilent devant le tarmac et les avions qui décollent, grâce à la réalisation lumineuse de l’artiste Flora Moscovici ou à cause de la palette de couleurs de la collection.
Car oui, c’est un vestiaire poétique mais solaire que Nadège Vanhée-Cybulski présente à la fashion sphère. Et la poésie selon la directrice artistique, ce sont de la sobriété, des robes moulantes et jupes crayons, du cuir sans aucun doute, et des couleurs qui sentent le sable : orange, camel, or…
« Pour moi, il s’agit vraiment de vêtements qui vous permettent de bouger librement. Je pense qu’il ne s’agit pas d’aller à quelque chose de trop décontracté – je pense qu’il s’agit de faire un effort, mais aussi de pouvoir bouger dans vos vêtements » commente Nadège Vanhée-Cybulski.
Etam – 4 octobre, Opéra de Paris
C’est devenu un évènement à part entière de la Paris Fashion Week, le défilé Etam a réuni le monde de la mode à l’Opéra Garnier.
Si l’orchestre de l’Opéra de Paris a ouvert le bal, s’en sont suivis des performance de Lala &ce ou encore Imany. Et comme si ce n’était pas assez, des professionnels du BMX enchaînaient des figures aux côtés de deux danseurs entrelacés.
Et c’est la mannequin et égérie Etam Constance Jablonski qui a ouvert le catwalk, avec un tutu immaculé. Quant au défilé, on y voit des jupons blancs mais aussi des plumes noires, une sorte de lac des Cygnes rock. Une vraie ambiance festive, comme on les aime chez Etam.
Chanel – 5 octobre, Grand Palais Éphémère
La maison au double C a abandonné le Grand palais en travaux, lieu de défilé de prédilection de Chanel, pour le Grand Palais Ephémère sur le Champs de Mars.
Et dans ce lieu unique, back to the 80’s. Virginie Viard a convié quelques invités pour leur faire vivre un show rendant hommage aux années 80 de la maison.
Tout, de l’attitude guillerette aux détails des tenues, rappelaient cette époque. L’iconique tweet couleur bonbon, le pastel était roi, les mannequins échangeaient des regards complices et faisaient demi tour après avoir posé sur le podium… Joie et couleur, voilà ce qui ressort de ce défilé. “J’adorais le son des flashs qui crépitaient lors des shows dans les années quatre-vingts, quand les mannequins défilaient sur un podium surélevé. J’ai eu envie de retrouver cette émotion”, confie Virginie Viard dans le communique de presse du défilé.
Lacoste – 5 octobre, parvis du Palais de Tokyo
C’est sous une gigantesque tente que Louise Trotter nous propose la collection printemps été 2022 de la marque au crocodile.
Les mots maîtres ? Le confort, la fonctionnalité, en gros le sport-wear oui, mais chic et utile. Alors défilent les mini-jupes plissées, les polos bi-couleurs et bi-matières… Sans oublier l’iconique pull col V, XXL cette fois, remis au goût du jour par la directrice artistique. Et pour finir ce défilé en beauté, les mannequins se sont placés derrière les invités, et pas des moindres (Noah Schnapp, Madelyne Cline…)
Louis Vuitton – 5 Octobre, Louvre
Pour clôturer cette Fashion Week, Nicolas Ghesquière nous offre un défilé théâtral. Et cela passe par un décor des plus majestueux : les lustres scintillent autant qu’à Versailles un soir de bal. Et le bal est aussi sur le catwalk. Robe paniers, jupes en crinoline à paillettes mais aussi longues capes en plume qui reposent sur du denim, pour le contrast.
Mais la pièce de théâtre a été interrompue par des militants d’Extinction Rebellion pour dénoncer l’impact de l’industrie de la mode sur le dérèglement climatique. « Overconsumption=extinction » (surconsommation=extinction), pouvait-on lire sur l’affiche déroulée par une militante en plein milieu du podium. Les aléas de la mode.
AZ – Carreau du temple, 5 octobre
La semaine de la mode parisienne s’est achevée avec ce qui est le plus émouvant des défilés depuis des années : celui d’AZ factory qui rend hommage à Alber Elbaz, mort en avril dernier.
44 créateurs se sont joints au projet afin de célébrer celui qui est passé chez Lanvin avant de créer sa propre griffe. Les références au créateurs sont multiples : on retrouve son visage sur des créations de Lanvin ou Dries van Noten, ses couleurs chéries (le rose fuchsia ou encore le noir)… Tout le défilé est porté par une idée maîtresse et chère au défunt créateur : « Love brings love » (l’amour apporte l’amour)
Mais la fin du défilé achève ceux qui retenaient leurs larmes : le rideau tombe, une pluie de coeurs en papier rouge, « Freedom » de George Michael. Voilà comment le monde de la mode rend hommage à son créateur chéri. Bon vent, Alber.