Né au Costa Rica, Karl Kani est arrivé aux États-Unis à l’âge de deux ans. Aujourd’hui, il est considéré comme le pionnier de la culture streetwear et nous avons eu la chance de le rencontrer lors d’un pop-up inédit à Paris, le 11 décembre.
Comment est né Karl Kani ?
La marque Karl Kani a débuté en 1989 dans les rues de Brooklyn, à New York. J’ai commencé par faire mes propres vêtements alors que j’étais très jeune. Beaucoup de mes amis me complimentaient sur les créations que je portais et ils m’ont vite demandé de leur en confectionner; ce que j’ai fait. C’est par là que j’ai commencé en quelque sorte. Initialement, mon projet n’était qu’un passe-temps mais il a fini par devenir un véritable business. Un jour, sans doute le plus important, j’étais dans un parc et je montrais à des filles un outfit que j’avais créé, porté par un gars. Elles ne me croyaient pas, et lui ont demandé : « Si c’est vraiment un vêtement de Karl, comment ça se fait que son non n’apparaît nulle part ? ». Ça m’a marqué et j’ai alors décidé de mettre mon nom sur mes créations. C’est vraiment de là qu’est partie l’idée de la marque ainsi que mon envie de devenir créateur. Et voilà d’où vient le streetwear : Brooklyn à New York (rires).
« Qui aurait cru un jour que Michael Jackson porterait du streetwear ? »
Quel est ton meilleur souvenir des années 90 ?
Je pense que c’est lorsque j’ai habillé Michael Jackson et Aaliyah, deux icônes que j’admirais depuis toujours. Aaliyah était très spéciale; jeune, magnifique et talentueuse. Elle a porté mes créations sur la couverture d’un de ses albums et ça a beaucoup compté pour moi. Quant à Michael Jackson… Qui aurait cru un jour qu’il porterait du streetwear ? Lorsqu’il l’a fait, ça a été un moment inoubliable, pour moi et ma marque. Je n’y croyais pas et je me suis dit « Waouh tu l’as fait ! ».
Avec quel artiste as-tu eu la relation la plus spéciale et inoubliable ?
La meilleure relation que j’ai eue avec un rappeur fut probablement celle avec Tupac. Avant de le connaître, il portait déjà mes créations très souvent. Je l’ai finalement rencontré à son hôtel mais lorsque je l’ai rejoint dans sa chambre, c’était un moment un peu étrange. J’ai frappé à sa porte au moment où il écrivait le script d’un film en fumant un blunt.
Il ne m’a pas adressé un seul regard, il continuait de taper sur son ordinateur et me parlait sans me regarder. J’étais très nerveux parce que je tentais en vain d’échanger avec lui. J’ai fini par trouver le courage de lui demander combien il demanderait pour faire un vêtement avec moi et il m’a juste répondu « Je ne te demanderai rien, j’adore ce que tu fais ». Peu de temps après, Tupac dirigeait le photoshoot dans ce même hôtel, c’était génial. Il a fortement aidé à ce que ma marque devienne très populaire à l’époque, notamment chez la nouvelle génération.
Et on peut d’ailleurs voir Tupac sur ton t-shirt, pourquoi avoir choisi de le porter aujourd’hui ?
Parce que j’ai toujours aimé Tupac et je pense que c’est une légende. Celui-là est un tout nouveau modèle qui sortira à Noël; j’en ai carrément deux sur moi (rires).
« La street culture est une famille et c’est bon d’en faire partie »
Pourquoi as-tu organisé un pop-up à Paris ? Est-ce que cette ville t’inspire ?
Paris et l’Europe en général ont toujours été un grand soutien pour les marques iconiques et je ne suis jamais venu pour avoir la chance de représenter ma marque et toucher les gens. Je me suis donc dit que ça serait une bonne idée de venir avant Noël et me voilà passé par cinq pays différents dont l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne. Mon équipe et moi avons beaucoup voyagé pendant ces deux semaines et c’était vraiment cool de quitter mon continent pour découvrir d’autres langues et surtout, aller à la rencontre des gens. Je constate que la street culture est une famille et c’est bon d’en faire partie.
1990-2019 : qu’est-ce qui a changé dans le monde de la mode ?
On vient de l’époque du super baggy et des jeans skinny des années 2000 et je ne vois pas ces tendances revenir. Je ne pense pas qu’elles reviendront de manière aussi importante qu’il y a vingt ans. Ce que je trouve génial c’est de voir tous ces nouveaux designers qui tentent de faire partie du streetwear. J’ai récemment collaboré avec le collectif français Études. Ils m’ont contacté parce qu’ils pensaient que le streetwear revenait en force et ils souhaitaient faire part de ce mouvement. Je les respecte beaucoup puisqu’ils auraient pu réaliser ce travail eux-mêmes mais ils ont préféré faire appel à celui à l’origine du streetwear, toujours dans cet esprit de collaboration.
À quand une boutique Karl Kani dans la capitale ?
Actuellement, nous possédons neufs shops au Japon qui ont connu un grand succès et nous planifions effectivement d’en ouvrir des nouveaux en Europe. Pour l’instant, je ne dis pas qu’il sera forcément à Paris mais vous me motivez encore plus (rires). Une chose est sûre, je vous le ferai savoir !