Si le PSG semble avoir retrouvé son rythme en championnat, le visage affiché par l’équipe parisienne est inquiétant, et si la saison du PSG était un échec annoncé ?
Une inconstance récurrente
C’est en 2018 que Thomas Tuchel est nommé à la tête de l’équipe parisienne. Le début de saison est marqué par 14 victoires d’affilés en championnat, une première place dans un groupe de la mort en Ligue des Champions (avec Naples, Belgrade et Liverpool le futur champion d’Europe). L’entraineur allemand séduit le public et les médias, tout d’abord grâce à une communication parfaitement maitrisée, où il apparait souriant et proche de ses joueurs.
Mais là où le PSG et son entraineur séduisent surtout, c’est au niveau du jeu proposé. En effet le PSG affiche un fond de jeu alléchant avec un pressing très haut, une récupération rapide du ballon suivie de transitions rapides, à l’instar des équipes comme Liverpool ou encore Leipzig.
Cependant, le visage affiché par le Paris Saint Germain s’effondre brusquement au terme d’un 8e de finale retour contre Manchester United, perdu 3-1. Dès lors, le visage tactique affiché par les parisiens déçoit de plus en plus. Le PSG se balade dans un championnat d’une faiblesse des plus affligeantes, et avec une concurrence quasi-inexistante. Les débuts de la campagne européenne de la saison 2019-2020 sont très encourageants statistiquement notamment avec une victoire 3-0 contre le Real Madrid.
Mais en réalité la phase de poules est faussée, par la faiblesse des adversaires (Galatasaray et Bruges pas au niveau et un Real Madrid en reconstruction) et un cruel manque d’intensité. Preuve en est, le match retour contre le Real est un préambule du néant tactique proposé par les parisiens, à l’image d’un milieu de terrain ménagé tant sur le plan physique, que sur le plan technique. Le match nul est arraché par miracle, au vu de la performance tactique et physique des parisiens. Le match d’Idrissa Gueye, qui n’a jamais livré une performance semblable à celle du 1er match contre le Real, dépeint l’inconstance du leader de la ligue 1.
C’est au Signal Iduna Park, que Paris joue son 8e de finale aller contre le Borussia Dortmund. C’est la première fois en trois ans que Neymar peut jouer en février. Neymar, Mbappé, Di Maria sont alignés en trio offensif, tandis que l’on retrouve un milieu de terrain Verratti, Marquinhos, Gueye. Les parisiens semblent supérieurs sur le papier, mais le terrain parle pour Dortmund.
On assiste à une opposition entre une équipe allemande pleine d’intensité, avec un état d’esprit combattant, face à des parisiens perdus, peu entreprenants. Emre Can dévore le milieu parisien qui peine à organiser et à distribuer le jeu rapidement. Le match aller se termine sur une victoire des allemands 2-1, Neymar réussit à réduire l’écart, malgré une pâle prestation de l’attaque parisienne.
Le match retour est synonyme d’espoir, tant chez les observateurs que chez les supporters. Enfin Paris affiche un visage combattant, solide et appliqué. Kimpembe muselle Haaland, le milieu de terrain (sans Verratti) affiche une intensité et des transitions digne de la Ligue des Champions, portée par un Paredes qui livre sûrement sa meilleure prestation depuis son arrivée. Pour couronner le tout Neymar est au rendez-vous et livre enfin une prestation de leader technique dans un match à enjeu. Paris se qualifie pour les quarts de finale, au terme d’un match maitrisé dans tous les secteurs de jeu et ce malgré l’absence de supporter au sein du stade.
Malheureusement, la crise sanitaire touche de plein fouet le domaine sportif, menant à l’interruption des championnats et des compétitions. Si les autres pays s’organisent pour reprendre le championnat, la décision d’arrêter définitivement le championnat est actée en France. Malgré tout, l’UEFA organise un « Final-Eight » à élimination directe afin de clore la Ligue des Champions. Le PSG joue en quart de finale le petit poucet de la compétition qui n’est autre que l’Atalanta Bergame. Et c’est encore une fois que Paris retombe dans ses travers.
Même si le manque de rythme peut expliquer la prestation, l’Atalanta démontre une puissance collective, opposée à des joueurs parisiens incapable de jouer en équipe, s’en remettant à Neymar. La mise en place tactique de Tuchel est inexistante. Heureusement pour lui, Mbappé et Choupo-Moting envoient le PSG en demi-finale, suite à leurs entrées décisives. Malgré la qualification, le constat est affligeant, Paris fait preuve d’une inconstance à chaque rencontre européenne. De plus tactiquement l’équipe ne propose rien, la seule idée de jeu est de s’en remettre à Mbappé ou Neymar, voire Di Maria. La suite est connue avec une demi-finale survolée face à Leipzig mais une finale perdue sur la plus petite des marges face à l’ogre bavarois qu’est le Bayern Munich.
