Malgré une pandémie mondiale, l’année 2020 aura été riche pour le rap français. Focus sur notre top 10 des meilleurs albums de l’année.
Twinsmatic, Atlas :
Sortir un projet pendant le confinement n’était peut-être pas le choix le plus stratégique pour un artiste. Néanmoins, ça n’a pas freiné Twinsmatic qui a dévoilé son premier album Atlas. Le pari est réussi, et l’album tient indéniablement sa place dans les meilleurs albums de l’année.
Tout d’abord, on a enfin une direction artistique, un fil rouge tout au long du projet, chose qui fait de plus en plus défaut aux projets. Dans Atlas, Twinsmatic propose une véritable expérience sonore, une balade musicale des plus intéressantes qui soient. Les collaborations sont surprenantes, à l’image de Marj, que l’on découvre à 2 reprises. On retrouve également un Ash Kidd et un Dinos, très efficaces. Pour finir le projet est porté par des poids lourds comme par exemple Gros Lot, qui réunit 13 Block et Koba la D, ou encore un SCH monstrueux et peut être à son meilleur niveau sur X2. Atlas demeure un projet très intéressant, et vraiment réussi, si vous n’avez pas encore écouté, foncez il y en a pour tous les goûts et toutes les humeurs. Nous, on attend impatiemment une suite.
Maes, Les Derniers Salopards :
Le plus gros succès commercial de 2020. Maes signe ici son plus gros succès commercial, porté par des morceaux entrainants et en featuring comme Dybala (ft Jul), Blanche (ft Booba) ou Distant (ft Ninho).
Si beaucoup lui ont reproché de trop chanter, Maes leur répond à travers Dragovic, Elvira ou Marco Polo. Un Maes qui rappe nerveusement, voilà où il reste le meilleur. Cependant les morceaux entraînants sont bien travaillés et font de l’album, un projet complet et très plaisant à écouter. Finalement, le seul regret de l’album c’est de ne pas contenir Partout. Morceau dont l’instru avait dévoilé la tracklist et que Maes avait dévoilé lors de son Planète Rap.
Green Montana, Alaska :
Alaska c’est l’état américain bien connu pour ses températures basses et c’est également le titre du premier album du belge Green Montana.
Le froid, c’est ce que l’album dégage globalement. Green Montana se dévoile à travers des prods très intéressantes, qui semblent parfois au même niveau sonore que sa voix. Imposant un univers froid et glacial, la direction artistique est réussie avec des titre comme Ducci 3 ou encore J’Roule. Par peur de trop s’enfermer dans cet univers, le morceau Sale Tchoin tire son épingle du jeu, à l’aide d’une musicalité très entrainante, qui donne envie de quitter l’Alaska pour des plages ensoleillés. Cerise sur le gâteau, un autre titre tout aussi mélodieux avec Tout Gâcher, cette fois ci en featuring avec Booba. Une belle réussite à mettre au compteur du nouvel artiste du 92I.
13 Organisé :
Réunir l’ensemble des rappeurs marseillais peut paraître ambitieux sur le papier. C’est bel et bien un défi relevé par 13’Organisé, qui réunit la crème des rappeurs de la cité phocéenne. Le projet alterne entre des morceaux qui s’inscrivent dans l’actualité, et d’autres qui sont une ode au rap marseillais. Le projet se conclut magistralement par le morceau Je suis Marseille. Réunissant l’ancienne génération avec un Akhenaton et un Shurik’n toujours aussi puissants, et la nouvelle avec un SCH et un Jul pour ne citer qu’eux, avec Alonzo et L’Algérino qui semblent être les figures de transition entre ces générations. Le morceaux reprend l’instru de deux morceaux bien connus du rap marseillais ; Où je vis de Shurik’N et Marseille La Nuit d’IAM. De l’intro jusqu’à la conclusion, le projet est homogène et met en avant tous les artistes présents, les connaisseurs du rap marseillais apprécieront notamment le retour du Rat Luciano. Que l’on aime le projet ou non, il a redoré le blason du rap marseillais. Ce même rap qui revenait en force et qui connait une nouvelle heure de gloire. Jusqu’à quand ?
