Alors que le Rap FR attendait avec impatience le retour de Vald, un autre MC a retenu l’attention cette semaine. Ce rappeur n’est autre que BB Jacques et il vient de sortir son second album : Poésie d’une pulsion.
Son nom ne vous dit rien, et pourtant il faudra compter sur lui en 2022. BB Jacques, pour BlackBird Jacques, est rempli de promesses et nous le prouve au travers de son album Poésie d’une pulsion. Plongée avec le natif du quartier des Damiers à Courbevoie (92) dans un univers poétique renversant et intense.
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Un rookie affirmé
BB Jacques est bel et bien dans le game du Rap FR. Son année 2021 fût placée sous le sceau de la découverte. Un essor rapide, accéléré par sa première place obtenue dans le concours de la radio “Groover”, en partenariat avec Le Chroniqueur Sale. Vainqueur et bénéficiant alors d’une nouvelle visibilité, BB Jacques en profita pour sortir le Vol. 2, puis le Vol. 3 de sa mixtape “La nuit sera calme”. Un projet qui finira par devenir un album de 19 titres riches aussi bien d’un point de vue musical que lyrique.
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Et si la recette BB Jacques fonctionne, c’est essentiellement dû à sa proposition artistique assumée. “La nuit sera calme” plonge l’auditeur dans un univers nocturne brut où les émotions côtoient les vérités de l’artiste. Passionné de littérature, le francilien se balade sur des prod nuageuses et n’hésite pas à y véhiculer ses idées. « Poésie d’une pulsion », sorti le 2 février, était donc un opus attendu pour celles et ceux s’étant dernièrement embarqués dans le voyage « BB Jacques ». Au-delà de l’aspect esthétique du projet, on devine à la première écoute une sincérité éclairée chez l’artiste. Dans un soucis d’honnêteté, BB Jacques use à plusieurs reprises du champ lexical du labeur. Dans le premier morceau il déclare : « À l’heure où d’autres pioncent, moi je travaille » (Lâcher de colombes). Il poursuit dans Opium en soulignant qu’il « travaille plus que ses rivaux, c’est fatiguant”. S’immisce dès lors une question légitime : que lui vaut cette envie inébranlable de rapper ?
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Pulsion d’écrire
“Il faut que j’écrive”. BB Jacques plante le décor dès les premières secondes de son nouvel album. Sur la track Lâcher de Colombes l’auditeur rentre immédiatement en synergie avec l’univers littéraire du rappeur. Ayant un rapport particulier à l’écriture, il déclarait à son propos dans une interview accordée à nos confrères de Grünt : “C’est ce qu’il y a de plus simple. Là je prends un stylo, une feuille et j’écris. Tout le monde peut écrire.” Non pas que l’exercice d’écrire est simple. Mais écrire reste à la portée de tous et par cette phrase il tend à souligner l’aspect naturel et décomplexé de son rap. Une musique instinctive et frénétique, permettant au jeune rappeur d’exprimer sa singularité.
Au-delà des simples remarques de style, tentons donc humblement de s’attarder sur cette aura poétique et la manière dont BB Jacques élabore ses textes. La track Jack Sévère se fait ainsi le symbole d’une construction poétique recherchée, notamment lorsque l’on s’attarde sur ses placements :
“Suis-je devenu ce que je voulais être / le fruit défendu je fais l’objet de ma quête /
trop peu perdu pour si peu / qui perdure /
Drogue et désir / plaisir, torture /
« Excédent de salive dans ma bouche / Excédent d’panique dans ta fouffe”.
(Jack Sévère)
Dans le texte ci-dessus le travail d’écriture est précis, le texte cisaillé afin de faire sens. Ainsi les deux premières et les deux dernières lignes servent à encadrer et mettre en valeur les tourments du jeune BB Jacques, à savoir la drogue et ses désirs. La line “Drogue, désir / plaisir, torture” est d’ailleurs mise en exergue grâce à la scission créée dans la line précédente, lorsque le MC se permet une respiration juste avant de lâcher dans un râle “qui perdure”. Comme s’il s’arrêtait avant de lâcher ses vérités et de se dévoiler au public. Entre sensualité et violence, BB Jacques est un MC qui pense par l’écriture. Un moyen pour lui de faire parler sa singularité.
Un rappeur singulier
Libre. Son obsession retranscrite à travers ses paroles se résume en un seul mot : liberté. À 23 ans, le jeune MC a déjà une identité artistique élaborée. Alors que certaines vibes du rap français deviennent quelque peu impersonnelles, BB Jacques déploie quant à lui une personnalité unique.
Il est ainsi à l’aise sur un son planant (Jack Sévère) ou sur des sons de kickage frontal comme Opium. Entre éloquence et intensité, ce morceau vient résumer à lui seul l’ADN BB Jacques. La prod d’abord lancinante fait subitement ressurgir l’énergie du rappeur pour lui permettre de délivrer : “réduis pas la culture à Fred de Sky’” (Opium). Brut, tel un diamant à serrer au creux de sa main, la prod haletante, met alors en valeur son flow écorché. L’auditeur, imaginant BB Jacques à bout de souffle, au bord d’un précipice est alors plongé à ses côtés dans un univers cinématographique prenant.
Une personnalité marquée associée à une ambition artistique de qualité pour celui qui déclarait dans son 1er opus « Vive la transe« . Poésie d’une Pulsion : vive le RAP / BB Jacques : un MC à sa place.
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