Entre mode, innovation et monde virtuel, découvrez Yenesai un label créatif Londonien créant des vêtements aux designs singuliers ! Karl Phenom et Meerim Chotbaeva nous partagent les dessous de leurs processus créatifs et leurs implications dans le metaverse.
Avec l’accent mis sur la performance et les matériaux durables, Yenesai s’impose comme une marque à suivre. Avec un soin particulier apporté aux designs, les vêtements ne font qu’un avec notre silhouette et nous permettent de nous déplacer aisément face à tout type de situation.
Pour cela, l’innovation est au centre du processus créatif. Les matériaux sont inhabituels mais fonctionnels, les méthodes de fabrication, elles, originales. Yenesai n’hésite pas à utiliser les nouvelles technologies comme l’imprimante 3D. Ici, ce processus de création insolite a permis de réaliser des casques mais aussi des sacs en forme de jerrycan.
De nos jours les frontières entre réel et virtuel sont de plus en plus fines. Les NFT et plus particulièrement le metaverse s’imposent comme un véritable terrain de jeu pour les créatifs. Bien que pour le moment la spéculation soit pour l’instant toujours très présente, ces technologies par leur mécanisme inédit devraient pour beaucoup faciliter notre vie dans le futur et faire partie intégrante de notre quotidien. Alors, nombreuses sont les entreprises à s’implanter dans les mondes virtuels et notamment celle du prêt-à-porter. Burberry, Adidas, Nike, on assiste ces dernières années à de nombreux projets plus ou moins réussis.
Yenesai, privilégiant l’innovation, s’est, dès ses débuts, implanté dans les mondes virtuels particulièrement au sein du projet CloneX. Créée par le studio RTFKT, CloneX est une collection de NFT générant des avatars numériques de manière algorithmique. Les pièces de la marque alors en plus de prendre forme physique deviennent virtuelles et peuvent habiller vos clones dans le metaverse.
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Bien que Yenesai souhaite proposer un espace pour sa communauté dans les mondes virtuels, cet espace se doit aussi d’être physique et bien réel. La marque extrêmement connectée au monde de la musique engage sa communauté à travers des soirées ou des invités de prestige se succèdent : Ciesay, Bushi, Venus, Bakar ou encore Yves Tumor prennent part à ces événements.
Yenesai s’installe d’ailleurs à Paris le temps d’un pop-up à l’occasion de la Paris Fashion Week. Rendez-vous du 17 au 22 janvier 2023 134 Rue d’Aboukir à Paris pour découvrir les nouvelles pièces signées Yenesai.
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Pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots pour ceux et celles qui ne vous connaissent pas ?
Meerim Chotbaeva : C’est moi qui suis à initiative de la marque, j’occupe la place de Creative Director. Originellement, j’ai un bagage dans les médias sportifs depuis plus de 10 ans mais j’ai toujours eu cette passion pour la mode. J’ai rencontré Karl, lors d’un projet de création de jeu vidéo.
Karl Phenom : Je suis originaire de New York, rapidement j’ai bougé à Paris, j’y ai découvert la French Touch avec des labels comme Ed Banger. J’ai passé cinq années à Paris où j’ai pu expérimenter dans le domaine de la musique électronique. Je suis ensuite parti à Londres où j’y ai réellement débuté mon parcours de DJ et lancé mon propre pop-up créatif.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans la mode ?
MC : Au début lors de la création de Yenesai, mes principales inspirations tournaient autour de ma passion pour la moto. Une inspiration toujours présente avec l’incorporation de matériaux techniques comme le power mesh dans notre processus créatif. Aujourd’hui, la marque a pris un virage beaucoup plus mode mais on ressent toujours cet esprit de bike life dans les nombreuses lignes qui habillent nos créations les rendant uniques. Après si je devais citer une marque ça serait la marque italienne Dainese.
KP : De mon côté j’aime beaucoup le travail de Rei Kawakubo avec Comme des Garçons.
Qu’est-ce que signifie Yenesai ?
MC : Le nom Yenasai vient de mes origines du Kirzistan, à l’origine les habitants étaient nomades et se déplaçaient autour de la rivière Léna. Yenasai est le nom donné à la rivière par les Kirghiz. Cela correspond parfaitement aux valeurs que l’on souhaite transmettre à travers la marque. Avec l’usage de matériaux techniques on espère que les personnes qui portent nos vêtements puissent bouger dans n’importe quelle condition et que le vêtement soit en mouvement avec eux.
Pourquoi devrions-nous porter Yenasai ?
MC : On prend soin de respecter la mode, nos vêtements sont souvent travaillés sur plusieurs mois voire années. Yenesai est hermétique aux tendances, on ne copie pas et n’essaye pas de suivre les trends du moment. Ce n’est pas juste une marque de vêtement, il s’agit d’une véritable communauté.
Je n’aime pas quand les choses sont trop accessibles alors on ne suit pas les règles. On s’est affranchis des collections par saisons afin de proposer notre propre vision de la mode. On suit notre identité, et on utilise des matériaux techniques dont l’usage premier n’est pas de base adaptée à la haute couture en continuant d’innover chaque jour de plus en plus.
« The vision is still the same but we are flexible with the plan. »
Karl Phenom
Quelle est votre pièce préférée ?
MC : Si je devais en garder qu’une seule, ça serait le swing suit mais dans sa version short et pas legging. Je sais que je peux le porter aussi bien en hiver sous une veste, ou alors en été en tant que maillot de bain. Extrêmement résistant et protégeant du soleil, je trouve que ces lignes épousent parfaitement le corps, c’est sans aucun doute ma création favorite.