Capitaine Roshi, Attaque 2 :
Si 2020 a marqué un coup d’arrêt sur certaines industries, il est sûr que Captain Roshi n’en a pas entendu parler. En l’espace d’un an, le rappeur parisien a sorti 3 projets avec Contre-Attaque, War et Attaque II. Ce dernier, vient boucler une année riche en projets, et ce avec la manière. Et quelle manière !
Le natif de Kinshasa nous dévoile un album très riche, en commençant avec Ignir, le rappeur parisien débite un flow ultra-rapide, par-dessus une prod qui peut rappeler une borne d’arcades ou encore un jeu vidéo comme Tetris. Les titres défilent, et font place à des featuring bien amenés, comme celui avec Gradur sur Ébélé ou encore PLK sur Déjà Fait. Cerise sur le gâteau, le morceau Détails, où l’on retrouve Alpha Wann. Le titre est peut-être, le mieux écrit avec un Captain Roshi et un Alpha Wann, déterminés à découper la prod à l’aide de couplets bien aiguisés. Finalement Captain Roshi, livre un album et un univers très riche, alternant introspection, mélancolie, joie et rap à vitesse grand V. C’est avec 15 titres au sein d’Attaque II, qu’il conclut une année 2020 réussie, à l’image de son album.
Freeze Corleone, La Menace Fantôme :
Outre les polémiques, outre les accusations et les différents boycotts, il est impensable de ne pas classer l’album de Freeze Corleone dans les albums de l’année.
Le projet synthétise toute la technique de Freeze Corleone. L’intro Freeze Rael, annonce la couleur, avec un flow tranchant et une technique indissociable du natif des Lilas. La Menace Fantôme, permet à Freeze Corleone, de performer à son meilleur niveau et ce sur 17 titres. De plus les collaborations sont toutes réussies, d’Alpha Wann à Stavo en passant par Alpha 5.20 ou Shone, chaque morceau est riche en intensité, portée par des prods sombres, puissantes, et par des couplets tranchants. Mention spéciale à PDM, (avec Alpha 5.20 et Shone), où le principal intéressé pose un couplet qui pourrait résumer la musicalité et la technique de l’album.
Laylow, Trinity :
Surement le meilleur album de 2020. Peut-être l’un des albums les mieux construits de ces dernières années avec JVLIVS de SCH.
Laylow nous plonge dans un véritable récit, auditif mais qui pourrait très bien être cinématographique. Le projet, dévoile une balade sous plusieurs dimensions, qui sont toutes connexes. Une balade psychologique, où l’on suit un Laylow, pourchassé pour avoir donné naissance à un logiciel nommé Trinity. Logiciel capable de faire ressentir des émotions. Des émotions, voilà ce que l’album couve.
Au fur et à mesure les titres construisent une balade tant musicale, qu’émotionnelle. Retranscrivant la solitude, la dépression, la passion, la colère, la violence, la déception amoureuse, le toulousain brosse un portrait d’un homme en quête de sensations perdues. Le tout, porté par un univers froid, vicieux, autoritaire et anxiogène. La force de Trinity c’est de plonger entièrement l’auditeur, spectateur dans cet univers, et de lui faire ressentir les émotions, au point même de se questionner sur celles du narrateur. À travers des instrumentales et des musicalités extrêmement bien travaillées, Laylow livre Trinity, un excellent projet qui s’inscrit dans les meilleurs albums de 2020. Si ce n’est le meilleur d’entre eux.
Zola, Survie :
Après le grand succès rencontré pour son premier album Cicatrices, Zola revient en force avec Survie. Cette fois, le rappeur du 91 a pris en maturité et cela se ressent au fur et à mesure de l’album.
