Style vestimentaire ultra-populaire depuis le début du 21e siècle, le streetwear ne cesse de conquérir le cœur des amateurs de mode. De sa genèse à New York dans les années 80 à sa démocratisation mondiale dès les années 2000, le streetwear n’hésite pas à s’inspirer des codes de la mode Y2K pour évoluer. Focus sur un style pas comme les autres : ses influences et ses origines.
Longtemps vu comme une contre-culture à fuir, le streetwear a su se faire une nouvelle image naturellement au fil du temps. Elle est aujourd’hui devenue une culture reconnue et internationale, pleinement encrée dans notre société.
L’influence des années 2000
Véritable OVNI dans l’univers de la mode, le streetwear est en constante évolution depuis les années 80. Pour accéder à un tel succès, ce style vestimentaire s’est vu être porté – au sens propre comme au sens figuré – par différents stylistes et “influenceurs” de cultures, d’inspirations ainsi que de milieux différents. L’hétérogénéité des acteurs de l’univers streetwear est d’ailleurs l’une des principales forces du mouvement.
Pour subsister à travers les années, évoluer et toujours être dans l’air du temps en terme de flow, stylistes et portes étendards du streetwear n’ont pas hésité à s’inspirer d’autres mouvements modes. Parmi les influences marquantes, impossible de ne pas nommer les années 2000, ou plus précisément la mode vintage.
Inoubliables, uniques et novatrices, les années 2000 et la mode vintage ont marqué au fer rouge la mémoire de toute une génération. Tantôt qualifiés de trop kitsch, tantôt qualifiés d’has been ou de trop voyant, la mode vintage et ses codes, n’ont pourtant jamais vraiment disparu et sont aujourd’hui encore utilisés.
Cela commence par le choix des couleurs. Les couleurs vives n’étaient, à l’époque, pas à bannir si on voulait être tendance. Cette affection particulière pour les couleurs chaudes se retrouve aujourd’hui, avec des centaines de coloris disponibles pour une simple pièce de vêtement ou pour une paire de basket. Les couleurs vives épousent un idéal de bonne humeur, où la positivité et l’optimisme règnent. Une mentalité encore plus vraie aujourd’hui après la crise sanitaire, les confinements et échéances environnementales.
Les motifs sont également une tendance inspirée des années Y2K. De nos jours, ils prennent place sur nos tee-shirts et pantalons. Le tout avec une taille large, voire ultra large, afin d’être à l’aise dans son corps et confiant sur son allure. L’influence des années 2000 continue avec cette volonté d’avoir des looks osés et des mélanges improbables afin de se différencier des autres, avoir son propre style, être tout simplement unique.
Claire Grundmann, styliste spécialisée dans la mode streetwear observe un changement de mentalité chez les adeptes de cette mode urbaine: “ Depuis la fin du confinement, j’ai l’impression d’observer une envie de style beaucoup plus énergique, qui attire l’attention. Les jeunes se sont retrouvés, les activités divertissantes reprennent et cela correspond beaucoup au mood des années 2000, qui était très effervescent.”
Enfin, selon Claire, la culture mode vintage des réseaux sociaux a grandement apporté au streetwear : “L’influence de TikTok sur la mode actuelle est très (très) forte et c’est vraiment une plateforme à prendre en compte au même titre qu’Instagram. Beaucoup de marques de luxe et artistes se tournent d’ailleurs vers TikTok et beaucoup de figures influentes de la plateforme ont adopté cette esthétique 2000 (Y2K). Exemple : Addison Rae”
>> À LIRE AUSSI | Le Space Age : un retour vers le futur
Pourquoi s’inspirer des années 2000 ?
Très prolifiques pour la mode, les années 2000 ont eu la chance de connaître, d’appréhender et de se familiariser avec différents styles (vestimentaires, musicaux…). Ces tendances, brèves ou pérennes, s’enchaînaient, laissant le champ libre à l’imagination et aux créations artistiques.
Pour Claire Grundmann, cette époque était novatrice en termes de mentalité et de projet : « Cette époque correspond à un état d’esprit énergique, audacieux, voire presque parfois excessif. Ce sont les grands débuts de la télé-réalité, les grands scandales comme Kate Moss, l’avènement de la tendance grunge, que l’on retrouve d’ailleurs, pas mal dans le streetwear actuel. Cette période a favorisé énormément d’expérimentation stylistique et ce n’est pas étonnant que l’on se tourne vers elle comme inspiration.”
Les années 2000 sonnent alors comme un grand renouveau dans l’histoire de l’humanité. Ouvrant la porte à l’audace et à l’essai, sans avoir peur du jugement. Cette réappropriation de la mode des années 2000 à la sauce streetwear est encore loin d’être terminée et beaucoup de pièces vestimentaires de l’époque (les minijupes en jean de Blumarine, Miu-Miu…) restent encore à développer.
