Tout comme la Fashion Week milanaise et pour répondre aux restrictions sanitaires dues au Covid-19, la Fashion Week masculine parisienne a eu lieu exclusivement en ligne. Au total, plus de 68 maisons ont proposé leurs collections tout en essayant de recréer à distance l’émotion d’un défilé. Et pour ça, toute excuse est bonne, courts métrage, mise en scène et musique adéquate, voici les défilés qui ont retenu notre attention.
Hermès
Pour dévoiler son vestiaire masculin, la marque de maroquinerie française choisit le Mobilier National. Dans ce bâtiment robuste, a été présenté une garde robe pour homme, chic mais décontractée, minimaliste mais travaillée, contemporaine mais bourgeoise.
Et c’est épaulée par Cyril Teste que Véronique Nichanian, directrice artistique pour l’homme chez Hermès, a imaginé ce défilé. Dans ce décor abritant le mobilier de l’État, les mannequins déambulaient, portant vestes à fermetures éclair, manteaux arrivant aux genoux et costume sur polo. Avec ces look discrets et décontractés de gendres idéaux et une bande son signée Emmanuel Jessua, Véronique Nichanian prouve que chic ne rime pas avec ennui.
Casablanca
Pour cette collection Automne-Hiver 2021 « Grand Prix », Charaf Tajer ressuscite l’esprit du glamour monégasque. À l’honneur : les casinos, les courses de voiture, les jeux de cartes. Cette collection, très graphique donc, montre des pièces aux motifs de carte de jeu, des perles pour les hommes aussi et de la soie, comme le veut la tradition Casablanca.
Mais ce défilé n’était pas exclusivement masculin puisque c’est l’occasion pour l’un des finalistes du prix LVMH de nous offrir une ligne pour femmes. Les robes se voient être parées de motifs représentant des reines de pique et les couleurs noir et rouge sont maîtresses du jeu.
Louis Vuitton
Regarder la présentation de Virgil Abloh, « Ebonics », c’est un peu rentrer dans son jardin secret, son journal intime. C’est peut-être une des collections les plus personnelles, les plus riches de sens du directeur artistique de Louis Vuitton.
Inspirés des prototypes masculins (le vendeur, l’artiste, le vagabond), Virgil Abloh propose à son public 70 looks basés sur ses voyages, l’architecture… En effet, les mannequins portent des sacs en forme d’avion, la tour Eiffel sur le bras droit et le panthéon sur le bras gauche. Mais c’est aussi un rappel à ses origines ghanéennes, par les étoffes notamment, à son enfance, par une combinaison en cuir qui lui rappelle les tissus de sa mère. Et tout cela sur une bande son signée Yasiin Bey (Mos Def).
Enfin, cette collection, c’est aussi une piqure de rappel, avec un message « Tourist VS Purist ». Message qui fait un pied de nez à ceux qui remettent en question sa présence à la tête du malletier français, ne venant pas de l’entre-soi de la mode. Avec cette collection, l’outsider devenu insider nous prouve une fois que la mode n’est pas seulement des accoutrements vides de sens, mais que c’est un art politique, engagé.
Dior
Ce n’est pas la première fois que le directeur artistique de Dior Homme, Kim Jones, met en avant des artistes. Après Kaws ou Daniel Arsham, c’est au tour de Peter Doig d’être mis sur le devant de la scène d’un défilé Dior.
Ainsi, on assiste à un doux mélange entre le pop militariste de Kim Jones et les motifs de l’artiste écossais. En effet, pulls et chapeaux melons se voient ornés des animaux exotiques imaginés par Peter Doig. Quant au militarisme de Kim Jones, on le retrouve dans les vestes d’officiers, les bérets et les motifs façon army. Et dans ces teintes marrons, quelques couleurs vives, telles que le jaune ou encore le orange, viennent égayer cette « cérémonie du quotidien ».
Une fashion week un peu spéciale donc, où la hiérarchie des front-row et l’effervescence des backstage n’existe pas. Une semaine de la mode digitale certes mais pas moins pourvue d’émotion, de travail, de messages forts et d’engagement.