Diffusée sur la plateforme Amazon Prime, “Montre jamais ça à personne” retrace en 6 épisodes l’histoire d’un jeune rappeur de Caen et de son ascension vers les sommets du Rap fr. Asseyez-vous confortablement et préparez le pop corn, ça vaut le détour.
Mon frère a tout filmé !!! Et en a fait 6 épisodes !!! Ça sort sur @PrimeVideoFR le 15 octobre @skreadofficial @OfficielGringe @ClementCotentin #MontreJamaisÇaÀPersonne pic.twitter.com/Cjo8XJypVN
— OrelSan (@Orel_san) September 28, 2021
Orelsan les pieds dans l’eau, sourire aux lèvres sur une plage de sable fin à Madagascar. Des vagues l’ébranlent de toute part, comme “une métaphore de la vie” selon ses propres mots. Voici comment s’ouvre le documentaire événement réalisé par son frère Clément Cotentin. Un récit frais d’une jeunesse française ayant pour dicton : « l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt à l’heure où je me couche » (Orelsan).
“J’ai mis près d’un an à tout dérusher”
Cette série-documentaire aux allures de reportage est particulière en plusieurs points. Tout d’abord de par son format exceptionnel. Près de 20 années de la vie d’Aurelien, plus connu sous le pseudonyme Orelsan, ont été filmés. 00 heures de rush plus tard nous voici en 2021 et la vie d’Orelsan a bien changé. Mais lui semble rester le même, impertinent et passionné. Ce reportage n’avait pas vocation à sortir. En 2001, le rappeur et son frère ne pouvaient imaginer diffuser ce format sur la plateforme Amazon Prime. Filmer à perte, sans but précis, c’est ce qui rend ces images réussies, vraies et émouvantes.
La caméra de Clément Cotentin semble nous raconter un récit littéraire réaliste. À la manière des descriptions d’Emile Zola, la bande de potes est filmée dans son intimité la plus profonde. Un clic clac, des restes de nourriture, des cernes et beaucoup d’abnégation. Un tableau honnête et cru de la vie de 5 jeunes qui traînent et cherchent à trouver leur chemin. Une histoire simple en apparence qui prend des allures d’Odyssée, suivant les difficultés et succès de ces 5 ados devenus adultes. Orelsan, Gringe, Hablaye, Skread et Clément Cotentin nous embarquent alors avec eux dans cette ode à l’amitié et plus simplement, à la vie.
L’amitié comme force collective
Ce qui est marquant et touchant dans « Montre jamais ça à personne » réside dans la faculté de chaque protagoniste à croire en l’autre. On se rappellera de cette anecdote d’Orelsan, courbé sur lui-même, ruminant le fait qu’il n’a pas la dégaine du rappeur. Gringe, son ami de toujours, saura alors le conseiller et il deviendra la bête de scène à la gestuelle quasi-parfaite que son public connaît désormais.
C’est ce qui rend si appréciable le visionnage de l’évolution de cette bande de potes. Orelsan a connu des galères à répétition. En 2005, il se questionne longuement sur sa place dans la société. Après avoir enchaîné les petits boulots, ses parents s’inquiètent, mais lui persiste, en partie grâce aux 4 jeunes hommes qui l’entourent. Des débuts en 2001 aux tournées, en passant par la quête du premier album, les cinq caennais parviennent toujours à s’entraider afin d’évoluer.
Cette authenticité dans les relations humaines est également illustrée à travers la manière dont Clément Cotentin utilise sa caméra. Suivant les évolutions technologiques, les premières images sont évidemment moins qualitatives que celles plus récentes. Mais au-delà de cet aspect technique, le contraste entre le Orelsan d’il y a 20 ans et celui d’aujourd’hui n’est pas si saisissant. Le rappeur a su garder cette simplicité qui fait sa force. Voici une des leçons de cette série-docu : créer son propre chemin selon ses passions. Orelsan a opté pour la musique. Skread a choisi d’être Beatmaker, tandis que Hablaye se sentait plutôt d’humeur managériale. À vous de trouver votre chemin.
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Se relever malgré les échecs
« J’ai du mal à voir qui va écouter un mec de Caen et pas stylé« . C’est un des marqueurs inébranlables de la carrière d’Orelsan : l’humilité. Il reconnaît d’ailleurs s’être servi de son manque de confiance en lui afin d’en faire une force. Et ainsi travailler au maximum son processus créatif afin d’aboutir à la création de son premier album, puis la carrière qu’on lui connaît.
Hormis cette leçon d’humilité, chaque épisode a sa vérité et c’est ce qui rend aussi agréable le visionnage de la série-documentaire. Sans être moralisateur, Clément Cotentin parvient à livrer à la fin de chaque épisode des éléments de réflexion pour le téléspectateur. Et c’est pour cela que ce documentaire rencontre un tel succès. Il parvient à énoncer un message global de la jeunesse d’aujourd’hui, qui se cherche et peut se trouver.
La sensation du travail bien fait pour Orelsan, Clément Cotentin, Hablaye, Skread et Gringe qui ont su « placer Caen sur la carte du Rap français« .