L’influence des années 2000 envers le streetwear dépasse alors le cadre vestimentaire et entre un peu plus dans un cadre mental, où les idées et l’état d’esprit prédominent. Avec ce style vintage, la confiance en soi, la liberté et le confort sont en première ligne. Ce nouveau chapitre renvoie le streetwear à ses premiers fondements, où le message derrière le style est plus important que le style lui-même.
Avant d’être un style vestimentaire populaire, le streetwear était d’abord un mouvement rassembleur, mentalement opposé aux mœurs de l’époque.
L’histoire du streetwear
Le streetwear prend racine au début des années 80, dans les banlieues et ghettos new-yorkais. Il est souvent décrit comme un style vestimentaire cassant les codes de l’époque, bien loin de la mode du “gendre idéal ». Pourtant, le streetwear est avant tout une mouvance ou un état d’esprit regroupé autour de plusieurs cultures distinctes.
Très large, la définition de streetwear fait d’elle un univers complet, chargé d’histoire, comme le précise Claire : “À mon sens, le streetwear est un terme très large, car il englobe évidemment le style vestimentaire, mais aussi tout un univers qui peut être musical ou artistique. Si on prend la définition littéral : « ce qui se porte dans la rue » cela montre bien le lien avec un certain lifestyle.”
Au cœur du mouvement streetwear, on retrouve des références au jazz, aux surfeurs californiens, aux graffitis, aux skateboards et surtout aux Hip-Hop.
Ce sont d’ailleurs les grands groupes Hip-Hop (NWA, Run-DMC, Mobb Deep, Public Enemy…) de l’époque qui seront les portes étendards du streetwear dans les années 80 et 90.
Cette culture alternative représente donc une association de plusieurs “sous-cultures” populaires, laissées pour compte et abandonnées dans une société puritaine et très orientée BCBG. C’est dans cette optique, bien plus directe et proche de la réalité que la culture streetwear va vouloir briser les codes. Cette volonté de liberté est encore bien marquée à notre époque, comme le précise Claire : “Pour moi le streetwear est fortement lié aux valeurs de diversité, originalité, créativité. Son image est symbolique et n’a cessé d’évoluer dans le sens où aujourd’hui porter un sweatshirt dans le milieu professionnel est bien mieux accepté que pour la génération précédente.“
Pour y arriver, les acteurs majeurs du mouvement vont commencer par créer un style vestimentaire proche de leur monde, de leurs envies et de leurs revendications. Cela passe alors par des vêtements plus amples (tee-shirt XXL, pantalons plus larges…), des bijoux clinquants et des baskets. Le style streetwear va également permettre de populariser le sweatshirt, le hoodie ou encore la casquette, pour un usage purement esthétique. Cette nouvelle conception de la mode mêle la rue, sa froideur et son authenticité, au luxe, sa chaleur et son prestige.
Décennie fructueuse pour le streetwear, les années 90 vont permettre au mouvement de se développer, de grandir et d’évoluer. Le mouvement et par la même occasion son style vestimentaire vont pouvoir s’exporter au-delà des banlieues de Big Apple, toucher le reste des États-Unis et traverser l’Atlantique pour venir influencer l’Hexagone.
Qu’est-ce que le streetwear aujourd’hui ?
Aujourd’hui, aux USA, en France ou dans le reste du monde, le streetwear n’a jamais été aussi populaire. La mode streetwear est présente partout, des banlieues d’Île-de-France aux défilés de luxe, en passant par les quartiers sensibles de Harlem aux luxueuses boutiques des avenues parisiennes.
Cependant, l’explosion marketing du style vestimentaire streetwear a fait peu à peu disparaître les préceptes et revendications du mouvement lui-même. Laissant place à un style porté par tous, pour tous. Un style populaire, mais moins authentique que par le passé.
Mise à part “la disparition » de ce qui constituait l’essence même du streetwear, elle reste une réussite exceptionnelle pour les banlieues et ses banlieusards. Après avoir été lynché, critiqué et boycotté, le style streetwear a réussi en l’espace d’une quarantaine d’années à s’imposer comme un acteur majeur de la mode dans le monde. Aujourd’hui, tous les secteurs de la mode s’arrachent ce style, le reprennent et le façonnent à leur propre image.
L’univers du luxe, autrefois réticent à l’idée de s’associer avec des marques streetwear, n’en finit plus d’enchaîner les collaborations : Prada & Adidas, Supreme & Louis Vuitton, Dior et Jordan Brand…
2 commentaires
[…] Mode […]
[…] franchise sort une Nike TN dédiée à Saint-Denis 667 : Un collectif aussi sombre que mystérieux Streetwear : l’influence des années 2000 Luks Kebab : des kebabs personnalisables Mode : les tendances à ne pas louper pour ce […]