Acclamé aux Golden Globes, Désigné Coupable s’impose comme l’un des films les plus intéressants à voir depuis la réouverture des cinémas.
Un film tiré d’une histoire vraie
L’histoire de « Désigné Coupable » peut paraître folle tant elle est injuste : on y découvre la vie d’un Mauritanien emprisonné à Guantanamo après les attentats du 11 septembre 2001, et cela sans réelles preuves ni chef d’accusation. Pourtant, c’est bel et bien ce qu’a vécu Mohamedou Ould Slahi. Le réalisateur, Kevin Macdonald (réalisateur de l’excellent Marley), impose rapidement cette dimension d’histoire vraie. Touchant dès le départ l’affect du spectateur.
Ce même affect, qui touche les personnages des deux avocates (dont l’une est interprétée par Jodie Foster) rend le film encore plus touchant. Cependant, au-delà de l’affect, le spectateur se retrouve plongé dans une ambiance post 11 septembre. De la création de Guantanamo sous l’administration Bush, au désir de trouver absolument des coupables à la hâte, tout y est dépeint. L’horreur de la torture psychologique et physique est montrée sous tous ses angles, interrogeant encore une fois sur les méthodes utilisées par les américains.
Sorte de psychose patriotique générale, la dualité qui traverse le personnage joué par Benenedict Cumberbatch incarne cette schizophrénie traumatique. Ce même personnage accusé d’être un « traître » lorsqu’il demande plus de preuves pour condamner un homme. La dualité est également poussée à travers l’avocate, qui est tiraillée entre l’affect pour son client et son passé.
Tahar Rahim, l’acteur principal
Si le film peut se vanter d’avoir de belles têtes d’affiche, il peut également se vanter d’avoir Tahar Rahim comme personnage principal.
Le français prouve encore une fois qu’il est l’un des acteurs les plus talentueux de sa génération, en incarnant un homme que tout devrait briser, mais qui tente de survivre psychologiquement dans cet enfer. Loin d’être manichéen, son personnage peut sembler clivant par son passé et par les accusations dont il fait l’objet. Néanmoins Tahar Rahim, porte au plus haut un ethos qui ne laisse pas insensible.
Peu après l’immense série Le Serpent, Tahar Rahim renoue avec le grand écran. Encore une réussite pour lui qui livre dans ce film sa meilleure performance depuis le très grand Un Prophète (de Jacques Audiard). Film qui comme Désigné Coupable, explore l’univers carcéral. Par ailleurs, certaines scènes ou postures, font forcément penser au film français qui l’a révélé au grand public.
Désigné Coupable est actuellement au cinéma.