Des années à repasser les chefs d’œuvres du réalisateur hongkongais. Une décennie plus tard, la société de production chinoise – Tencent Pictures – dévoile l’affiche officielle et la seconde bande annonce de Blossoms Shangai : la prochaine série d’un des plus grands auteurs du 7ème art.
Symbole de l’esthétique cinématographique, maître du slow motion et fanatique imprenable de la mélancolie. Le talent de Wong Kar-Wai c’est celui de l’homme qui sait retranscrire un amour fissuré d’une épine dans le cœur, sous les yeux d’un temps courant à sa perte. En France, le box-office de ses films est toujours le plus haut en Europe.
« Wong Kar-wai impose (…) l’idée d’un art ne refusant pas l’influence occidentale, créant un lien entre Hong Kong – ville sans culture ni futur – et le reste du monde. En cela, il est un artiste essentiel, et s’impose comme la figure de proue d’une industrie courant au-devant de ses modes, là où le cinéma de Wong est déjà immobile, contemplatif et fragile. Des notions quasiment inédites dans le cinéma de Hong Kong. » – Revue Positif (avril 1995)
Pour autant, ses travaux qui plaisent haut et fort auprès des spectateurs français ainsi qu’au Festival de Cannes, ne sont pas toujours la clé d’œuvres compréhensibles. La sortie de The Grandmaster en 2013 déçoit. Le film se perd dans un crossover désordonné de thématique : histoire d’amour et de vengeance, film de kung-fu, réflexion sur la transmission, reconstitution historique. L’ambition est là et le rendu visuel au rendez vous également. Mais l’ensemble ne saurait satisfaire aux attentes d’un contenu si dense. Probablement assez pour nous rappeler qu’à chaque rose, son épine.
Blossoms Shangaï sortira courant 2022-2023. Décrite comme le troisième volet de In the Mood For Love et 2046, l’histoire relate le passé trouble d’un millionnaire énigmatique et son enchevêtrement autour de quatre femmes qui représentent les activités de sa vie : l’aventure, l’honneur, l’amour et l’innocence.
Il s’agit d’une adaptation d’un roman du même nom, de Jin Yucheng, prenant place dans le Shanghaï des années 60 à 90. Wong a déclaré qu’il s’agissait d’une « entreprise profondément personnelle en tant que retour dans sa ville natale de Shanghai ». Il travaille sur son scénario et son développement depuis 5 ans. La série télévisée sera par ailleurs suivie d’un long métrage.
La bipolarisation en ligne de mire : une balle dans les pensées pour finir des étoiles plein les yeux
En 2000, In the Mood For Love créait la folie en France pour Wong Kar-wai. Dans un entretien, le réalisateur explique que “le film devait être comme une valse : deux personnes qui dansent ensemble lentement… “. Lenteur et élégance, sont bien les deux mots d’ordre d’une histoire d’amour qui aurait pu toucher au déjà vu mais qui, au seul contact de Wong, chavire dans tout ce qu’il y a de hors du commun.
En 2004, 2046 est nominé par le prix de la Palme d’Or. Selon la critique, ce film s’impose tantôt comme le modèle du style wongien, tantôt comme un résumé de tout ce que le réalisateur aurait voulu tourner pendant sa carrière.
“Je pense qu’entre l’image et la musique s’opère une espèce d’alchimie. Je me mets toujours en quête de la musique avant de commencer à tourner. C’est comme un point d’ancrage. Cela permet de construire le rythme du film et ainsi, Chris Doyle saura comment danser avec la caméra” – Wong Kar-wai, dans une interview de Films Extras à propos de 2046.
Poème du désir, cette œuvre est encore une fois considérée comme une réussite sur le plan esthétique et musical. Une réussite peut-être trop grande qui finira par contraster avec un for intérieur désempli.
Dix ans auparavant, lors de la conférence de Cannes de 2004, la question la plus posée au réalisateur fut la suivante : “Le film est-il fini ?”. Wong répondit qu’il s’agissait de la version finale mais que si le Festival lui accordait plus de temps la version serait différente. Aujourd’hui nul doute que la véritable réponse porte le nom de Blossoms Shangaï.