Entre sincérité et créativité, Lyna Mahyem continue son parcours musical et se livre à nous lors d’une interview, quelques temps après la sortie de son dernier album « Authentic ».
Pour transmettre des émotions, Lyna Mahyem apparaît comme mère dans ce domaine, et c’est bien ce qu’elle nous montre dans cette interview. En racontant ses histoires, c’est le portrait d’une femme accomplie et épanouie, que l’on a tenté de dresser aujourd’hui.
Est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots, pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore ?
Moi c’est Lyna Mahyem, je viens d’Argenteuil. Je suis une artiste et je chante un peu de tout, selon ce qui me plaît, je n’ai pas vraiment de case en soi.
Quels ont été tes débuts dans ce domaine, quel style de musique t’a inspiré ?
J’ai beaucoup écouté de variété française parce que mes parents avaient des bars-restaurants sur Paris et on écoutait beaucoup ça. Donc j’ai été baignée très jeune dans ça. Et mes frères et soeurs ont des styles musicaux très différents les uns des autres. Mon frère c’est beaucoup de Rap, ma soeur c’est énormément d’US et l’ainé de la famille c’est surtout de l’Oriental.
Quels artistes t’ont marqué et ont été source d’inspiration ?
Moi ça a été beaucoup d’R’n’B français comme Wallen, Kayna Samet, Zao et Léa Castel. Et dans un autre style c’est Édith Piaf, Aznavour ou Jacques Brel.
Qu’est-ce qui a été le plus compliqué pour toi sur ce dernier album, au vu des difficultés que tu as rencontrées pour le sortir ?
Normalement il n’était vraiment pas prévu pour mars dernier, l’album était prêt depuis presque un an. J’étais totalement frustrée en tant qu’artiste. Tu les tease un petit peu sur les réseaux, les gens réagissent et finalement tu as quelque chose qui t’empêche de faire naître tout ce dur travail, selon les équipes et les contrats qui ont été signés.
Au contraire qu’est-ce qu’il t’a apporté ? Est-ce que finalement ça n’a pas été libérateur pour toi ? Ça t’a permis d’avancer ?
La vidéo où je me suis confié à ce propos sur les réseaux, m’a permis de sortir cet album et d’être finalement en face de toi en train de le défendre. Honnêtement une fois la vidéo faite, j’ai décidé de tout couper et de profiter avec mes proches dans mon pays en Algérie. J’avais besoin d’une petite pause, j’ai vraiment coupé mon téléphone. À ce moment-là je n’avais pas la force apportée par les médias, ça a toujours été très compliqué. Il y en a certains qui m’ont beaucoup aidé dans ma carrière mais à ce stade, il fallait que je sois mon propre média.
Ce que j’apprécie particulièrement c’est ta sincérité, tu la transmets à ton public, et il te la rend, comment est-ce tu ressens cet échange ?
Je suis toujours un peu gênée quand on me dit des jolies choses parce que la vie d’un artiste ça se passe beaucoup derrière les écrans. Donc on n’a pas vraiment cet échange-là, avec les « êtres humains ». Et là, d’entendre ça, ça me fait vraiment plaisir. C’est vrai qu’ils me le rendent à travers leur soutien quotidien. Que ce soit à travers des messages, où les gens me remercient pour ma musique et pour l’aide que cela leur a apportée dans un moment difficile de leur vie. C’est là où je me dis que c’est une bataille de gagnée. Quand je chante, je vis ce que je chante. Dans tous les cas, quand je suis au studio c’est une bagarre entre moi et le micro.
Le premier album était inspiré des histoires de tes fans, et la manière dont tu arrives à les retransmettre est vraiment étonnante.
J’ai beaucoup hésité. Mais finalement j’ai pris ce courage-là. Parce que ce n’est pas évident de demander aux personnes que tu ne connais pas : « racontez-moi vos peines, vos joies ». Finalement c’est « racontez-moi votre vie ». Et on ne raconte pas sa vie aussi facilement en soi. Mais en réalité il y avait déjà eu ce truc-là entre mon public et moi. Il se confiait déjà à moi, il y avait une proximité et une certaine accessibilité qui m’a fait sauter le pas. Je me suis dit, autant les faire participer. Et puis, quand tu partages ça, tu te rends compte que tu n’es pas toute seule à l’avoir vécu.
« Je suis toujours à la conquête du renouveau »
Est-ce qu’il y a une démarche artistique dans ces albums que tu aimerais faire à nouveau ?
Moi je suis toujours à la conquête du renouveau, je n’aime pas faire ce que j’ai déjà fait. Les gens savent déjà ce que je sais faire. Bien sûr, je vais faire quelques titres qui sont signés Lyna Mahyem. Mais j’aime bien chercher de nouveaux styles et de nouvelles instrumentales. Je ne peux pas rester dans le même truc. Ça m’aide aussi à atteindre de nouveaux objectifs et à avoir plus d’ambitions. C’est lassant de faire toujours les mêmes choses.
Mon son préféré c’est « Corner » avec Jok’air, comment la connexion s’est-elle faite ?
Jok’air c’est quelqu’un que j’apprécie autant artistiquement qu’humainement. Et finalement on se connaissait déjà avec les équipes, donc la connexion s’est faite très naturellement. Moi je voulais quelque chose de nouveau, qu’il m’aspire dans son univers. Et c’est vraiment réussi.