Les prods sont efficaces et mélodieuses, on reconnait la patte de Kore. Même si les rimes peuvent être parfois faciles, le projet dégage une ambiance globale, des plus agréables. De plus, malgré une collaboration avec Leto sur Papillon, c’est le morceau 9113 qui marque le plus. Morceau qui trouvera un succès quasi-garanti dans vos soirées. Tout comme la majorité de l’album, qui vient conclure l’année.
Dinos, Stamina :
Dinos boucle sûrement une trilogie après Imany et Taciturne. Le rappeur de La Courneuve, livre son projet le plus abouti jusqu’à aujourd’hui.
L’album débute avec Dyptique et finit sur 93 Mesures, deux morceaux bien écrits, assez introspectif, et qui reflètent la maturité prise du rappeur. L’ensemble du projet est riche d’ambiance et d’écriture. Surprise de l’album, les featuring. C’est une belle liste de collaborations, comportant Da Uzi, Tayc, Zefor, Zikxo, Leto et Nekfeu, dont Stamina peut se vanter. Le titre Moins Un, en featuring avec Nekfeu, est assurément, le plus impressionnant par sa technique et par les punchlines successives. Finalement, Dinos signe l’un des meilleurs albums de 2020, avec une musicalité plus mature, et avec les composants qui font le succès de Dinos. À savoir, une technique et une écriture qui se font de plus en plus rare, dans le paysage du rap français.
Kalash Criminel, Sélection Naturelle :
Le cagoulé le plus connu de France, revient pour un deuxième album intitulé Sélection Naturelle.
On y retrouve un Kalash Criminel toujours aussi brutal mais toujours aussi efficace. Si le rappeur sevranais est connu, c’est pour ses métaphore violentes et ses punchlines violentes mais imagées. Cependant Kalash Criminel, ne tombe pas dans le cliché du rappeur juste bon à parler de violence.
De fait, il peut être considéré comme hardcore, mais bien plus que la forme, il y a le fond. Les sujets évoqués à de maintes reprises, sont brutaux, violents. Le cagoulé n’hésite pas à dénoncer, des faits de société ou d’actualité, comme par exemple l’exploitation de l’Afrique par les compagnies minières, ou encore la condition d’un albinos. L’alchimie entre ces thèmes et la technique de Kalash Criminel, s’avère des plus intéressantes.
De plus l’album contient des featuring avec BigFlo et Oli, Nekfeu et Jul. Les collaborations sont très réussies, réussissant à fusionner parfaitement des univers, parfois assez éloignés. Finalement, le plus beau compliment que l’on puisse attribuer à Kalash Criminel, c’est de le catégoriser dans les derniers rappeurs hardcore. Hardcore, que ce soit dans la forme ou dans le fond, à l’image d’un Kery James, qui demeure finalement le plus hardcore de tous les rappeurs.
Bonus
Nepal, Adios Bahamas :
On voulait finir cette sélection avec un bonus et pas n’importe lequel, l’album Adios Bahamas de Népal. Le défunt nous laisse avec un album réussi.
Le projet, dépeint le questionnement d’un homme face à une société, qu’il considère en dérive. De l’écologie, à la politique, en passant par la drogue ou encore une réflexion sur la vie et les émotions, le projet interroge l’auditeur. D’un côté, on peut regretter un léger manque de rap pur et technique, au profit de mélodies et de titres plus légers. Mais globalement sur 12 titres, une ambiance de famille se dessine. Les featuring semblent familiers (Di Meh, Nekfeu, Doums, 3010, Sheldon), mais surprennent agréablement. La connexion entre Nekfeu et Népal fait sourire, tant cela semble facile et évident pour les deux artistes. Avec Adios Bahamas, l’adieu de Népal n’est que plus touchant et significatif. Repose en paix.
2 commentaires
[…] Musique […]
[…] Musique […]