Voir cette publication sur Instagram
Les maux du PSG
Comment expliquer les pâles copies rendues par ce PSG, qui, sur le papier reste l’une des équipes les plus séduisantes d’Europe ? Tout d’abord, la responsabilité de l’entraîneur doit être soulevée. Malgré le meilleur bilan européen de l’ère qatari, l’entraîneur allemand sème le doute. Si son PSG des premiers mois était séduisant, Tuchel semble ne s’être jamais relevé de la claque psychologique prise à Manchester. L’état d’esprit insufflé aux joueurs, les efforts de positionnement, de pressing ont disparu.
En clair, tous les principes de jeux qui, auparavant lui étaient chers, paraissent bien loin de ce que les parisiens proposent en therme de contenu de jeu. Alors oui, le Paris Saint Germain va sûrement être champion de Ligue 1, mais compte tenu du niveau de la concurrence, cela ne surprend personne. Certes, le PSG est vice-champion d’Europe, mais avec l’aide d’un tirage extrêmement avantageux et grâce à des exploits individuels. La patte de l’entraineur semble inexistante, et encore plus sur les prestations récentes du PSG.
Cependant Tuchel ne peut être tenu entièrement responsable de ce naufrage. La structure même du PSG est au plus mal avec une guerre en interne entre le directeur sportif (Léonardo) et l’entraîneur. L’allemand est un choix du Qatar est non celui de Léonardo, la relation entre les deux n’est pas des plus idylliques qui soit.
Via les médias Léonardo invective son entraîneur, qui lui paraît de plus en plus agacé par les médias, qui l’a si bien su charmer dès son arrivée. De plus, les compositions incompréhensibles de Tuchel donnent l’impression d’être une réponse aux choix et à la politique sportive de Léonardo. Avec par exemple, depuis plusieurs matchs, un Danilo Pereira aligné en défense centrale alors qu’il est un milieu de terrain et Marquinhos qui fait le chemin inverse. Malgré une bonne volonté des deux joueurs, le changement de poste se fait ressentir tout au long des matchs. Pourtant Thomas Tuchel s’entête avec des compositions sans queues ni têtes, où l’absence de repères est criante chez certains joueurs.
Pour finir, malgré un désert tactique, le PSG semble avoir trouvé un deuxième centre d’entrainement au sein de l’infirmerie. ! Actuellement 11 joueurs sont blessés, la faute à un calendrier extrêmement chargé. Mais également à une préparation physique tronquée avec l’interruption du championnat et une reprise de coupe d’Europe mi-août. Cependant la gestion médicale de certains joueurs interroge.
Avec par exemple le cas Marco Verratti, qui alterne régulièrement les blessures et que l’on a quasiment plus vu depuis le match aller contre Dortmund (soit le 18 février 2020). L’italien interroge sur son niveau mais également sur son hygiène de vie qui le mène régulièrement sur le banc de l’infirmerie.
Tout n’est pas à jeter
Malgré le funeste portrait de la saison à venir, Paris peut entrevoir quelques lueurs. Premièrement, même si la liste des blessés est impressionnante, le PSG possède un effectif des plus intéressants à l’échelle européenne.
L’arrivée de Florenzi au poste de latéral droit est extrêmement prometteuse, accompagnée d’un Moïse Kean décisif et qui participe énormément au jeu à l’inverse d’un Icardi. De plus l’arrivée d’un Danilo en tant que sentinelle ainsi que de Rafinha, pourrait vraiment consolider le milieu de terrain et offrir de nombreuses possibilités dans les schémas tactiques.
Dans un second temps, le PSG compte Neymar et Mbappé dans ses rangs. Car même si le début de saison des deux attaquants du PSG n’est pas des meilleurs, le talent intrinsèque des deux joueurs peut permettre au PSG de monter en puissance. Seulement, si le PSG veut redresser son début de saison, ses cadres techniques doivent revenir à leur niveau, en tête un Di Maria qui reprend du rythme après des débuts poussifs voire fantomatiques. Ensuite tout est encore jouable dans un groupe de Ligue des champions, marqué par l’irrégularité.
Paris doit confirmer qu’il peut élever son niveau de jeu au niveau européen et ne pas se contenter d’une ligue 1 où la concurrence est affaiblie. Le véritable match test du PSG en ligue 1 sera le 20/12 contre le LOSC, son très légitime dauphin. De fait Lille est aujourd’hui la meilleure équipe française dans le contenu, dans la philosophie de jeu, dans l’expression collective et dans l’effectif avec de belles révélations comme le défenseur hollandais Botman. Le compte à rebours est lancé pour Paris, qui doit impérativement redresser la barre !
1 commenter
[…] Sport […]