À tout juste 24 ans, Lous and the Yakuza est en passe de devenir un des grands noms de la musique francophone. Adoubée par Damso ou Hamza, aperçue à la Fashion Week parisienne et sur le catwalk de Chloé, écoutée et validée par la crème de la crème de l’industrie de la musique (Madonna, rien que ça !), celle dont le premier album, Gore, est produit par El Guincho (le même qui a produit El mal querer de Rosalía), est bien partie pour retourner la scène musicale mondiale. Trente Trois Degrés vous brosse son portrait.
Les fantômes du passé…
Une des sources d’inspiration majeure des artistes est leur passé, leur histoire, leur background, ce qui les a forgé et ce qui les a menés au succès. Lous and the Yakuza n’échappe pas à la règle. Son premier album, Gore, sorti le 16 octobre dernier, nous invite à revivre avec elle ses 24 ans passés sur terre.
Née en 1996 en République démocratique du Congo, la jeune Marie Pierra se voit très tôt séparée de sa mère, rwandaise, arrêtée pour des raisons politiques. C’est donc à deux ans à peine que l’artiste a dû faire face à la brutalité de la vie, du racisme et de la guerre.
Puis, court séjour en Belgique avec sa famille et au Rwanda, pour s’installer définitivement à Bruxelles en 2011.
Bonne élève (bac avec un prix d’excellence en physique et en latin !), Marie Pierra se met à écrire très tôt, fascinée par l’idée qu’on puisse écrire pour se souvenir. Vite alors, elle décide de devenir chanteuse…au grand désespoir de ses parents, tous deux dans la médecine, qui aimeraient voir leur fille suivre leurs pas.
Celle-ci se doit alors chercher un job alimentaire afin d’être indépendante financièrement. Et c’est là que les problèmes débutent. En effet, comment se consacrer à la musique quand le boulot occupe les 3/4 du temps ? De galère en galère, la jeune femme se retrouve très vite sans domicile fixe, à errer dans les rues bruxelloises, à côtoyer des prostituées, à flirter avec la drogue et à faire des allers-retours à l’hôpital. Sans parler des agressions sexuelles qu’elle subit et dont elle parle dans le morceau « Quatre heures du matin ». Sans relâche, la jeune artiste continue de se donner à 100% pour son art et cherche par tous les moyens à enregistrer en studio. C’est d’ailleurs à ce moment qu’elle rencontre Damso qui, comme elle aime le dire lui a « sauvé la vie ».
… qui continuent de hanter l’artiste
Mais c’est ce dur vécu qui construit tous ses textes aujourd’hui et son premier album, Gore. Si le nom n’est pas joyeux, l’ambiance qui émane de l’album est un fort cocktail à base de rap, de trap et un soupçon de pop.
Gore est autobiographique et aborde les sujets auxquels Lous and the Yakuza a dû faire face : solitude (Téléphone sonne ou Dilemme), trahison amicale (Messes basses) ou encore oppression des femmes par la prostitution (Courant d’air). C’est un cri de douleur qui raconte son histoire et les injustices auxquelles elle a fait face.
Car la musique de Lous and the Yakuza c’est aussi ça. Un engagement sans limite qui lutte pour des causes qui lui tiennent à coeur. Des morceaux qui dénoncent la violence subie par les femmes oui, mais aussi le racisme. Parce que Gore exalte et est une ode à la beauté de la femme noire. Dans le morceau «Solo» par exemple, la jeune belge demande « Pourquoi le noir n’est-il pas une couleur de l’arc-en-ciel? », et compte bien faire entendre sa voix de femme forte et engagée. Toujours avec des clips à l’esthétique irréprochable !
Une tornade d’énergie, forte et engagée
Si Lous and the Yakuza a réussi à se sortir du pétrin seule, elle n’oublie pas ceux qui lui ont tendu la main quand tout allait mal. Idée qu’on retrouve d’ailleurs dans son pseudo. « Lous » est l’anagramme de soul tandis que « The Yakuza » (membres de mafias japonaises) attribue du crédit à toute l’équipe qui l’entoure, ceux qui travaillent dans l’ombre et ceux qui l’ont révélée au grand jour, cette équipe indispensable qui font d’elle l’artiste qu’elle est aujourd’hui.
Mais ce qui fait surtout la force de l’artiste c’est cette dualité entre la positivité et le gore, tatouée dans l’album et surtout sur son front. Son tatouage c’est une silhouette, avec deux bras levés vers le ciel. Une action qu’on fait lorsqu’on est extrêmement heureux. Ou extrêmement triste, au choix.
Lous and the Yakuza a aussi un style bien particulier aussi, entre guerrière, diva et hip hop. Toujours dans un esprit de dualité. Joaillerie, grillz et tatouages font partie intégrante de l’artiste belge.
Bien plus qu’une artiste révélée par Damso, bien plus qu’une chanteuse qui est partie de rien et qui s’est battue pour être là où elle est aujourd’hui, Lous and the Yakuza est une femme forte, de ces battantes qu’on admire, cette tornade d’énergie toujours accompagnée de ses Yakuzas.
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