Après quatre longues années d’absence, le rappeur-chanteur parisien est de retour sur le devant de la scène.
Lomepal clôture sa mue en tant qu’artiste total dans « mauvais ordre ». Un album aux influences variées et aux sonorités mêlant rap et rock. Variété.
Direction non-assistée
Flip. C’est avec cet album publié en 2017 que le grand public avait fait connaissance avec Antoine Valentinelli dit Lomepal. Brisant les codes, il prenait alors à contre-pied une large partie du public Rap FR en proposant une version différente de l’égo-trip habituel. Révélé aux débuts de l’ère du stream en 2013 avec la sortie de son premier album « Le singe fume sa cigarette » co-réalisé avec Caballero, il enchaînera ensuite 5 EP dans lesquels il étoffera sa plume.
Vient alors Flip (2017), véritable tournant dans la carrière de Lomepal. Déroutant, l’œuvre l’est tout d’abord de par sa pochette. Le rappeur parisien y apparaît maquillé, entrant alors en rupture totale avec les codes du rap actuel. Comme pour rappeler que même les rappeurs ont le droit de laisser s’exprimer leurs sentiments contraires, loin des standards de virilités imposés. Lomepal devient alors cet un artiste total qui, au travers d’une oeuvre, livre tout et laisse son Moi intérieur prendre le dessus. Déraisonnable, tiraillé par les rires et les pleurs, Flip, puis Jeannine (2018) sont deux albums qui auront marqués le rap FR. Deux projets qui se sont fait le témoin de l’éclosion d’une certaine tendance dans le Rap français… plus orientée vers la vie de famille, le doute, la perte ou encore le suicide.
« Personne ne le comprendra, personne
J’suis l’mauvais ordre en personne, j’me sens moi-même comme personne » – Tee
Finalement, on comprend aisément que Lomepal avance à contre-courant de son époque. Que l’on aime ou pas, le rappeur -chanteur cultive et assume cette identité hybride comme peu d’artistes.
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Sensible, vulnérable, Lomepal est un rappeur unique qui semble termine sa mue au terme d’une trilogie non désirée. De Flip à Mauvais Ordre, en passant par Jeannine, Lomepal a évolué et a constamment cherché à proposer quelque chose de nouveau à son public. Et si les thèmes abordés restent sensiblement les mêmes, les sonorités quant à elles ont connu un renouvellement jusqu’à l’aboutissement de »Mauvais ordre ».
Son pèlerinage mélodique
Lomepal fait tâche dans la paysage du Rap Français, ou plutôt devrions nous dire de la chanson française tant son aura dépasse aisément celle du Rap. Hybride, son œuvre est un reflet de sa personnalité. N’aimant pas tellement les cases, Lomepal cherche à s’en échapper constamment, jusqu’à trouver son équilibre.
C’est ce mélange qui plaît et avec lequel son public veut évoluer. Parce que malgré une pause de 4 années, le public est bien présent et « Mauvais Ordre » semblait très attendu.
Le rappeur-chanteur a alors profité de cette retraite anticipée loin de la scène et des réseaux sociaux pour agrémenter son répertoire musical et travailler de nouveaux arrangements, teintés d’électro et de rock. Aussi, la track « Prends ce que tu veux chez moi » apparaît comme très riche et beaucoup plus complexe qu’à l’accoutumée. Un sentiment d’ailleurs commun à l’ensemble de l’album.
Musique pansement
Résilience. Voici un mot qui pourrait tout à fait convenir au nouvel album de Lomepal. Sa capacité à se renouveler parvient à chaque projet à accrocher l’oreille de l’auditeur et « Mauvais Ordre » n’y déroge pas. Dès les premières secondes, Lomepal adresse une apostrophe à son public et entame alors son long chemin personnel vers la construction de son identité .
« J’ai mis les bons mots dans le mauvais ordre, j’ai encore tout emmêlé. » – Mauvais Ordre
Parce que c’est avant tout ça Lomepal. Un artiste qui se construit avec sa musique et son public. Comme dans Flip, c’est une nouvelle fois aux auditeurs de reconstituer le chemin de ses pensées et de s’approprier sa musique. Et encore une fois, la pochette de ce nouvel album glisse références et indices quant à la teneur du projet. Puis finalement comme toujours, Lomepal, sensible, évoque et partage sa vie sentimentale, ses faiblesses, sa force et sa sensibilité.
« Ce mec-là, là, qui arrive à être lui-même que tout seul et qui, qui, qui est à la fois G, tu vois ? À la fois fier et tout, et en même temps qui, qui est très seul. Il réfléchit et, et tout le temps, il se pose des questions et il essaie d’aller dans le contact avec les autres mais il sent que chez lui, c’est pas naturel, tu vois ? » – Skit il
Lomepal : rappeur-chanteur dans le bon ordre, comme il nous le prouve avec « mauvais ordre ».