Le 29 novembre dernier, à 95 ans et après une très longue carrière, le photographe Elliott Erwitt nous quittait. Laissant derrière lui des oeuvres emblématiques. Zoom sur plus de 70 ans de passion.
Né Elio Romano Erwitzen en 1928 à Paris, Elliott Erwitt grandit en Italie à Milan, avant de quitter l’Europe pour les États-Unis. Avec le temps, et sa passion grandissante pour la photo, il devient une figure de l’agence de presse photographique Magnum créée à New York au milieu du vingtième siècle. Il prend alors le rôle de photoreporter et représente rapidement une référence pour la photographie de presse. Il photographie les plus grandes stars comme les hommes politiques. Et traverse les plateaux de cinéma les plus célèbres, immortalisant de nombreux tournages.
Symbole de la photographie franco-américaine
Depuis son enfance, Elliott Erwitt est un adepte de l’humour qu’il apprend à mettre en images. C’est avec cette aspérité que le photographe va détourner de nombreuses situations, jusqu’aux soirées mondaines. Perçu pour beaucoup comme un « intellectuel de l’humour », il réussissait à donner du sens aux images, d’une manière que très peu maîtrisent. Il utilise la dérision pour faire ressurgir un fond beaucoup plus philosophique, sociologique ou encore politique. On pourrait le décrire comme un de ces magiciens, pour qui l’art est en réalité une sorte de jeu.
Il dénonce en image le racisme, crée de la poésie avec son appareil photo ou tourne en dérision l’humain dans tous ses retranchements. De cette manière, il utilisera la photographie canine lui accordant un aspect humain. Le photographe se considérait avant tout comme « un artisan ». Une manière pour lui de donner de la valeur à ces professions. En toute humilité, Elliott Erwitt est l’image même de l’humaniste, qui porte un regard particulier sur ce qu’il l’entoure, notamment sur les classes aisées et la richesse. De Marilyn Monroe à Arnold Schwarzenegger, en passant par Che Guevara, ou Jacqueline Kennedy.
Surréalisme et habilité
Dans une interview accordée à la journaliste Valeria Vantaggi en 2016, Elliott Erwitt aborde la photographie comme il l’aime indéfiniment : c’est-à dire brute. Pour l’artiste : « les photographes qui travaillent avec des téléphones portables ne sont pas de vrais photographes ». Même s’il affirme le contraire, on peut ressentir une certaine réticence pour la modernité photographique et les nouvelles technologies. Il a d’ailleurs horreur de Photoshop. La photo dans son état élémentaire est quelque chose qui semble beaucoup plus lui parler : il apprécie particulièrement le noir et blanc utilise très peu la couleur. Il affirme lui-même que « le noir et blanc décrit mieux, il n’embrouille pas, c’est une synthèse qui peut exciter davantage ». C’est ainsi qu’il réussit à lier surréalisme, noir et blanc et humour dans ses photographies canines.