Retour sur le concert tragique qui a précipité la fin de la contre culture hippie.
Propulsé par des envolés psychédéliques et poétiques, ainsi que par la rêverie induite par le cannabis et autres substances, le mouvement hippie infuse tout au long des 60’s. La vague » Peace And Love » renverse avec panache l’ordre établi par une Amérique puritaine et belliqueuse. Un rêve qui prendra fin avec le festival d’Altamont, rattrapé par la mort et une violence presque ordinaire Outre-Atlantique.
Nous sommes en 1969. Le mythique festival de Woodstock réunit près de 500 000 personnes dans le hameau de Bethel dans l’État de New York. Une réussite qui inspire d’abord le groupe californien The Grateful Dead puis les Rolling Stones. Émerge alors l’idée d’un concert qui rivalisera avec ceux de Woodstock. Sans oublier que cela serait le premier concert gratuit des Stones sur le sol américain. Une aubaine pour les fans, étant donné que les britanniques étaient connus pour leur tournée US à guichets fermés et hors de prix !
The Golden State
La côte ouest le choix évident. Ce sera le Golden Park de San Francisco qui accueillera le festival, jusqu’au refus de la mairie. Finalement, le lieu du concert, la piste de course automobile d’Altamont, sera connu quelques jours seulement avant l’évènement. On somme les Hell’s Angels d’assurer la sécurité du show. On raconte que ces derniers seront payés en bières. Les infrastructures sont montées à la hâte, laissant planer de mauvaises augures aux dessus du festival.
Pour ce qui est de la programmation, du lourd est attendu. Les Stones sont censés clôturer le show, avant eux : Grateful Dead, Santana, Jefferson Airplane, Crosby, Stills, Nash & Young, The Flying Burritos Brothers.
Le 5 décembre 1969, la veille des festivités, les festivaliers arrive par centaines sur le circuit. L’ambiance est bonne, des relents de cannabis s’évaporent entre les sacs de couchage et les tentes. On raconte que Keith Richards, qui passa la soirée avec des fans, ira jusqu’à dormir dans l’herbe.
Un show chaotique
Le lendemain, le soleil se lève sur la piste, c’est le jour J. Le festival d’Altamont a bien lieu, mais l’atmosphère semble pour le moins électrique, les Hell’s Angels, défoncés aux LSD et d’autres substances n’hésitent pas à frapper, armés de queue de billard, un public assez véhément. C’est le début d’un fiasco. Marty Ballin, chanteur des Jefferson Airplane tentera d’apporter son aide en plein concert à un jeune afro-americain, pris pour cible par les Hell’s Angels. Il recevra un coup de queue de billard qui le laissera inconscient.
La situation s’envenime, à tel point que les Grateful Dead refuseront de monter sur scène. C’est le tour des Stones de finir ce concert désastreux. Ils sont censés traverser la foule après leur arrivée en hélicoptère. Après une épopée périlleuse jusqu’à la scène, les Stones pensaient pouvoir commencer à jouer, mais ils sont obligés de lancer des appels au calme, notamment durant Sympathy For The Devil où Mick Jagger demande une ambulance pour un fan en détresse dans la foule. C’est alors que le pire se produit.
Meredith Hunter, jeune afro-américain de 18 ans, tente d’aller vers la scène avant d’être violemment repoussé. Il retente son coup, et selon la version officielle, pointe un revolver sur la scène (une version qui est jusqu’à aujourd’hui remise en cause). C’est alors qu’Alan Passaro , un membre des Hell’s Angels le poignarde à mort.
Le lendemain, l’Amérique est sous le choc. En plus de la mort de Meredith Hunter, deux jeunes enfants seront écrasés, la faute à un conducteur sous acide, une autre personne est retrouvée morte, noyée dans un canal d’irrigation. Alan Passaro, meurtrier présumé invoquera la légitime défense et sera finalement acquitté. On recense également un nombre important de bad trips, dûs à la présence de LSD dans l’eau.
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Le déclin d’un idéal ?
Les événements funestes du festival d’Altamont donnent du grain à moudre aux détracteurs de la contre-culture hippie. Après le Summer Of Love, des mantras tels que » Peace and Love » ou encore »Make Love Not War’ raisonnaient comme une désillusion. Désillusion qui se concrétisera avec la mort de Janis Joplin au milieu de l’année 1970 d’une overdose, suivi par Jimi Hendrix en septembre de cette même année. En 1971, c’est Jim Morrison qui passe de l’autre coté, dans son domicile de la Ville Lumière. Ils emportent dans la tombe, les rêves et les espoirs d’une génération toute entière.
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