La semaine dernière, la Gaîté Lyrique accueillait la soirée ASICS PFW’20 durant laquelle était présentée la dernière collaboration entre Asics et le label anglais Rokh. Nous avons eu la chance de rencontrer le designer Rokh, présent pour l’occasion.
Vous avez quitté la Corée pour aller aux États-Unis, ça a été un grand changement pour vous ?
Quand j’ai vécu à Austin, aux États-Unis, j’étais très jeune. Ça a été quelque chose de très naturel pour moi de grandir dans cet environnement. Je n’ai pas réalisé que c’était spécial car je me sentais très américain. Le milieu dans lequel je vivais était plutôt rural; on pourrait voir ça comme un décor de la série Stranger Things, c’était un environnement très local. Mon père était économiste mais était un peu hippie et il avait une caravane dans lequel on passait du temps. Je pense que c’était une ambiance assez exotique voire quelque peu bizarre, ensuite nous sommes retournés en Corée puis à Londres. Je pense que ça a été beaucoup de changement pour moi. Culturellement, ça été un vrai défi de changer plusieurs fois d’environnement mais maintenant je pense que ça m’a permis d’élargir ma façon de penser. J’ai pu rencontrer des personnes de toute provenance notamment d’Europe, d’Amérique et d’Asie. C’est ce qui fait mon histoire aujourd’hui.
Vous avez d’abord travaillé pour de grandes marques comme Céline, Chloé… Pourquoi avoir commencé par la mode féminine ?
Quand j’ai commencé à étudier la mode, la mode féminine offrait plus de créativité et de liberté dans les formes, les textiles et les matériaux. Aujourd’hui, la mode masculine est tout autant créative mais à l’époque c’était plus restreint, plus conservateur. J’ai aimé acquérir du savoir-faire, modeler les matières pour qu’elles épousent le corps parfaitement et ça a naturellement progressé autour des vêtements pour femmes. Cependant, j’aimerais aussi travailler avec la mode masculine dans le futur.
Vous avez été finaliste du prix LVMH en 2018, comment c’était ?
Pour moi, c’était merveilleux que mon travail ainsi que mes créations soient remarqués et appréciés et je suis très reconnaissant de d’avoir remporté ce prix si spécial en 2018, suite auquel le groupe a été d’un véritable soutien. Ce n’est pas juste un prix mais un réel suivi de la part des experts. C’était une grande surprise, je ne m’attendais à rien et c’est pour cela que je suis si reconnaissant.
« Être réellement libre »
Quel est le plus important pour devenir créateur ?
Je pense que la chose la plus importante est d’apprécier le coté créatif. Il faut être réellement libre garder cet état d’esprit le plus longtemps possible (rires), c’est ça le plus important !
Quelle est votre plus grande source d’inspiration ?
Je m’inspire de ce qui m’entoure mais aussi de mes souvenirs nostalgiques comme mes souvenirs musicaux : la musique que j’écoutais en arrivant à Londres ou lorsque je grandissais aux États-Unis. Ou tout simplement des petites émotions que je définis comme des moments iconiques. Je relie tout ça à ce que je fais actuellement ou à des idées futures afin de créer des techniques ou des coupes innovantes.
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Comment s’est passée votre collaboration avec ASICS ?
C’était très excitant et ce fut un beau voyage également. Asics a toujours représenté un côté high-tech et une bonne qualité de fabrication. C’est pourquoi on voulait faire quelque chose de plus expérimental à partir des modèles classiques et y amener notre savoir-faire et notre approche artistique. On a donc beaucoup joué sur les lacets en travaillant notamment sur le modèle 1090 dans des différentes formes.
« Il s’agit de technologie et d’innovation »
Pour vous, c’est important de toujours innover ?
Il s’agit de technologie et d’innovation pas nécessairement de nouveaux matériaux. Il est important en tant que designer d’enrichir son « vocabulaire », cela est un défi important.
Et vous l’avez fait avec cette collaboration !
Oui, en effet (rires).
La capsule était limitée à 100 exemplaires et disponible seulement chez Dover Street Market London.