À une heure où l’hiver ne semble pas vouloir s’arrêter, Makala amène des tonalités ensoleillées bienvenue.
Depuis vendredi, “CHAOS KISS” de Makala est libérable. Après le très réussi « Radio Suicide » (2019), le suisse était attendu. Ambiance garantie !
Makala ou la créativité comme identité
2012, l’année qui devait marquer la fin du monde selon certaines théories douteuses relayées dans un film événement. Mais 2012, c’est aussi l’année au cours de laquelle Makala décide de se lancer dans la musique. De son vrai nom Jordy Makala, le jeune rappeur suisse d’origine congolaise débute alors son Odyssée lyrique bien accompagné. En compagnie de ses acolytes Di-Meh et Slimka il crée le collectif génevois SuperWak Clique. Il entame alors une carrière musicale qui lui semble toute destinée.
Quelle est la recette Makala ? Il faut dire qu’un artiste a rarement autant été facilement identifiable. Sa musique lui colle à la peau et il y prédomine un caractère personnel unique. Laissant sa créativité prendre le dessus, Makala développe alors un univers sonore riche. En témoigne son premier album “Radio Suicide” réalisé en collaboration avec Varnish La Piscine en 2019. Oeuvre musicale aboutie, Makala y déploie l’ensemble des qualités qui font le rappeur qu’il est. Instrumentales recherchées, flow rompu et imprévu, paroles soignées, les oreilles de l’auditeur avaient peut-être même un peu de mal à suivre tant l’horizon musical était étendu.
“Tu peux pas d’couronnes et tu viens me parler de règne j’ai pas d’oreilles /Arrête ton char s’te plaît, on n’est pas des kheys, parle oseille” – M30
Loin d’un rap générique, Makala tient à ne pas s’enfermer dans la quête de banger. Il suit son chemin et fait mouche. Place à “CHAOS KISS”.
Une musique compliquée ?
“Je ne ressens pas le besoin de simplifier ma musique parce que j’estime déjà qu’elle n’est pas compliqué pour être compliquée” (Le Code, avec Mehdi Maïzi). Il est vrai que quiconque découvre la musique de cet artiste peut être troublé au premier abord. Ses projets nécessitent d’ailleurs plusieurs écoutes et cet article ne saurait décrire parfaitement la richesse du projet “CHAOS KISS” de Makala.
Album unique, il l’est en partie grâce à la diversité des sonorités qui y sont exprimées. De la Bossa Nova sur “Prison Break”, à une vibe Jazz moderne sur “Outrow”, Makala prend plaisir à composer, nous à l’écouter. Vertigineux, le rap du MC suisse bouscule et l’auditeur a parfois l’impression d’être entre deux mondes, entre rêve et réalité (“Lards”).
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Makala ne se ferme aucune porte et c’est ce qui rend sa musique si spéciale. Alors que certains albums trouvent leur unité dans un thème commun ou un storytelling appuyé, Makala (sans délaisser les deux caractéristiques précédentes) trouve sa cohésion à travers la richesse de chaque track.
Les 16 morceaux sont uniques et donc liés par cette recherche. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le suisse se considère comme un étudiant du rap. Un appétit pour l’exigence qui met dès lors en valeur les tonalités et paroles colorées et ensoleillées du suisse.
Ecriture impulsive
Imprévu. Makala n’aime pas s’astreindre à des codes prédéfinis. La vibe du suisse demeure impossible à anticiper. Et c’est ce qui rend “CHAOS KISS” unique. Ces changements de flow inopinés rendent encore plus riche un album qui l’était déjà de par sa musicalité. On connaît la désormais traditionnelle réussite de Makala dans les morceaux à tendance égotrip. À l’heure où le Rap FR se complait dans des harmonies basiques, Makala, quant à lui, nage à contre courant. Au risque de ne lâcher aucun banger, mais avec l’ambition appréciable de privilégier son identité.
La femme, est une autre inspiration qui parcourt le projet et qui est déjà bien connue des fans du suisse. La track “Gurlz Tower” sert alors à leur rendre hommage et à réaliser ce que la musique peut donner de plus fort : un message d’universalité.
“J’ai tellement mal au coeur quand je vois cе que certaines écoutеnt / J’invite les femmes du monde entier à se serrer les coudes” – Gurlz Tower
Finalement, Makala dans le texte c’est un traitement de la voix intéressant, transportant l’auditeur au coeur d’une D.A poussée. Associée à un flow puissant et des punchlines efficaces, la recette ne pouvait que fonctionner. Avec “CHAOS KISS”, Makala confirme et retranscrit une soif de liberté immuable.
Game changer.
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