Le rap français à l’honneur sur Netflix. Les quatre premiers épisodes de “Nouvelle école” sont sortis ce jeudi 9 juin sur la plateforme de diffusion, avec leurs lots de surprises… et de regrets.
“Moi aujourd’hui c’est rap ou crève”. Visages juvéniles, paysage urbain, punchlines acerbes… le décor est posé. « Nouvelle École », la série événement de ce mois de juin 2022 sur Netflix était attendue. Il est l’heure de la review Netflix de Trente Trois Degrés.
Nouvelle École, les 4 premiers épisodes, c’est dispo maintenant ! 🎙️ pic.twitter.com/0c9QXdA5YL
— Netflix France (@NetflixFR) June 9, 2022
Une narration bien sentie
Attendue depuis de nombreux mois par les fans de rap FR, l’adaptation française de « Rythm and Flow » est enfin disponible. Ces premiers épisodes permettent de planter le décor et de présenter les 24 candidats. Rythmée, la série parvient dans un premier temps à se démarquer par sa recherche d’authenticité, sans toutefois rappeler les habituelles émissions standard telles que The Voice ou encore la Star Academy.
Particulièrement réussi, le 1er épisode est immersif et plonge le spectateur dans l’histoire des 3 jurés. SCH, Shay et Niska apparaissent successivement dans leur environnement quotidien que sont les villes de Marseille, Bruxelles et Paris. Il est d’ailleurs judicieux d’avoir calqué la compétition sur 3 des viviers les plus importants du Rap francophone. Pertinente, cette répartition fait sens et permet aux trois jury d’entrer en concurrence afin de savoir lequel guidera son meilleur MC vers les sommets.
En plus du jury, le casting XXL les accompagnant lors des auditions est particulièrement parlant pour les fans de rap. Se succèdent à l’écran Soso Maness, l’Algérino, Naps, Tiakola, Jul, Guy2bezbar, Gradur, Frénétik, Dinos et Doria. De quoi faire rêver. Place au rap.
Le “Alors là…” de Niska à la fin veut tout dire… Bravo @leysmc1 🔥 pic.twitter.com/pKrmF1kGOo
— Netflix France (@NetflixFR) June 10, 2022
La dalle
« J’ai faim », « la dalle », « Je vais tous les manger ». Les candidats s’enchaînent et une constante domine : ils ont faim. Pas de partenariat avec G la dalle à l’horizon, mais bel et bien l’envie de percer qui colle à la peau de tous les candidats. Quel jeune arrive au lycée à ce jour sans avoir entendu un couplet de rap ? Réponse évidente et c’est donc tout naturellement que la plupart des candidats du télé crochet ont la vingtaine. Regards rêveurs, les MC se succèdent sur scène avec détermination. Une attitude commune que les réalisateurs ont choisi de mettre en avant lors des auditions et sur les freestyles.
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Jusqu’à malheureusement parfois en faire trop et tomber dans la caricature, la dalle faisant alors tourner la tête de certains, notamment l’un des jeunes talents de l’équipe de Shay. Le stress jouant et perdant ses moyens en plein kickage, le jeune MC adressera alors à SCH « Est ce que eux ils ont autant la dalle que moi ? » Réponse du rappeur marseillais : « La dalle ne se mesure pas à ce que tu as sur le visage. »
C’est aussi ça “Nouvelle école”. Un tableau plutôt clairvoyant du rap, parfois cruel. Des émotions contraires et des espoirs déchus. Niska le dit lui-même de manière très claire, “le rap est une guerre”. Aux jeunes rappeurs de l’intégrer et de se dépasser afin de scotcher juges et auditeurs.
« Nous on a débuté avec 500e et on s’en est sorti. A eux de montrer de quoi ils sont capables. pour gagner les 100k » – Shay
Un tableau du rap actuel
Passé les remarques de style, la série “Nouvelle école” se fait elle le tableau réaliste du Rap FR actuel ?
Dans les thèmes narrés par les textes des jeunes rappeurs, pas de doute, la série colle parfaitement à l’actualité. L’égotrip y prend toute la place et il faut dire que les jeunes MC sont plutôt inspirés. Chaque spectateur se prendra alors au jeu et désignera de manière subjective son favori pour le gain final. C’est d’ailleurs une des forces de la série : réussir à utiliser les textes de rap pour nous faire connaître les rappeurs et leur univers. Autre aspect positif : la présence de femmes. Trop peu mises en avant encore aujourd’hui, la série fait la part belle à Leys, Ayisha, Soumeya et KT Gorique. Comme le souligne Niska, “le rap demeure malheureusement un milieu masculin”, et la série parvient habilement à retranscrire la difficulté en tant que femme à vivre du rap.
Seulement, malgré bon nombre de qualités, les premiers épisodes de “Nouvelle école” perdent en rythme progressivement et risquent de laisser certains spectateurs sur leur faim. Au-delà de la répétition à tout va du gain final (100k) remis au vainqueur, certains choix de production paraissent discutables. La série met en effet en avant des sonorités déjà trop répandues dans le Rap FR. Sur les près de 24 candidats entendus, nombreux sont celles et ceux utilisant un débit ou un flow que l’on jugera “générique”. Sans demander l’apparition d’un “game changer”, le fossé semble se creuser clairement avec certains rappeurs (Leys et B.B Jacques en chefs de meute) qui parviennent à se démarquer de par leur personnalité ou énergie. De plus, à notre grand regret, “Nouvelle école” ne mise pas tellement sur une “ambiance rue” si caractéristique du Rap. Ainsi, les scènes dans certains endroits symboliques semblent parfois artificielles et forcées (S/o BEN plg), perdant en authenticité. Aussi, spectateur averti ou non, « Nouvelle école » mérite mieux en terme de réalisation.
Les prochains épisodes sont attendus avec impatience. A cette production « Netflix » de développer sa propre identité, afin de faire en sorte que ce départ n’était qu’un grain de sable avant de laisser place à une machine huilée et efficace.
En définitif, “Nouvelle école” c’est un beau premier coup d’essai. De bonnes idées, du talent et une très belle marge de progression. À suivre.
Nos rappeurs à suivre : Leys pour son talent pur. Houssbad pour son écriture. B.B Jacques pour sa personnalité. Fresh la Peufra pour son débit.