“Boîte noire”, c’est validé. Yann Gozlan, le réalisateur, offre au spectateur un thriller sonore au bord de la paranoïa. Immersion dans un film où se mêle intime et psychologique.
Que s’est-il passé dans le vol Paris-Dubaï ? Les questions restées en suspens sont nombreuses à la suite du crash d’un avion dans les Alpes. Mathieu Vasseur, interprété par Pierre Niney, technicien au BEA (Bureau Enquête Analyse) est chargé de l’enquête sur cette affaire retentissante. Défaillance ? Acte terroriste ? Le cadre est posé et Mathieu ignore tout de ce qui l’attend.
Une plongée sonore intense
Le personnage principal de “Boîte noire” n’est autre que le son. À travers le personnage de Mathieu Vasseur atteint d’hyperacousie, nous suivons l’analyse minutieuse de ces fameuses boîtes noires. Tout au long du film, nos oreilles sont fréquemment sollicitées. Grâce à un univers sonore immersif, certaines scènes font du spectateur un acteur à part entière du film, celui-ci prenant place dans les oreilles de l’enquêteur.
Cette sensation d’immersion à travers des respirations, grésillements ou autres sons stridents peut être déconcertante. Mais au-delà du ressenti du spectateur, elle retranscrit parfaitement la complexité de la situation dans laquelle se trouve Mathieu Vasseur. Sa gestion des événements, du fait de son hyper-engagement, est parfois troublante. Loin du calme plat qui peut régner dans les airs lors d’un vol habituel, préparez-vous donc à quelques turbulences.
Une fable technologique
La complexité du personnage interprété par Pierre Niney se retranscrit aussi dans les différents rouages de l’enquête. En analysant les relations hiérarchiques opaques d’un monde encore très obscur pour le public, Yann Gozlan, le réalisateur, vise juste. Doté d’une haute valeur morale, Mathieu Vasseur veut à tout prix faire “parler” les boîtes noires. Mais dans ce monde froid, coincé entre pression et concurrence, il peine parfois à trouver sa place.
Au fur et à mesure de l’investigation, nous découvrons les failles d’un monde technologique encore fragile. Au delà de son inscription dans l’actualité (terrorisme, enjeux économiques internationaux) et le rappel évident de l’affaire Germanwings, le film aborde le sujet du tout-technologique de manière habile. L’aspect technique du monde de l’aviation, encore peu abordé au cinéma, permet alors au réalisateur d’offrir au film des allures de documentaire, rendant “Boîte noire” encore plus haletant.
Une mise en scène audacieuse et nerveuse
Durant 2h10, l’enquête est bien servie par une mise en scène osée et rythmée. Le plan séquence introduisant le film pose le cadre. Yann Gozlan tente, quitte parfois à échouer. Mais peu importe, ce travelling arrière en guise de point de départ plonge directement le spectateur dans le mystère. En reprenant certains codes classiques du polar, le scénario jouit d’une certaine efficacité. Le travail visuel quasi scientifique offre au public des images horrifiques bien amenées. La mise sous tension ne cesse d’augmenter au fil du long métrage, jusqu’à ce que l’on arrive au bord du crash émotionnel aux côtés de Mathieu Vasseur.
Pesante, l’atmosphère du film pousse sans cesse le spectateur à remettre en question ses certitudes. L’affiche du film et le visage entre ombre et lumière de Pierre Niney le rappelle très bien d’ailleurs. Le réalisateur attise cette ambivalence entre le bien et le mal. Une vision manichéenne raffinée, et donc des questions qui nous hantent pendant deux heures.
À vous d’aller chercher les réponses en salle de cinéma.
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