À 19 ans, Chiloo qui s’était fait connaître via ses freestyles sur Instagram sort son premier EP « Promesses à tenir », un projet né d’une profonde introspection mêlant rap et chant. Nous avons discuté avec ce jeune artiste et il nous raconte son parcours et les dessous de son projet.
Qui est Chiloo ?
“Chilou”, c’est un surnom que me donnaient mes proches plus jeune, j’ai juste ajouté deux “o”. Mon vrai prénom c’est Achille. J’ai officiellement commencé le projet Chiloo il y a un peu plus d’un an. Je postais des freestyles sur Instagram en espérant me faire reposter par les comptes @lerapfrançais ou @1minutederap. Quand t’as pas trop de visibilité, c’est un peu compliqué mais ça a fini par marcher ! Quand j’étais en seconde, je faisais de la musique mais à l’époque j’avais encore rien lancé, j’écrivais juste pour moi et pour coucher mes sentiments sur le papier. J’ai rencontré Selim cette même année pendant un stage et aujourd’hui c’est mon manager.
Tu remercies beaucoup ton équipe sur les réseaux, qu’est-ce qu’elle représente pour toi ?
Au-delà d’être un pote, Selim fait partie de ma famille; on est très sincères et j’ai totalement confiance en lui. C’est une relation très saine que j’entretiens d’ailleurs avec toute mon équipe. Chacun a son rôle : je m’occupe de l’écriture des textes, Pipoo est mon directeur artistique, Arnaud et Pierre mes beatmakers, Marie s’occupe de la communication : une belle équipe qui s’appelle Chill&Co qui est en coproduction avec le label Tôt ou tard. Pour me démarcher, le directeur du label était carrément venu me voir au studio à Belfort; sa façon de m’approcher m’a beaucoup plu.
« Certains préfèrent aller voir un psy, moi c’est le rap qui m’a libéré »
Quels sont les thèmes qui t’ont donné envie d’écrire ?
Le thème que j’ai le plus abordé c’était les filles. En seconde, j’ai fréquenté une fille avec qui j’ai eu une « relation toxique », ça n’a pas été bénéfique pour moi, elle m’a mis dans des états où je n’arrivais pas à m’exprimer. J’avais des réactions disproportionnées, surtout en cette période de l’adolescence qui peut facilement décupler nos sentiments.
Mes premiers textes ont été des moments où je me suis livré, c’était le seul moyen que j’ai trouvé pour m’exprimer. J’avais pas le courage de dire à ces filles en face ce que je pensais vraiment.
Ces textes je les ai fait écouter à personne, j’avais juste besoin d’écrire. Sur mon ordinateur, je dois en avoir au moins 25 qui parlent du même sujet que j’ai jamais réécoutés (rires). Certains préfèrent aller voir un psy, moi c’est le rap qui m’a libéré.
Pourquoi avoir choisi le rap comme moyen d’expression ?
Depuis petit j’écris des poèmes, j’aime bien faire des rimes, des assonances, des allitérations… Quand je suis entré au lycée, le rap était ma principale influence, j’en écoutais tout le temps. J’arrivais pas forcément à m’identifier au rap de quartier, mais plus avec celui de Nekfeu ou Sexion d’assaut par exemple. J’ai d’abord essayé d’écrire et de rapper sur des instrus des années 90 que je trouvais sur YouTube et le chant m’est venu après. Plus jeune, je suis allé au conservatoire et c’est comme ça que je me suis mis au chant. Les gens ont apprécié, ils m’ont dit que c’était différent. J’ai donc essayé de trouver mon identité en travaillant comme ça.
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Ton EP est sorti aujourd’hui, qu’est-ce que ça représente pour toi ?
Ça représente beaucoup de travail (rires). Avant je ne me rendais pas compte du travail que ça demandait. Écrire un EP c’est pas juste poser, il y a plusieurs paramètres qui entrent en jeu, la structure, la direction artistique, la communication… Je suis très heureux de le sortir mais je ne le prends pas comme un accomplissement. Je suis conscient que c’est une belle expérience mais maintenant je sais aussi qu’il faut travailler, je ne suis qu’au début.
Quel est ton morceau préféré dans le projet ?
Aujourd’hui je te dirais que c’est Bipolaire, le premier de l’EP. Ce morceau annonce la couleur; une partie est complètement sombre alors que l’autre plus légère, plus « colorée » avec des sons comme Laisser passer, qui peuvent faire danser. J’ai jamais pris autant de temps pour écrire un texte que pour Bipolaire. Généralement, j’écris en une journée mais pour celui-ci, il m’a fallu plus d’une semaine. Je suis vraiment satisfait de ce texte, c’est une belle introspection.
« Je préfère être sincère avec la personne qui m’écoute en lui disant que j’ai pas un vécu de taré »
Quels sont les sujets dont tu voulais parler dans ton EP ?
Dans cet EP, c’est vrai qu’on retrouve des thèmes dominants comme l’amour, que ce soit dans Dessein ou même dans le dernier couplet de Promesse à tenir. J’essaie vraiment de raconter ce que j’ai vécu. Je préfère être sincère avec la personne qui m’écoute en lui disant que j’ai pas un vécu de taré. J’essaie de plus en plus de prendre du recul sur la manière dont j’agissait par le passé et d’écrire grâce à ça. Bipolaire, c’est clairement une prise de recul. Il y a beaucoup d’introspection dans ce projet.
Le magazine Glamour t’a récemment qualifié de « rappeur féministe », comment tu le prends ?
Ça me touche beaucoup, surtout venant de Glamour, un magazine principalement destiné aux femmes. Je ne vais pas aux manifestations non plus (rires) mais il y a des thèmes dans ma vie qui me touchent plus que d’autres. Par exemple, les féminicides c’est un thème qui me tient à coeur, j’en parle dans le titre « L au pluriel ». J’assume entièrement d’être qualifié de féministe et j’en suis fier. D’ailleurs aujourd’hui le rap a beaucoup évolué, c’est devenu très universel.
Beaucoup de rappeurs ne parlent pas des femmes de la même manière, qu’en penses-tu ?
Je les respecte. Je n’ai pas la science infuse. S’ils ont des idées différentes des miennes, ça ne regarde qu’eux. Je crois en mes idées certes, mais je ne jugerai jamais celles des autres. Chacun a sa liberté et sa manière de s’exprimer.
Tu continues les études ?
J’ai un rêve : réussir dans la musique et vivre de ma passion. Je suis aussi conscient qu’il se peut que ça ne fonctionne pas. Je vais donc continuer mes études jusqu’à ce que la musique ça marche. J’ai même postulé à une université à Londres. Il faut y croire mais garder les pieds sur terre quand même. Bizarrement, le rap m’a apporté une certaine structure dans ma façon de travailler. Ca m’a beaucoup aidé dans les cours au lycée.
« Promesses à tenir » est disponible sur toute les plateformes dès aujourd’hui, Trente Trois Degrés vous invite à découvrir l’univers engagé et poétique de Chiloo, ce jeune rappeur qui sait parler de sujets sociétaux, des femmes et d’amour.
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