Au sommet de la Tour Essor de Pantin, Prinzly nous reçoit au détour d’une pause déjeuner animée. Entre deux crocs, il nous livre son ressenti sur les débuts de sa carrière d’interprète. Après avoir été couronné de succès en tant que compositeur, Prinzly, artiste complet, prend le micro et dévoile au public un flow spatial. Voyage et discussion.
Il existe parfois des personnes qui savent tout faire. C’en est ainsi pour Prinzly et la musique. Artiste complet, le rappeur met enfin en valeur ses qualités d’interprètes. Après la sortie d’un premier opus intitulé « Propulsion », le voici engagé pleinement dans son voyage direction le « Ciel » avec ce second opus. Prinzly semble enfin être devenu celui qu’il devait être comme il nous le révèle dans cette interview. Entretien avec un artiste passionné.
Comment tu te sens à l’amorce de la sortie de ton second opus « Ciel » ?
Je suis parti d’un constat simple : ne m’attendre à rien. Donc vu les premiers retours, je ne peux que kiffer. Je produis ma musique et si les gens apprécient c’est du bonus. À la sortie de “Propulsion” c’était un peu la folie. Je ne m’y attendais pas. Désormais, à l’amorce de la sortie de “Ciel” c’est déjà comme si je partais à nouveau de zéro. Je suis concentré.
Cela fait un moment que tu es dans la musique. Tu rappes depuis très longtemps même si ça peut étonner les gens qui te connaissent plus en tant que beatmaker. À quel moment tu découvres et tombes amoureux du rap ?
Depuis mon enfance j’adore la musique. J’ai toujours baigné dedans, notamment du fait de mes origines congolaises. Au départ, je choisis le rap tout simplement parce que c’est la forme de musique qui me parle le plus. Les rappeurs qui chantaient et racontaient leurs histoires c’était tout simplement des gars qui me ressemblaient et vivaient les mêmes expériences que moi. Mais, même si j’ai grandi avec le Rap, je n’ai jamais été fixé que sur le Rap. C’est simplement ce qui m’a le plus inspiré et influencé.
Dans ta musique il existe pleins de sonorités différentes. Tu te nourris de quelles influences ?
Il y a du rock, de l’électro, de la house, c’est très varié. En fait je m’inspire de ce qui m’a marqué dans la vie et des différents styles de musique avec lesquels j’ai évolué. Si je devais donner mon top 3 influences je citerai Michael Jackson, Kanye West, et les Daft Punk. C’est du travail de réussir à assembler de façon cohérente ces sonorités. Je le délivre comme ça, ça semble juste être une tape bien réalisée mais ça été du travail de maîtriser l’ensemble de ces éléments. Cela a pris des années.
Tu as longtemps attendu avant de venir sur le devant de la scène en tant qu’interprète. T’avais besoin de ce moment dans l’ombre en tant que beatmaker ? Tu as eu un déclic ?
J’aime bien cette question. En fait, le placement de prods a tout simplement pris le dessus à un moment. La première fois que j’ai signé je l’ai fait en tant que compositeur/interprète. Je désire depuis le départ être un artiste complet. Mais dès les premiers mois de ma signature mes compositions ont été proposées à des rappeurs importants. Je me suis retrouvé sur 10 gros singles la même année. Tout a été très vite. Donc à partir de ce moment, la demande de prod excédait le temps que je pouvais passer sur mes propres sons.
Mais j’ai tout de même continué à poser, je n’ai jamais lâché le rap. Lorsque tu réalises des prods, tu chantonnes, tu penses à des toplines, tu as tout le temps des idées de flow, donc c’est constamment resté dans un coin de ma tête. Puis est venu un moment où ça m’a manqué. J’ai repris le rap et lorsque je faisais écouter aux gens, j’avais de bons retours.
« Je me suis dis : il faut que je m’y mette. »
Finalement ce passé de compositeur est bénéfique. Tu as pu t’enrichir de la carrière des artistes que tu as côtoyé.
C’est totalement ça. Je le vois comme un bonus que très peu de gens ont eu la chance d’avoir. J’ai bossé avec beaucoup d’artistes, j’ai vu beaucoup de manières de faire et j’ai pu ainsi trouver la mienne. C’est certain que mon passif de beatmaker m’a aidé.
Au final je n’ai jamais été que beatmaker. Ce sont les gens qui m’ont collé cette étiquette. Je suis un artiste et je l’ai toujours été. Je suis beatmaker, interprète, réalisateur, je sais tout faire. C’est pour ça que lorsque j’entends que l’on parle de moi uniquement comme un beatmaker, je me sens enfermé dans une case.
Et donc tu débarques en tant que rappeur sur un featuring avec Hamza, pas mal comme début. Pourquoi avoir pensé à lui ?
C’est le goat. Etant donné les années que j’ai passé à réaliser des prods, ma réflexion était simple : Il fallait marquer le coup. Je ne pouvais pas arriver avec un morceau tiède. Il fallait casser des bouches tout de suite. Et quelle meilleure manière de faire que d’arriver avec Hamza sur un clip comme celui de “Zoum!”.
