Man On the Moon III arrive, mais revenons sur les deux premiers opus, dont l’impact a changé toute une génération.
Man On the Moon : The End of Day
Le phénomène Cudi commence avec Day ’N’ Nite, morceau venant de sa première mixtape « A Kid Named Cudi » sortie en 2008, atteignant le top 5 du Billboard Hot 100. Le thème est déjà exposé : l’artiste révélé par Kanye West dans l’avant-gardiste 808s & Heartbreak, dévoile ouvertement ses problèmes de dépression et de drogue, après la mort de son oncle avec lequel il vivait. Le premier Man On the Moon, aussi premier album studio de Kid Cudi, sortira l’année d’après.
La couverture nous montre sa face de profil, se fondant dans la lune, pour un résultat très coloré mais mystérieux. Cet aspect spatial provient du concept même de l’album : une aventure à travers les rêves et cauchemars de Scott Mescudi. Cette aventure qui l’aide à fuir la réalité est coupée en cinq actes narrés par le rappeur Common.
Le disque commence avec In My Dreams, un son calme, très mélodieux et dans lequel Scott nous introduit directement au coeur de ses rêves, et à l’intérieur desquels il peut acquérir, penser, absolument tout ce qu’il a toujours voulu : c’est le début de l’histoire du Man On the Moon. Au fil de l’écoute, nous suivons Kid Cudi dans ses troubles les plus profonds. En effet, il est seul et torturé par ses démons, mais s’ouvre grâce à sa musique pour se libérer et parler à coeur ouvert à son public. Sa solitude et son mal-être, on les retrouve dans des titres comme Day ’N’ Nite donc, mais aussi Pursuit of Happiness dans lequel il partage ses problèmes d’alcool, ces derniers n’étant pas une bonne solution selon lui, de traverser ses tourmentes. Il est dans une réelle recherche du bonheur mais reste seul et insatisfait. On peut notamment noter le refrain de Soundtrack 2 my life, qui résume bel et bien son désir de parole concernant ses sérieux maux : « I’ve got some issues that nobody can see / And all of these emotions are pouring out of me / I bring them to the light for you, it’s only right / This is the soundtrack to my life, the soundtrack to my life ».
Une lueur d’espoir est cependant retrouvée dans des sons comme Simple As, où il se décrit comme quelqu’un de cool, qui partage ce qu’il aime. Mais aussi Heart of a lion, un nouveau « Eye of the tiger » selon lui, au fil duquel il se détache de ses démons et n’a finalement plus besoin d’aide. L’album se termine avec la fin du dernier acte racontant son réveil, mêlant weed et airs joyeux.
Sur cet album, on retrouve des producteurs comme Emile Hayne, Jeff Bhasker, Plain Pat ou encore Ratatat. Des références à Tupac, Outkast, mais aussi Snoop Dogg sont faites et des featurings avec Kanye sur un sample de Lady Gaga, Billy Craven ainsi que Chip tha Ripper sont proposés.
Man On the Moon II : The Legend of Mr. Rager
Man On The Moon II est le deuxième album studio de Kid Cudi. Sorti en 2010, il représente une suite directe au premier opus de la trilogie, toujours coupé en cinq actes. Une fois encore, Cudder nous emmène dans un trip au coeur de ses problèmes d’esprit solitaire, faisant ressortir de nouvelles émotions, plus sombres…
Cette nouvelle aventure nous introduit un personnage, Mr. Rager, alter ego permettant à Kid Cudi de se renouveler et de varier encore plus les flows. On l’aperçoit sur la couverture de l’album, plus obscure que la précédente. Il semble nous avoir emmené dans une nouvelle galaxie dans le but de nous raconter plus profondément sa vie, toujours si tiraillée entre drogue, alcool et dépression. Et ces soucis là, il en parle dans la plupart de ses morceaux.
Don’t Play This Song, The End ou encore These Worries (dans lequel il sniffe même avant son deuxième couplet), sont au sujet de son addiction à la cocaïne, et Marijuana, au sujet de la weed. Cudder semble même tenter de proposer sa musique comme une thérapie, voulant que ses auditeurs, les kids ne se sentent pas seuls.
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Par exemple, REVOFEV est un véritable hymne les appelant à ne pas stresser, We Aite (Wake Your Mind Up) est une interlude les poussant à ouvrir leur esprit, mais encore Mojo So Dope, sample du groupe pop danois Choir of Young Believers qui montre que Scott n’en a rien à faire du style de vie des autres et reste concentré sur l’essentiel. La rage monte cependant de plus en plus et The Mood marque la fin du troisième acte, menant vers des titres plus sombres.
Sa solitude revient à la charge dans All Along, morceaux où il se rend compte qu’il restera à jamais seul dans une certaine mesure, ou dans Ghost! et son impression de devenir un fantôme, c’est à dire de se fondre de plus en plus dans un nouveau « lui » qui ne lui correspond pas. Le dernier morceau Trapped in my mind, nous montre que l’artiste semble retenir les dures leçons que la vie lui a donné, des leçons sur les tristes épisodes de sa vie. Il dit être né dans cette « prison », et fier car c’est finalement ce qui a façonné sa personnalité si singulière.
Sur ce deuxième album, on retrouve des producteurs comme Emile Haynie, qui a participé à la plupart des morceaux, et Anthony Kilhoffer, qui a souvent collaboré avec Yeezy, ce dernier étant en featuring de nouveau, sur un son plus rock. On nous propose d’autres collaborations notamment avec CeeLo Green, Mary J. Blige, Cage, St. Vincent, GLC, Chip tha Ripper, et Nicole Wray.
Vers un retour sur la lune, qui lui aura pris une décennie
Les deux premiers albums de Kid Cudi ont incontestablement été de francs succès, étant tous deux certifiés Platine. Le plus important n’est cependant pas dans la certification, mais dans ce que Kid Cudi raconte. Cette trilogie commence par un album proposant un mélange de ce qu’il a pu déjà vivre dans sa jeunesse et son début de célébrité, à travers les visions qu’il imagine dans ses rêves et qui le détachent de sa dure réalité. Le deuxième fait évoluer ses flows, amenant une toute nouvelle proposition de valeur pour un véritable concentré d’émotions, posé sur des beats variés et accompagnés des légendaires « hummms ». Le natif de Cleveland puise dans ses propres références comme Pink Floyd, A Tribe Called Quest ou encore Tupac, en influençant maintenant des artistes comme Travis Scott, Logic et Kendrick Lamar pour ne citer qu’eux. Scott Mescudi chante pour les kids, notamment ceux qui se reconnaissent en lui, dépressifs, seuls et même pire, ayant des pulsions suicidaires, afin qu’ils retrouvent une lueur d’espoir. Dix ans plus tard, sa mission est réussie.
Vous pouvez retrouver le trailer du prochain album de Kid Cudi, « Man On The Moon » et le dernier épisode de la trilogie sur ses différents réseaux sociaux.
THE TRILOGY CONTINUES… pic.twitter.com/4Umpj7Ohqr
— The Chosen One (@KidCudi) October 26, 2020
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Article vraiment bien écrit !