Tu es apparue sur deux titres du Classico Organisé. L’alchimie avec les rappeurs marseillais est dingue. Est-ce qu’il y en a certains avec lesquels tu voudrais collaborer sur un nouveau morceau ?
J’aime beaucoup Gims, Soprano et Stromae. Ce sont vraiment des talents bruts. J’admire énormément leur parcours. Ils sont partis de rien, et je pense qu’au début pas grand monde ne croyait en eux. Pour en revenir aux marseillais, ils sont très accueillants. Quand je suis partie faire les sons pour le Classico Organisé, c’était la première fois que je rencontrais Jul et Elams. Et ils m’ont vraiment accueillie comme si j’étais marseillaise. C’était de très belles rencontres. Au studio il n’y a pas d’esprit de compétition, ça t’encourage vraiment et ils s’entraident tous.
« Mal de toi » a très bien marché, est-ce qu’il y a une histoire ou un processus d’écriture derrière ce morceau que tu aimerais partager ?
Ce titre c’est mon histoire personnelle. Le processus d’écriture a été très compliqué. Parce qu’à ce moment-là, tu re-ouvres un livre enfoui. J’avais beaucoup de craintes mais finalement, je me suis dit que ce qu’il m’arrive n’est pas une honte. Et qu’on a toutes connu des histoire comme ça. Ça m’a fait d’ailleurs énormément de bien d’en parler. C’était un peu une thérapie, en me livrant je me suis sentie moins seule.
Est-ce que tu as un morceau préféré dans ton dernier album ?
Je les aime tous mais j’ai une grosse préférence pour Mal de toi. J’aime aussi tous mes featurings. Ce sont des talents à l’état pur, qui m’ont respectée dans l’album et dans mes choix d’artistes. J’aime énormément ce qu’ils font. Autant Bramsito que Zaho qui m’a vraiment prise comme sa petite soeur. Thabiti pareil.
Comment s’est créé ta connexion avec S.Pri Noir ? Vous possédez deux univers différents, pourtant ils se rejoignent très bien.
Avec S.Pri Noir on était dans la même maison de disques. Il m’a appelée pour réaliser un morceau et j’ai tellement aimé que je l’ai aussi pris pour mon album. On l’a un peu fait à l’américaine. Il m’a carrément sortie de ma zone de confort et j’aime ce challenge. Puis ensuite, on a eu l’habitude d’échanger. En étant dans la même maison c’est plus facile. Pour ce morceau on avait discuté d’un clip un peu à la « Dilemma », bien R’n’B américain.
Pour tes clips justement, tu participes à la réalisation ou tu choisis de te laisser guider par les réalisateurs ?
Non je réalise moi-même et je fais les synopsis. Après il arrive que je délègue quelques fois. Comme pour le dernier clip pour Mal de toi. On m’a fait une proposition qui me plaisait bien alors je l’ai prise.
Et pour la suite ? Es-tu dans le processus de refaire un album ?
Moi je travaille à mort. Je n’ai qu’une seule envie actuellement, c’est de reprendre le studio. Mon Dictaphone est rempli, mais malheureusement, avec la promo je n’ai pas encore le temps. Mais je compte bien repartir sur un album, peut-être même un album en commun ou un album féminin. Après il faut encore voir si c’est faisable. En tout cas, j’ai beaucoup d’ambitions.
Il faut écouter son coeur et ne pas se laisser diriger.
Comment tes proches perçoivent ta carrière?
Ils suivent ce que je fais mais c’est vrai que c’est quelque chose de très différent de leur univers. Ils sont aussi très à l’affut. Quand je sors quelque chose, mon père c’est le premier à regarder ce que j’ai fait. Dès qu’il sait que je passe sur une radio, il est branché toute la journée sur la radio, ils sont vraiment avec moi. Après, tout ça va très vite et on a quand même chacun nos vies. Mais ils sont cent pour cent avec moi !
Est-ce que ta carrière découle sur ta vie personnelle ? Comment tu le gères ?
J’essaie un maximum de garder ma vie privée. Mais c’est vrai que quand je sors ça devient de plus en plus compliqué. Alors je reste beaucoup chez moi. Si j’avais pensé un jour à débuter ma carrière avec quelque chose pour camoufler ma tête, c’est vrai que ça m’aurait permis de sortir plus librement. Mais je sais que j’ai la chance de faire ce que j’aime, dans un métier où je m’épanouis. Et c’est surtout beaucoup d’amour au quotidien. En règle générale, ils ne m’envoient que des ondes positives au quotidien.
Si jamais tu pouvais donner un conseil à une fille qui voudrait se lancer et suivre tes pas, ça serait lequel ? Celui que tu aurais aimé qu’on te donne?
Que ce n’est pas facile. Celui qui va te dire « viens grâce à moi tu vas être une superstar », ment. On a tout au mérite. C’est aussi un milieu dangereux. Il faut savoir se défendre et garder la tête sur les épaules. Il faut écouter son coeur et ne pas se laisser diriger. Il faut croire en soi et ne pas s’arrêter au premier échec, ils font partie de la vie. C’est juste à nous d’y croire.