« La musique c’est ma place« . Tel un mantra, c’est ce que la chanteuse Angèle s’est répété tout au long de son enfance. Avec le résultat qu’on lui connaît aujourd’hui. Cette semaine, la plateforme Netflix propose de retracer sa jeune carrière et de plonger dans l’univers “Angèle”.
Retrouver son “Moi”. Voici la dernière quête de la chanteuse belge. Avant la sortie de son deuxième album “Nonante-Cinq” prévu ce 10 décembre, Netflix offre au public un portrait authentique d’Angèle, celle qui a fait trembler les charts à l’international. De sa rencontre avec sa manageuse Sylvie Farr, à son dernier album, en passant par la tournée de Damso, les images d’archives rythment un documentaire inédit. Appuyez sur play, car que l’on apprécie ou non l’artiste, ça vaut le détour.
Personne ne peut raconter son histoire mieux qu’elle.
Angèle, le documentaire : c’est dispo ! pic.twitter.com/Nd2DAOPP2m
— Netflix France (@NetflixFR) November 26, 2021
“La fille de…”
La foule scande son prénom, la scène tremble, le micro est réglé. Angèle s’apprête à monter sur scène. Elle trépigne en coulisses. Dans son regard on lit comme un mélange de stress et d’impatience. Dès les premières images du documentaire, le spectateur comprend parfaitement dans quoi il s’est embarqué. À la manière d’un journal intime, les réalisateurs Brice VDH et Sebastien Rensonnet offrent aux téléspectateurs une immersion dans l’intimité de l’artiste belge.
Des questions elle en a des tonnes. La plus tenace est celle qui caractérise son mal-être : « pourquoi moi ?« . Issue d’une famille d’artistes, d’un père chanteur et d’une mère humoriste, Angèle vit son enfance avec cette peur constante d’être perçue comme la “fille de”. Avant que ses parents ne deviennent finalement “parents de”. Ce sont ces questions personnelles qui cadencent la vie d’artiste. Malgré un cocon familial solide et des “amis formidables”, Angèle n’en a pas moins des failles invisibles aux yeux du public. C’est ce qui fait la réussite de cette réalisation made in Netflix. Sans tomber dans le mélodrame, la réalisation parvient à nous accrocher par son aspect profondément humain.
“La vraie Angèle je l’ai perdue […] je ne sais plus qui je suis« . Ayant développé une version améliorée de soi-même pour plaire au plus grand nombre, Angèle ne se reconnaît plus. Réalisé de manière chronologique, les réalisateurs choisissent alors de nous confiner avec Angèle. Pour le pire ? Pas vraiment. S’ensuit un des nombreux messages du documentaire : savoir recréer son espace intérieur. Le téléspectateur observe alors Angèle construit une cabane, son îlot de confiance, dans lequel elle va à nouveau créer, penser, jouer… vivre.
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Les travers de la vie d’artiste
Incontrôlable. C’est peut-être l’adjectif qui caractérise le mieux la vie d’artiste. Le temps file, et le “moi” authentique s’efface au profit d’un “autre moi” plus normé. La belge raconte avoir mis des mois à trouver sa place dans l’”industrie”. Une fois le succès arrivé la voilà jetée dans la fosse aux lions, dans cet univers sale, fait de coups bas et de course à la rentabilité. Sans repères, elle ne s’y retrouve pas. Mais comme elle le dit elle-même : “je n’ai pas le droit de me plaindre”. Angèle fait alors le choix de l’adaptation.
De son portrait dans “Playboy” à son coming out dévoilé par Cyril Hanouna avant même qu’elle puisse ne l’annoncer à son public, on assiste avec effroi à l’effacement de toute intimité chez l’artiste. Sensible, angoissée, Angèle comprend aussi qu’elle peut faire de son naturel une force. Loin d’être superficielle, la belge accepte cette perte de contrôle pour s’appuyer dessus et travailler avec détermination. Il en sort alors des moments de vie émouvants comme cette entrée sur scène au festival Garorock.
Car finalement elle le sait. Si elle est là, elle doit se plier à certaines exigences de cette “industrie”. Lorsque Damso lui tend la main en l’invitant à participer à sa tournée, Angèle prend un risque et s’apprête à perdre le contrôle. Et malgré les insultes lors de la 1ère date, elle se relève et finit par, à son tour, remplir des Zénith.
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Alors Angèle heureuse ?
C’est une question qui revient en boucle tout au long de cette balade mémorielle. Angèle questionne constamment son rôle de star. Comment adapter mes relations sociales alors que je suis plongé dans un océan de relations déshumanisées dépourvues de contact ? Comment expliquer que je ne vais pas pouvoir offrir une photo aux 10 000 personnes m’attendant devant la salle de concert ? Autant de questions que se pose Angèle. Sensible et vivant, un artiste reste avant tout un humain avec des émotions similaires à n’importe quelle personne. C’est ce qu’Angèle a voulu mettre en avant ici. La quête d’un moi équilibré comme combat quotidien.
Alors heureuse ? Est-ce que finalement la réponse à cette question n’est pas à trouver. Angèle a en tout cas choisi de ne pas y répondre. Est-ce que ce n’est pas ça être une star finalement. Perdre une partie de soi. Accepter l’incontrôlable à un moment. Apprendre. Faire de sa carrière une quête personnelle plus qu’une quête professionnelle. Savoir prendre du temps pour soi, et retrouver son « moi ». De quoi annoncer un second opus très personnel pour la chanteuse belge.
Une chose est sûre, Angèle a grandit et semble avoir trouver sa place.
Surprise, rendez-vous est donné ce vendredi 3 décembre pour “Nonante-cinq”, le documentaire de Netflix sur Angèle.