Nous y sommes. Après dix ans d’attente, il est là. Man On the Moon III : The Chosen est l’aventure qui vient conclure une trilogie, si importante dans une carrière, oscillant entre drogue, solitude et dépression. Kid Cudi termine sa mission, et cela très bien accompagné. Trente Trois Degrés analyse pour vous ce quatre actes.
« 10 years in the making », c’est le temps qu’il aura fallu à l’artiste de Cleveland pour se relancer dans cette péripétie si unique à lui-même. Bien que son dernier album solo soit Passion, Pain & Demon Slayin’, il expliquera lors d’une interview pour Zane Lowe que sa véritable renaissance, celle qui précèdera la réalisation de cet opus final, viendra de son album collaboratif avec Kanye West.
En effet, le titre « Reborn » de KIDS SEE GHOSTS lui a permis de se retrouver, accompagné de Ye. Ce projet a été une reconstruction pour Cudi et son mentor : « The fact that we were dealing with the same things at the same time is what we made such a solid thing. We were feeling like we were entering new chapters in our lives« . (« Le fait que nous rencontrions les mêmes choses au même moment nous a fait créé un truc solide comme ça. On sentait qu’on entrait dans de nouveaux chapitres de nos vies« ). KIDS SEE GHOSTS lui a finalement permis d’aller mieux, pour mieux s’entourer, avec des gens en qui il a pleinement confiance.
Man On the Moon III est véritablement né de conversations avec son ami et producteur Dot da Genius, à un moment considéré par les deux comme propice artistiquement parlant, comme si son subconscient l’avait dirigé vers cette conclusion. C’est notamment après avoir terminé les titres « Tequila Shots », « Another Day » et « She Knows This » (qui sont d’ailleurs les premiers titres), que l’artiste s’est dit qu’ils correspondaient totalement à la continuité de Man On the Moon II, et spécialement le premier morceaux cité. Le subconscient.
L’artwork
Cette oeuvre réalisée par l’artiste de Brooklyn Sam Spratt nous rappelle curieusement la pochette du premier album, sur le plan des couleurs. Elle est divisée en deux parties, celle de gauche étant réaliste, présentant des nuances de couleur chaudes et celle de droite, nous montrant sa silhouette volante et la lune, intégrées dans le squelette de Scott. Tout cela sur un fond bien évidemment galactique. Un résultat psychédélique finalement, qui reste dans la lignée des ses prédécesseurs. Aucune surprise pour la suite de l’histoire et tant mieux, puisque cette dernière est, encore une fois, composée en quatre actes : « RETURN 2 MADNESS », « THE RAGER, THE MENACE », « HEART OF ROSE GOLD » et « POWERS ». L’organisation de l’arrière adopte notamment un aspect cinématographique, propre à la trilogie, avec une description de la mission finale de Kid Cudi, et deux images spéciales. Une disposition que l’on retrouve sur des boîtes de DVD par exemple.
>> LIRE AUSSI | Dehmo : rencontre avec le rappeur de Paris XIII – INTERVIEW
Man On the Moon III : The Chosen
ACTE 1 : RETURN 2 MADNESS
D’abord l’album final commence très fort via le premier acte, déjà par son introduction mélodique habituelle, rappelant « In My Dreams » et ses émotions si singulières, suivies d’effets divers représentant un mélange brut de visions et d’idées. Mélange que l’on retrouvera tout au long de l’oeuvre.
Surtout, le premier acte est marqué par le fait que le Chosen One exploite comme jamais ses « bars », et ce de nombreuses fois dans l’album. Cette volonté d’imposer ce flow vient d’ailleurs d’un conseil préalable de personne d’autre que Travis Scott : « I just remember Travis saying something to me about raps. He was just like, ‘Your raps, man. I love when you rap.’ I kept that in mind. I was like, OK, Travis is saying my raps are good. That must be something that the kids like« . (« Je me souviens que Travis m’a dit quelque chose à propos de mon rap. Il était genre, ‘Ton rap, mec. J’adore quand tu rappes.’ Je m’en suis souvenu. J’étais genre, OK, Travis dit que mes bars sont bonnes. Ça doit donc être quelque chose que les kids aiment.« )
Le thème des rêves revient beaucoup dans cet acte, notamment dans Tequila Shots, morceau dans lequel le protagoniste affronte de nouveau ses démons du passé. Il est désolé pour sa mère car cette dernière avait beaucoup souffert de découvrir ses problèmes de dépression et d’anxiété à travers sa musique : « Tell my mom I’m sorry« . On s’enfonce de plus en plus dans le rêve, dans la profondeur de son esprit avec She Knows This, morceau faisant par la même occasion référence à « Reborn », et « Hell of a Life » de Kanye. L’ambiance psychédélique de Dive reste dans le thème et conclut cet épisode introductif, qui porte bien son nom.
