Après le dérangeant « Get Out » et le terrifiant « US » Jordan Peele revient avec un nouveau long métrage sobrement intitulé « Nope ».
Sommes-nous seuls dans l’univers ? Une question que chacun d’entre nous s’est déjà posé au moins une fois dans sa vie, et à laquelle Nope nous invite à réfléchir. Depuis la nuit des temps, l’homme est fasciné par l’espace et les étoiles, et chacun y va de sa théorie. Cela fait maintenant 50 ans que les scientifiques essayent de communiquer avec une forme de vie extraterrestre. Cette possible forme de vie hors de notre planète est aujourd’hui rentrée dans l’imaginaire collectif, et même dans la pop culture. De « E.T » à « Premier Contact » en passant par « Star wars » beaucoup d’auteurs et réalisateurs ont laissé parler leur imagination afin de représenter les êtres venus d’ailleurs.
Après avoir traité de l’esclavage moderne dans l’excellent « Get Out » et de la théorie des souterrains et des doubles maléfiques dans l’horrifique « US », Jordan Peele s’attarde dans son troisième film sur les ovnis et la théorie de la vie extraterrestre.
En effet deux éleveurs de chevaux pour Hollywood, un frère et une soeur vont être témoins d’événements surnaturels affectant le comportement humain et animal. Tous les moyens seront bons pour découvrir la nature de cette force terrifiante et mystérieuse.
Une rencontre du troisième type déroutante
Au vu du succès critique et commercial des deux précédents métrages, Jordan Peele et son troisième film étaient très attendus. On vous prévient d’avance, « Nope » ne plaira pas à tout le monde. Au premier visage, le film est d’une certaine complexité tant les différentes intrigues se mélangent. À l’instar d’ « US », vous et votre cerveau ne sortirez pas indemnes de la salle de cinéma.
Le film laisse son spectateur avec de nombreuses questions sans réponse. Chacun ira de sa petite théorie et essayera de décrypter les différents messages cachés pendant près de 2 heures et 15 minutes. Le film peut paraître gourmand voire indigeste en terme de références. Notamment les références à la religion ou les nombreux clins d’oeil au cinéma en lui-même.
Comme à son habitude Jordan Peele fait à nouvelle fois une satire de la société américaine et de ses excès, critiquant l’American Dream et la lente transformation d’Hollywood en parc d’attractions. Le réalisateur nous rappelle aussi que l’humain ne peut pas tout contrôler. Illustré par le personnage interprété par Steven Yeun aka Glenn de « The Walking Dead », le réalisateur nous rappelle que tous les animaux ne sont pas domptables.
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Le reste du casting n’est pas en reste ! Après avoir déjà joué sous l’oeil de la caméra de Peele, Daniel Kaluuya est à nouveau excellent et son alchimie avec Keke Palmer sa partenaire à l’écran fonctionne à merveille. Les échanges entre les personnages sont sublimés par une excellente soundtrack.
La bande originale composée par Michael Abels sublime elle la mise en scène de Jordan Peele. Le réalisateur fait preuve d’une grande ingéniosité et ça, dès le générique d’entrée. Souvent filmés en contre plongé, les décors en sont que plus impressionnants. Jordan Peele nous rappelle également qu’il reste un maître en matière d’horreur. Le film n’est pas aussi oppressant que « Get Out » où « US » mais nous livre quelques scènes horrifiques qui font mouche.
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Plutôt « La Guerre des Mondes » ou « Mars Attack »
Mais là où le film se démarque vraiment, c’est dans sa capacité à jouer avec notre image des extraterrestres. Prenez un instant et fermez les yeux, imaginez-vous un alien. Naturellement votre cerveau va vous projeter l’image d’un être gris aux gros yeux noirs et au crâne allongé. Jordan Peele, comme de nombreux réalisateurs avant lui, déconstruit l’image de l’alien ancrée dans l’imaginaire collectif.
Le réalisateur joue avec le spectateur tout au long du métrage en nous mettant face à notre culture cinéma. Comme Wes Craven l’avait fait avant lui en 1996 avec le premier volet de la saga « Scream », Jordan Peele joue non pas ici avec les codes de l’horreur, mais avec les codes de la SF des années 80 notamment celle de la série Z afin de mieux nous surprendre.
De la soucoupe grotesque en passant par le cliché de l’extraterrestre Jordan Peele semble dans la première partie du film, tombé dans le stéréotype. Après avoir joué avec les codes du genre, le réalisateur nous partage sa vision de la vie extraterrestre et nous sort du confort que nous propose notre siège et notre imaginaire.
Jordan Peele s’amusera également tout au long du film grâce aux nombreuses références au cinéma des années 80-90, mais aussi à de nombreuses théories du complot. Observer les différents t-shirts portés par les personnages ou s’attarder sur les différents posters présents dans les pièces s’impose rapidement comme un jeu tout au long du film.
« Nope » est disponible dans nos salles obscures depuis le 10 août dernier et vaut clairement le coup qu’on s’attarde dessus !