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D’ailleurs ce track est scindé en trois parties. Comment on écoute ta musique ? Tu aimes faire en sorte de sortir l’auditeur de sa zone de confort ?
J’aime bien surprendre l’auditeur, c’est vrai. Le point le plus important sur lequel je mets l’accent sur mes projets reste tout de même la cohérence. Même si une personne n’a pas l’habitude d’entendre ma musique, à la fin du projet elle doit se dire “finalement ce n’était pas si compliqué que ça”.
J’aime faire des morceaux que l’on réécoute. Je n’apprécie pas vraiment les morceaux qui ont une durée de vie d’une à deux semaines. Mon public l’a bien compris puisque pour les morceaux sortis sur “Propulsion” je commence à recevoir plus de messages maintenant que la semaine où on a sorti l’opus.
Le public s’attache aussi progressivement à ta D.A. La couleur bleue ressort clairement de ton imagerie. Pourquoi ?
C’est drôle parce que je n’en avais pas parlé avec mon équipe, mais lorsque j’ai réalisé ce projet j’ai eu une couleur qui m’est venue naturellement et c’est le bleu. Donc c’est resté dans un coin de ma tête et lorsque l’on a commencé à travailler sur le visuel, le bleu a inspiré toute l’équipe. J’aime bien avoir des couleurs par thèmes, par morceaux, par mood, ça m’aide dans la création du morceau. Le bleu était logique, c’est la couleur que dégage ce projet.
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Cette couleur évoque certains symboles tels que la nuit et l’espace, des éléments qui semblent importants dans ta musique. Pourquoi ?
Pour ce qui est du ciel, c’est un univers qui me parle. J’aime beaucoup la nuit, mais je ne vais pas trop en dévoiler tout de suite. Quant à l’espace c’est l’inconnu, c’est dangereux et c’est un grand voyage vers quelque chose que l’on ne connaît pas. J’ai été influencé par un grand nombre de films sur l’espace comme “2001 l’Odyssée de l’espace”, “Alien”, mais pour moi personne n’est encore parvenu à dépasser “Interstellar”. C’est si spectaculaire, ça semble toujours plus grand que nature. C’est un monde infini et ce n’est pas dit qu’un jour on puisse le découvrir. Cela laisse une grande place à l’imagination et ça me fascine.
« Les morceaux qui m’ont vraiment marqués sont ceux qui m’ont fait voyager. J’aime faire voyager les gens lorsqu’ils écoutent mes morceaux. »
Ton interprétation est une invitation au voyage, mais tient aussi une dimension introspective.Tu dis dans “Flou” “fuir ce monde de fou”. La musique c’est pour toi un moyen de quitter le réel ?
Il n’y a pas que l’espace, il y a aussi la vie humaine. L’espace revient dans les sonorités choisies, mais dans mes paroles je veux rester terre-à-terre. ien entendu je veux laisser libre court à mon imagination, mais à terme j’aimerais encore plus parler des inégalités dans le monde, de ma famille, de mes ambitions. Je reste un être humain. J’aimerais être là-haut mais je suis avec vous, et je vis les mêmes réalités que tout le monde. Je n’oublie pas que ma musique doit toucher le public. Il ne faut pas que je sois trop détaché pour que les gens puissent se reconnaître dans ma musique.
Cet aspect introspectif est important. J’ai quand même un certain âge donc je n’arrive pas sur la scène rap à 20 piges. Je ne peux pas seulement raconter des histoires avec des voitures et des filles. Il doit y avoir un message derrière ma musique, je veux raconter quelque chose. D’autant plus que ce premier projet est l’occasion pour moi de me faire connaître et comprendre. Encore que, je ne me sois même pas tant livré que ça, j’ai juste donné ce qu’il faut pour qu’on se dise “ok Prinzly c’est comme ça”.
Il y a aussi une dimension cathartique dans ta musique. Comme si tu avais eu besoin de devenir interprète. Cela se retranscrit dans le track “Coordonnées” avec cette phrase “ouais je suis en vie”.
Tout simplement parce que j’aurais pu ne pas être en vie aujourd’hui. Lorsque j’ai commencé à faire de la musique je n’avais pas une vie agréable et comme beaucoup de jeunes j’ai fait des conneries qui auraient pu mal finir. Des gens ont cru en moi et sont venus me chercher au fin fond de ma grotte. La musique m’a sauvé.
La partie ne fait donc que commencer ?
C’est certain, je suis encore en mode bébé. Je vais continuer de taffer car j’ai l’ambition de tout faire. J’ai 5-6 albums à sortir et si on peut même faire un film, on le fera. Pour l’anecdote ces deux premiers EP n’étaient pas censés sortir. Initialement, on devait sortir un seul gros projet. Mais pour rendre tout cela digeste et le bien de tous on a allégé le repas et préféré livrer le projet en plusieurs étapes.
Le mot de la fin. Un moment à 33° pendant la réalisation de cet album ?
Chaque son possède son élément qui m’a marqué. Je pourrais te citer un morceau aujourd’hui et en citer un autre demain. Chaque morceau aurait d’ailleurs pu être indépendant. Une fois que l’ensemble du projet sera sorti, on découvrira alors le lien entre tous les morceaux. Le puzzle sera complet.
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