KP : Pour moi, c’est sans aucun doute le SILA Tracksuit, j’aime beaucoup cette pièce.
Vous utilisez des matériaux écologiques, c’est quoi votre positionnement par rapport à la surproduction et la Fast-Fashion ?
MC :On essaye au maximum de travailler avec des matériaux écoresponsables venant d’Italie et du Japon. La confection de nos produits se fait également de manière à perdre le moins de matières premières possible.
La crise du covid a rendu l’industrie de la mode encore plus compétitive que ce qu’elle ne l’était déjà. Avant les marques prenaient leur temps pour travailler leurs collections le plus possible, chez Yenesai on veut que la qualité match avec le prix, ce qui rend notre processus de production plus long que la plupart des marques. On croit aux petites productions et au fait que nos vêtements sont faits pour durer dans le temps.
J’ai cru comprendre que vous faisiez aussi des vêtements pour les mondes virtuels, vous pouvez nous en parler ?
KP : En plus des vêtements, Yenesai créé des assets pour les mondes virtuels comme des tenues pour vos avatars Clone X. À l’avenir, on envisage d’offrir un NFT à chaque acheteur chez Yenesai. Cela lui permettrait d’avoir des avantages supplémentaires et de soutenir le projet.
On ne fait pas ça pour la trend, personnellement je crois aux NFT et au metaverse. Avant les gens achetaient des vêtements dans les boutiques dans leur quartier. Puis il y a 20 ans avec l’arrivée d’internet et l’essor du e-commerce, ces mêmes personnes ont commencé à acheter en ligne. Alors, oui je pense que dans les prochaines années on achètera des vêtements dans les mondes virtuels.
La principale difficulté reste de faire comprendre aux gens une nouvelle vision du produit. On ne vise pas de public particulier, on est confortables avec ce que l’ont créé. On sait qu’une grande partie est réticente face à la nouveauté, on laisse les gens venir à nous. Paradoxalement lorsqu’on innove il est dur de se faire comprendre, mais l’innovation rend tout plus facile.
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Les NFT et le metaverse auront leur importance plus tard dans le monde de la mode selon vous ?
KP : Sans aucun doute les marques travaillent de plus en plus dans les mondes virtuels, restent à savoir comment cela va évoluer ?
Concernant la contrefaçon, et le fait que chaque vêtement pourrait à terme disposer d’un passeport virtuel sous forme de NFT, je suis plus dubitatif. L’échange dudit NFT entre les deux individus se fera instantanément via la blockchain. Mais en ce qui concerne le produit en lui-même, ce dernier mettra plus de temps et se fera via des humains. L’erreur est donc tout à fait possible.
Par exemple, si chaque paire de Jordan 1 distribuée dispose d’un NFT prouvant son authenticité, on pourrait se dire que plus personne ne se ferait avoir par la contrefaçon. Cependant, l’échange du NFT entre le vendeur et l’acheteur se fera aussitôt. Mais l’expédition de la paire en elle-même prendra du temps. À ce moment-là, l’acheteur pourrait bien remplacer la vraie par une fausse où on peut même imaginer un colis perdu.
Les NFT ne garantissent pas pour le moment pas un moyen sûr à 100 % de lutter contre le fake comme beaucoup l’évoquent.
Actuellement, nous faisons cette interview à Tokyo, c’est loin de Londres, pourquoi venir dans cette ville ?
MC : J’ai toujours voulu venir à Tokyo, au début je n’avais malheureusement pas les fonds et je souhaitais rester ici pour un certain temps. Puis il y a eu la crise du Covid empêchant les touristes étrangers de venir au Japon. C’est pour ça que dès que les frontières ont ré-ouvertes, nous sommes venus ici. Tokyo et le Japon sont dans des lieux riches de l’histoire de la mode avec son lot d’excellents designers.
KP : De base, on devait rester seulement un mois avec toute l’équipe mais le 18 décembre prochain nous présentons certains de nos designs pour la plateforme Clone X lors d’un évènement RTFKT, ce qui nous pousse à rester un mois de plus.
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Justement des collaborations à venir avec des créatifs de la ville ?
KP : On y pense mais c’est trop tôt pour en parler. On souhaite en priorité se concentrer sur notre identité et améliorer en permanence nos produits. Puis si on doit travailler avec d’autres artistes ou créateurs, il faut d’abord construire une relation et que cette dernière soit en adéquation avec notre vision. Notre équipe déborde déjà de talents mais nous ne fermons pas à de possibles collaborations dans le futur !

Le rappeur Japonais KOHH portant le « SILA » track suit
C’est quoi la suite pour Yenesai ?
MC : Sortir notre deuxième collection et faire évoluer nos pièces déjà existantes. On souhaite préserver cette ADN technique en continuant de jouer avec les matériaux en cherchant de nouvelles usines et partenaires. À long terme, on espère préparer les gens à faire face à toutes les conditions imaginables et que ces derniers soient protégés par nos vêtements.
Merci beaucoup pour votre temps, si vous aviez un dernier conseil à donner à quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans le monde de la mode ?
KP : Comprendre d’où vous vient cette envie et simplement de le faire et que cela ne reste pas au rang d’idée !
MC : Pour ma part l’important c’est de ne pas se précipiter. Quand vous lancez votre marque inconsciemment, vous allez suivre les trends. Prenez votre temps, bâtissez votre propre identité, pensez par vous-même et bossez les fondamentaux.