To Pimp A Butterfly, troisième album studio de Kendrick Lamar est sorti en 2015. L’opus du rappeur fait l’effet d’un franc coup de pied dans la fourmilière. Un des morceaux de cet album, Alright, aura droit à une véritable consécration.
Vu par beaucoup comme le meilleur album du début de ce millénaire, To Pimp a Butterfly réunit des morceaux aux thématiques engagées : brutalités policières, racisme mais aussi les affres de la gloire et du succès.
Alright est un de ces morceaux qui resteront dans l’histoire de la musique. Appuyé par un refrain plein d’optimisme « We gon be alright », le son met en lumière une réalité bien plus macabre. Celle qui lie les Afro-américains avec les violences policières et la mort.
Le morceau aura droit à des images. Un clip en noir et blanc qui s’ouvre sur la Bay Area, accompagné d’images illustrant ces violences (on y voit un policier faire feu sur un homme). Des images puissantes qui jettent les bases de ce message. Il y a cette scène où des policiers portent la voiture du rappeur (voiture où sont assis les membres de TDE, Schoolboy Q, Ab-Soul et Jay Rock) à la manière d’un cercueil. Le natif de Compton est ensuite littéralement en lévitation dans les rues, hors-sol comme l’album proposé cette année-là.
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« And we hate po-po, when they kill us dead in the street for sure », déclare le rappeur. Un nouvel écho à cette méfiance, ce rejet, voire cette haine de nombreux Afro-américains vis-à-vis de la police. Plus tard dans le clip, l’ascension de Lamar sera stoppée par un policier, qui mimant un pistolet avec son doigt, tire sur le rappeur.
Ce mantra (we gon be alright) sera repris par les manifestants américains du mouvement Black Lives Matter en 2015. Après s’être réunis dans la rue pour protester contre la mort de nombreux Afro-américains lors de violences policières. Encore cette même année, aux BET Awards à Los Angeles, Kendrick Lamar interprétera ce morceau en haut d’une voiture de police, renforçant le dessin derrière ce titre et cimentant sa légende.
En 2016, Alright sera récompensé lors des 58e Grammy Awards, nominé dans quatre catégories, le morceau et son auteur obtiendront l’Award de la Meilleure performance rap ainsi que celui du Meilleur morceau rap.
Alright s’inscrit dans la lignée des nombreux protest song, qui jonchent l’histoire du rap (e.g NWA Fuck The Police ou encore Public Enemy Fight The Power) mais aussi celle la musique au sens large (de Joan Baez à John Lennon). Le moment où l’artiste et la cause ne font qu’un, la musique devient alors un puissant moyen d’expression. La légende de Kendrick Lamar quant à elle s’écrit… Lui qui est dans la discussion des meilleurs rappeurs de la jeune et tumultueuse histoire du genre.