ACTE 2 : THE RAGER, THE MENACE
Qui dit Man On the Moon, dit Mr. Rager. Le personnage est déjà légèrement présent au sein du premier acte avec Another Day, dans lequel il rappe ses aventures en tant qu’alter égo sombre de lui-même, et qui reprend même les paroles de son morceau éponyme.
Damaged parle de ses pensées en tant qu’homme blessé à travers Mr. Rager, et marque la première présence de la légende Mike Dean au synthé et au clavier. Heaven On Earth représente une sorte d’égo-trip sur sa vie de rockstar et, fierté française, propose DST The Danger à la production.
La plus grosse surprise de cet album vient du titre Show Out, car le Rager se retrouve accompagné du regretté Pop Smoke et du pionnier du Grime, Skepta. Casting étonnant, et tellement excitant quand on connaît la complémentarité de ces deux derniers, ajoutée au flow de Kid Cudi sur un beat Drill concocté par Dot da Genius et Plain Pat. Rien que ça.
L’acte se conclut par Mr. Solo Dolo III, troisième son sur ce personnage marquant un retour de ses états d’addiction et de solitude, états que l’on a traversé avec lui dans les deux premiers opus de la trilogie (et sur Indicud).
ACTE 3 : HEART OF ROSE GOLD
La tristesse continue pour l’artiste, dans cet acte qui pourtant, lui fera retrouver la lumière. Il commence par Sad People, un questionnement nocturne, symbolisant une réelle recherche de paix intérieure. Cette émotion ne le quitte pas et est rejointe par une mélancolie dans Elsie’s Baby Boy (Flashback), sample de « House of the Rising Sun » du groupe The Animals. Scott y parle de sa relation avec sa mère Elsie Mescudi, de la difficulté à garder un fort lien familial sans figure paternelle, et y exploite la douleur que le décès de son père a causée.
The Voidexplore ses peines de bonne santé mentale et ses moyens de ne pas succomber à la dépression, sur des mélodies enivrantes dont seul le Synth GOAT, à savoir Mike Dean, a le secret. Le bonheur, on le ressent grâce à la ballade amoureuse Sept. 16, dédiée à sa petite amie, et Lovin’ Me, hymne chanté avec la californienne Phoebe Bridgers, aidant l’auditeur à trouver le bonheur dans son amour-propre.
ACTE 4 : POWERS
Retour de Ratatat pour le dernier Man On the Moon avec E*Vax, moitié du duo, sur The Pale Moonlight, démonstration d’aisance pour Cudder à poser son flow et les fameux « hhhmmm » qui font toute sa légende. Il n’hésite pas à se diversifier sur Rockstar Knights avec le jeune Trippie Redd pour un résultat mélodieux, et trippant.
En arrivant sur la fin de l’album, l’artiste veut rendre hommage à ses fans les plus fidèles avec 4 da kidz, morceau directement dédié à ceux qui ont traversé les mêmes problèmes que lui même a pu traverser auparavant, à quiconque se reconnaît dans ses lyrics. Aux kids donc. Ils ne seront jamais seuls.
Man On the Moon III se termine doucement sur Lord I Know, magnifique conclusion, comme un bilan final sur les troubles passés de Scott Mescudi, pour un appel à la persévérance et à l’espoir. C’est sa fille, Vada, qui dévoile ce qui resteront à tout jamais les dernières paroles de la trilogie des Man On the Moon : « To be continued« .
>> LIRE AUSSI | Rap US : 15 albums à ré(écouter) absolument
La mission est terminée et c’est une réussite, pour toujours.
C’était le principal objectif de l’artiste, mais aussi de l’homme, et ce depuis le premier opus : faire voyager les kids dans ses rêves dévoilant ses divers problèmes d’addiction et de dépression, à travers un plein d’espoir, nuancé par des périodes, hélas, sombres. C’est chose faite car, à en croire bon nombre de ses fans, Kid Cudi a littéralement sauvé des vies.
Et pour cause, Man On the Moon III : The Chosen aura été l’occasion de retourner aux sources, tout en amenant une toute nouvelle valeur ajoutée via les flows, la production et les featurings notamment. Une valeur ajoutée qui se sera construite sur dix ans, complétant un héritage qui restera, à jamais.
3 commentaires
❤️❤️❤️❤️❤️
[…] Musique […]
[…] pour la nouvelle saison NBA Q : l’artiste délivre un EP prometteur, The Shave Experiment Kid Cudi : the trilogy continues avec Man On the Moon III Jordan : où acheter la Air Jordan 1 High OG Court Purple Artoyz : le paradis des figurines […]