Ex-prince du hip-hop, Nas remet les compteurs à zéro pour « King’s Disease » et s’entoure de noms comme HIT-BOY mais aussi de jeunes pousses.
Ancien prince du rap et protagoniste d’un des albums les plus réussis, Nas profite de son second souffle pour briller en 2020 et nous présente King’s Disease, son nouvel album. L’ombre du fabuleux Illmatic semble avoir bâillonner l’artiste, étant donné qu’il est sans cesse ramené à ce disque. Il expliquait d’ailleurs en 2019 à Haute Living être » fatigué » de célébrer ce chef d’œuvre.
En 2018, il s’associe au génie bipolaire, Kanye West. L’opus NASIR verra le jour et est un essai honnête et musicalement convaincant avec quelques bons sons, comme Cops Shot The Kid. Légende vivante, le new-yorkais remet le couvert avec ce projet. Pour ce disque, la pâte du producteur HIT-BOY imprègne la sonorité, et signe une production de qualité. Le Californien ajoute Nas à la longue liste d’artistes de premier plan avec qui il a travaillé (Jay-Z, Beyonce, Travis Scott, A$AP Rocky…). Nas a aussi pu compter sur des featurings de qualité d’Anderson .Paak à A$AP Ferg.
Sheeeeesh @Nas #KingsDisease pic.twitter.com/OXzoesi4tR
— Mass Appeal Records (@MassAppealRecs) August 18, 2020
Vive le roi
Pour faire court, Nas n’a rien perdu de son habilité et de son flow. Les premières minutes du titre King’s Disease, qui ouvrent l’album, le prouvent. On se laisse porter à travers le disque. On tombe sur le titre Car #85 et on retrouve un Nas nostalgique accompagné de Charlie Wilson, icône des années 70-80 et chanteur du groupe The Gap Band.
Le son Ultra Black, où est crédité Hit-Boy, est un hymne comme son nom le suggère à la culture afro-américaine et la peau noire. Le rappeur ne manque pas, durant le morceau, d’écorcher Doja Cat : » unpologetically black, unlike Doja Cat ». Rappelons que la chanteuse avait été épinglée en mai dernier pour ses accointances avec des chats où pullulent misogynie et racisme. Big Sean et Don Toliver joignent Nas sur Replace Me, un des gros morceaux de cet album. Don Toliver assure le refrain (qui s’inspire de Trip de la Britannique Ella Mai). Big Sean nous offre, lui, des bars de qualité. On retrouve Anderson .Paak et son groove sur All Bad. Le titre 27 Summers en référence sans doute aux 27 ans du classique Illmatic. Sans oublier Til The War Won qui est un son dédié à la femme et aux figures maternelles présentes dans la vie des rappeurs : » You know I love you different, my queen, my mother, sister. Protect you with my life, let’s deconstruct the myth-uh ».
CLASSIC 🔥🔥🔥 @Nas @Hit_Boy #KingsDisease pic.twitter.com/L8YYn3Vm4u
— Timbaland (@Timbaland) August 22, 2020
Full Circle, 10e titre de l’opus, donnera le tournis au fan de hip-hop des 90’s. Le morceau réunit The Firm, le collectif de rap que Nas formait au siècle dernier avec Az, Cormega, ainsi que la rappeuse Foxy Brown bouclent la boucle. À noter la présence de Dr.Dre et Robin Thicke qui sont crédités en tant que »additional vocals » et » background vocalist ». Full Circle est un morceau qui est le fruit de cette association fabuleuse .
Le rappeur nous offre un bon moment sur le morceau The Cure, où il ne manque pas de rendre hommage au défunt Kobe Bryant et Nipssey Hussle : » Rest in Peace Kobe and Nip’ that’s off the rip ». Une démonstration du vétéran sur une instru’ poussée par des cuivres, avant une transition qui laisse place à un son plus »classique », plus »boom-bap ». Le featuring avec les rappeurs de la Grosse Pomme Fivio Foreign et A$AP Ferg sur Spicy fait office de bonus track et vient clôturer ces 38:20 minutes de musique.
27 ans après
Dans cette oeuvre, Nas fait un bilan de vie. À désormais 46 ans, il a tout connu : le succès, la gloire et la richesse. Tout cela obtenu grâce à son talent et sa capacité à évoluer. Dès sa sortie, l’album se classe numéro du Top Apple Music. Au-delà des charts, King’s Disease est une preuve que Nas même plus de vingt-sept ans après Illmatic reste un poids lourd de cette industrie et mérite une accolade pour le reste de sa discographie.