L’attente, tel un voile impalpable tissé de promesses, a enfin trouvé sa conclusion. Ateyaba, l’artiste autrefois connu sous le nom de Joke, a dévoilé son nouvel opus, éclairant le paysage musical français. Intitulé avec une élégance évocatrice, La vie en Violet dresse un monument de sonorités inédites.
Il aura fallut attendre presque une décennie pour voir Ateyaba revenir sur le devant de la scène avec son album La Vie en Violet, dont l’essence ne vous laissera pas indifférent.
La construction d’une aura mystérieuse
Après avoir marqué les esprits avec son premier album éponyme en 2014, Ateyaba a choisi une voie plus énigmatique, se retirant dans les ombres pour façonner son opus tant attendu, initialement Ultraviolet. Mais telle une énigme dont les réponses s’effacent dans les méandres de l’attente, la sortie de cet album s’est vue repoussée, année après année.
Pourtant, Ateyaba a su transformer ce silence en une aura mystérieuse qui embrase l’imagination de ses fidèles. Ses apparitions rares, sa communication énigmatique, sont autant de coups de pinceau sur une toile où se dessine le portrait d’un artiste envoûtant, inaccessible et pourtant proche du public.
La Vie en Violet est une invitation à plonger dans l’âme d’Ateyaba. Une dualité artistique se déploie oscillant entre des thèmes superficiels de la vie contemporaine et des racines culturelles ancrées en des terres lointaines. Une plongée là où l’Égypte antique se mêle aux origines africaines, là où les pulsations modernes se marient aux traditions.
Les punchlines percutantes du rappeur prennent vie sur des rythmes enflammés, mystiques et électroniques sur un ton plug issu d’une équipe de beatmakers talentueux dont Flansie, FREAKEY!, Mangojefe et JA7CEE. Quant au morceau “Ghana”, il marque la connexion franco américaine avec le doué Young Nudy récemment acclamé pour Gumbo.
Ainsi, le voile se lève enfin sur La Vie en Violet. Les fans, fidèles gardiens de cette attente interminable, peuvent enfin se délecter de l’évolution artistique d’Ateyaba qui se réapproprie le rap français avec une assurance biaisée. Un pied dans l’avant-gardisme dont il fait preuve, l’autre dans la controverse d’une hyper créativité.
Dans l’attente prolongée, Ateyaba n’est demeuré ni inactif, ni indifférent. Il s’est dirigé avec audace vers d’autres horizons artistiques, déployant divers singles et projets. Cette exploration, véritable nourriture de sa créativité, lui a offert l’opportunité de cultiver une constante recherche de renouveau.
L’exploration d’horizons artistiques multidimensionnels
Cependant, La Vie en Violet d’Ateyaba continue de refléter l’image d’un artiste habité par une confiance inébranlable, une ambition ardente et une quête de réussite. Les paroles, centrées sur la matérialité et l’exhibitionnisme, laissent peu de place à des sujets plus profonds et engagés. Les relations avec les femmes, parfois dépeintes avec objectification, réduisent ces dernières à de simples instruments de plaisir. Cette mise en avant des aspects les plus superficiels de l’existence, cette glorification de la réussite basée sur des critères purement matériels, renvoient une impression de frivolité totale.
Le projet se teinte de l’univers nippon qui a toujours fasciné l’artiste depuis l’époque de Kyoto et Tokyo. Cette immersion se manifeste aussi bien dans son esthétique visuelle qu’à travers des références emblématiques à Murakami, Pokémon, Dragon Ball Z ou bien Hunter x Hunter. D’autre part, Ateyaba évoque à maintes reprises des lieux bien spécifiques du Togo, son pays natal imprégnant sa musique et son imaginaire créatif. De plus, le titre lui-même, avec une durée précise de 2 minutes et 28 secondes, démontre l’attention minutieuse à chaque aspect de création.
« Tu m’connais mal, donc tu dis, qu’personne est parfait, les rappeurs français, ils sont nuls, sur bien des aspects » – « Angélique »
A l’échelle de sa discographie, autant de fragments indissociables font d’ailleurs régulièrement écho à l’univers envoûtant de l’Égypte antique. Une fascination qui se trouve à travers des références évocatrices telles que « Nouveau pharaon », « Anubis », « Sekhmet » et « Ankh N*ga ». Ces références témoignent d’une connexion intime avec son héritage, d’un désir profond de mettre en lumière les terres d’Afrique qui nourrissent son être d’artiste. Parfois, une dimension spirituelle se dégage de ces évocations, comme en témoigne le clip d' »ALC », en partie tourné au Togo. De même pour les titres « Angélique » ou « Auréole” qui revêtent une signification symbolique unique, véhiculant un message spirituel.
En embrassant à la fois des thèmes superficiels et des références culturelles, Ateyaba offre ainsi une représentation plus authentique de sa propre condition humaine, évitant de se limiter à une vision unidimensionnelle. En réalité, il est clair qu’il peut y avoir une intention délibérée de susciter des réactions et des débats en confrontant ces différentes facettes du rappeur et en explorant les tensions qui en résultent. Que les auditeurs se délectent des aspects superficiels ou s’enivrent des références culturelles, l’album offre une expérience musicale qui ne laisse pas indifférent, méritant d’être explorée avec une ouverture d’esprit et une sensibilité critique.
La remise en question des normes et des attentes
La Vie en Violet offre une opportunité de réflexion sur l’influence de la musique standardisée et les avantages de prendre des risques artistiques. Ateyaba propose un univers musical qui suscite ouvertement des opinions divergentes.
Il est essentiel de prendre du recul et de considérer cet album, dans son contexte artistique, détachée des sujets préétablis. Cette création incarne une expression subjective, qui s’apprécie pour son énergie, son rythme et son style distinctif, sans pour autant adhérer intégralement aux idées véhiculées par les paroles. Ce qui peut sembler superficiel à certains auditeurs peut être perçu, par d’autres, comme une exploration des paradoxes de la vie moderne.
« Si tu veux briller faut pas être pessimiste, sépare-toi des gens qui t’utilisent » – « Cartier »
En définitive, le dernier opus d’Ateyaba se distingue par sa dualité artistique entre superficialité et racines culturelles, mais il ne se résume pas à ces deux seuls aspects. Il s’agit d’une œuvre qui remet en question les normes et cherche à offrir une expérience musicale multidimensionnelle.
La diversité d’interprétations qu’il suscite témoigne de sa capacité à engager les auditeurs dans une réflexion personnelle et à les pousser à questionner leur propre rapport à l’art. L’album représente une exploration de la créativité, de l’individualité et de l’authenticité artistique du rappeur originaire de Montpellier. Qu’il suscite l’adhésion ou la critique, il est indéniable qu’il offre une expérience qui témoigne de la diversité des expressions artistiques dans le paysage musical contemporain.
Il est essentiel de se tourner vers ceux qui prennent des risques pour créer une musique authentique, loin des influences commerciales et des tendances éphémères. Loin de l’océan de contenus qui amène à une uniformisation de la musique, où le succès commercial prime sur l’originalité et la créativité.
Porteur d’une vision artistique irremplaçable, Gilles s’inscrit activement parmi ces véritables artistes qui, dans une démarche à contre-courant, contribuent à faire avancer la culture. Sa capacité à transcender les jugements simplistes démontre la pertinence et la portée de son influence réellement majeure.
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