Dans la mode, depuis les années 20, il n’est plus seulement question de collection printemps-été et automne-hiver. En effet, au début du XXème siècle, les collections croisières voient le jour. Ces collections, considérées comme « avant garde des Fashion Weeks estivales », ont connu un réel essor. Des évènements à part entière, attendus avec impatience par toute la fashion sphère. TrenteTroisDegrés vous raconte leur histoire.
Qu’est ce qu’une collection croisière ?
L’histoire des collections croisières commence il y a près de cent ans. À l’origine, les collections croisières (appelées aussi « cruise », « resort », « pre-spring » ou « pre-fall ») s’adressaient à une clientèle fortunée et privilégiée, ayant besoin d’une garde-robe adaptée à ses nombreux voyages. En effet, cette clientèle aisée fuyait le froid hivernal pour embarquer sur des croisières vers des destinations ensoleillées.
Cette tradition s’est d’abord développée aux États-Unis, avec des femmes de la jet-set américaine qui cherchaient des matières plus légères et des coupes fluides afin de partir au soleil. Les premiers couturiers à répondre à leurs attentes ont été Coco Chanel mais surtout Jean Patou qui créé alors le sportswear de luxe. Un véritable succès mondial ! Même les bourgeoises européennes sont tombées sous le charme de ce style, parfait pour les escapades sur la French Riviera ou la côte basque.
Pourtant, au fil du temps, les défilés croisières commencent à devenir désuets. D’abord, parce que partir en vacances est devenu commun et accessible aux ouvriers depuis l’apparition des congés payés en 1936. Ensuite, parce que le style décontracté est de plus en plus banalisé. Ce n’est qu’au début des années 2000 que les grandes maisons de luxe, telles que Chanel, remettent les collections croisières au goût du jour.
Aujourd’hui, dans un monde où les calendriers sont cadencés par le rythme effréné des Fashion Week, ces défilés croisières sont une occasion d’apporter de la fraicheur aux collections des grandes maisons. Et pour ces défilés, qui ont lieu de mai à juin, les marques aiment offrir un show spectaculaire à leurs clients. Parce que oui, pour les collections croisières, le lieu, l’ambiance, l’esthétique comptent autant que les collections.
Et pour ça, on ne lésine pas sur le spectaculaire. Tandis que Maria Grazia Chiuri fait défiler ses mannequins dans un décor féerique au Maroc (la cour du palais El Badi), les clients Chanel s’envolent pour Cuba pour un défilé sur la grande avenue du Paseo del Prado.
Un enjeu stratégique et économique
Pourtant, malgré l’aspect onirique et grandiose de ces évènements, ceux-ci sont vivement critiqués. En effet, les collections croisières s’immiscent dans un calendrier déjà trop chargé. On se retrouve alors avec un créateur stressé et surbooké, une clientèle submergée, sans parler de la presse qui ne s’y retrouve plus. Mais si les créateurs s’imposent ces défilés, c’est qu’ils ont leur importance économique et stratégique.
Stratégique d’abord parce que ces défiles sont LE moment pour la marque d’affirmer son monde, son esthétique, son imaginaire. C’est donc l’occasion d’en mettre plein les yeux et d’emmener sa clientèle dans le monde féérique des maisons.
Aussi, les collections croisières sont un excellent coup stratégique puisqu’elles participent au rayonnement international de la marque. C’est ainsi que les marques convient une clientèle locale, fraîche et nouvelle.
Économique ensuite puisque les défilés croisières représenteraient plus de 50% du chiffre d’affaires annuel de certaines marques. En effet, les collections croisières, contrairement aux autres, restent jusqu’à 8 mois en boutique.
Alors certes, ces collections sont, pour la clientèle des maisons de luxe, un moment où la féérie de l’imaginaire de la marque nous emmène dans un véritable rêve éveillé. Mais c’est surtout, pour les maisons, un enjeu stratégique et économique qui permet de renforcer les liens avec un nouveau marché. Moment d’histoire,
Toujours dans la thématique Mode, le jeune créateur Ihnid dévoilait récemment sa deuxième collection.
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