L’ouverture de ce nouveau siècle verra l’arrivée d’un des albums les plus aboutis jamais réalisé, une plongée métaphysique au coeur d’un chef d’oeuvre. Nous sommes le 11 janvier 2000 et D’Angelo sort Voodoo.
Après Brown Sugar sorti en 1995, D’Angelo va refaire parler la poudre. Voodoo est le second album du natif de Richmond en Virginie, qui vient confirmer le talent d’une partie des USA qui a vu éclore des artistes comme Pharell, Missy Eliott ou encore Timbaland. C’est dans la Grosse Pomme à New-York, dans les studios mythiques construit par Jimmy Hendrix, le Electric Lady Studios, qu’est concocté l’album. L’énergie qui habite les lieux transcende musiciens et tout ceux présent lors des sessions. Plusieurs invités feront irruption aux studios durant l’enregistrement, de Rick Rubin (co-fondateur du label Def Jam et véritable gourou de la musique) , à Q-Tip en passant par Eric Clapton ou encore Erykah Badu. Rappelons que D’Angelo a produit l’entièreté de ce disque.
À la fin des années 90’s, le mouvement néo-soul prend de l’ampleur ( notamment avec l’avènement des Soulqarians) et un des responsables de cette empreinte, qui travaillera à la réalisation de Voodoo, n’est autre que le Questlove, reconnaissable avec son afro, il est le batteur émérite du groupe The Roots, qui sortait en 1999 l’album Things Fall Apart.
Love & Neo Soul
Les sonorités de cet album sont à la croisée des chemins entre soul, RnB, jazz et hip hop. Une atmosphère chaude, ronde et voluptueuse se dégage durant l’écoute. L’amour est le thème principal de cet album, comme souvent en musique. Voodoo s’ouvre avec Playa Playa, annonçant directement la couleur, le crooner qu’est D’Angelo est accompagné par ce groove omniprésent, à grands coups de batterie et de cuivres. Devil’s Pie, qui vient juste après, reprend ce fameux boom-bap si précieux pour les hiphop heads. Des fans de hip hop qui seront ravis par la présence de Redman et Method Man (membre de Wu-Tang Clan) sur le titre Left And Right. L’un des points culminants de cet opus arrive avec les envolées langoureuses du morceau Send It On. Titre quasi ‘’Marvin Gayesque’’ dans son caractère charnel et entêtant. Le morceau fut écrit antérieurement après la naissance du fils de l’artiste, et lança la création de l’album.
Il se dit que Lauryn Hill devait figurer sur le morceau Feel Like Makin Love, avant d’être retiré à la dernière minute. Sans rancune.L’apport de la chanteuse n’aurait pas été de trop, toutefois la performance de D’Angelo reste plus que convaincante et poétique. Pas de descente prévue avant la fin du disque, qui finit en apothéose avec Untitled ( How Does It Feel), composé avec Raphael Saadiq, titre qui deviendra un hit. C’est le morceau Africa qui fait office d’atterrissage. Celui ci est controlé, sans secousse, résumant à merveille l’album.
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Voodoo est une réussite et met le monde de la musique d’accord. Le LA Times, Rolling Stones, Libé ou encore les Inrocks’ l’incluront dans leur classements d’albums de l’année 2000. Pitchfork attribuera la note de 10/10 à ce projet. L’album se vendra à plus de 320 000 exemplaires en première semaine ( cela sans la force du streaming évidemment). L’année suivant sa sortie, l’album recevra la récompense du meilleur album RnB au 43ème Grammy Awards. La vague RnB qui déferlera sur les années 2000 est due en grande partie au succès de ce disque intemporel.
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