Jay-Z est sûrement l’incarnation la plus contemporaine de l’American Dream. Aujourd’hui à la tête de plusieurs entreprises ainsi que d’une fortune se comptant en milliards, Jay-Z aka Shawn Carter a su mettre New York d’accord, grâce à son flow sur son tout premier album studio : Reasonable Doubt.
Loin des sonorités underground et hardcore qu’on peut entendre dans la Grosse Pomme à cette époque, Jay-Z débarque avec son gangsta rap à l’imagerie léchée, dans la veine « hustler » ou encore « mafioso rap » qui fleure les costumes clinquants, champagne d’exception et yacht de luxe. Sur la cover, il tient un cigare, coiffé d’un chapeau. Sa musique ne reste pas moins introspective et surtout, réaliste.
Issu d’une famille monoparentale (il a grandi avec sa mère Gloria et ses trois frères), le jeune Jay-Z commence par vendre de la drogue mais finira par se tourner vers la musique et le rap. En 1995, avec ses amis Damon Dash aka « Dame » et Kareem Burke aka « Biggs », il crée Roc-A-Fella, label dans lequel sortira Reasonable Doubt.
Les premiers pas d’une légende
Pour se faire, l’artiste s’entoure de producteurs doués comme DJ Premier (GangStarr), Clark Kent ou encore Ski Beatz.
On retrouve aussi des featurings très intéressants pour un premier album : la jeune star montante de l’époque Foxy Brown, Mary J Blige ou encore l’autre kid (ou king) de New York, Notorious BIG, au sommet de son art qui apparaît sur le morceau Brooklyn’s Finest, titre majeur de l’album. Cette collaboration entre les deux est perçue comme une sorte de passage de flambeau, au vu des évènements tragiques et la mort de BIG moins d’un an plus tard en mars 1997.
Dès les premières minutes, le talent de Jay-Z saute aux yeux. En véritable surdoué, il s’impose avec l’assurance d’un vétéran. Il est friand d’acrobaties lyricales et de « tongue twisters ». Can’t Knock The Hustle, leitmotiv du rappeur, ouvre à merveille cet album et donne le ton.
Tout au long de l’album, « Jigga » déroule le fil de son lifestyle de jeune de Bed-stuy devenu riche et opulent. Malgré cela, il n’oublie pas ce qu’il a été ni d’où il vient, et le montre sur le morceau D’Evils, un peu plus sombre. Sur un beat de DJ Premier, il rappelle son passé de dealeur.
On retrouve aussi le morceau Dead President II sur lequel Nas devait figurer mais a finalement décliné, bien qu’on retrouve sa voix sample dans le titre. Cela lancera d’ailleurs un beef entre les deux rappeurs. Pour ce qui est du morceau lui-même, son statut de classique ne fait aucun doute. Il sera même repris et remixé par de nombreux rappeurs, dont J.Cole ou encore Kendrick Lamar.
Classique certifié
Toujours vu par beaucoup comme le meilleur album de Hov’, Reasonable Doubt est très bien reçu par la critique. Il sera nommé « Greatest hip hop albums of all time » par le magazine The Source, en 1998. L’album figure ainsi dans la liste de Rolling Stones des 500 plus grands albums de l’histoire. Reasonable Doubt finira par être disque de platine comme tous les albums solo de Jay-Z, ce qui est une véritable prouesse.
Cet album lancera la carrière de Jay-Z et la success story qu’il continue d’écrire, autant sur le plan musical que personnel. Suivront d’autres albums brillants comme The Blueprint ou encore The Black Album. Reasonable Doubt récompense le travaille du jeune Shawn et lui a ouvert les portes du Panthéon du rap, place qu’on ne peut désormais plus lui retirer.
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