Kim Jee-woon se joint à la tendance de l’année en livrant sa propre relation avec le cinéma à travers Coweb (Dans la Toile). Il livre une mise en abîme déjantée et touchante qui dit tout de son rapport à l’industrie cinématographique.
Ce film devient une contribution supplémentaire à la série de déclarations d’amour au cinéma qui ont marqué 2023 (Babylon, Vers un avenir radieux, The Fabelmans, Empire of Light), mais reste à la hauteur de la réputation de Kim Jee-woon en tant que réalisateur majeur du cinéma coréen.
Le protagoniste du film, interprété de manière magistrale par Song Kang-ho, incarne Kim Ki-yeol, un cinéaste en quête de la réalisation de son chef-d’œuvre ultime, le film Cobweb. Ce personnage résonne avec les aspirations et les rêves de nombreux artistes, qui cherchent à créer une œuvre mémorable. Pour atteindre la perfection, Kim Ki-yeol décide de tourner une fin féministe et avant-gardiste, un acte qui ne passe pas inaperçu dans le contexte de la censure en Corée du Sud pendant les années 70.
Une déclaration lucide et humoristique sur la recherche de grandeur artistique
Il s’agit d’un équilibre subtil entre moments drôles et absurdes, ainsi que la dernière demi-heure du film, qui se veut mémorable. La maîtrise du rythme et de la narration démontre l’habileté de Kim Jee-woon en tant que cinéaste. Il parvient à créer une tension artistique captivante en juxtaposant la vision idéalisée de Kim Ki-yeol de son œuvre comme une mission sacrée, avec la vision plus modeste de Kim Jee-woon de son propre travail.
Le dernier plan du film est particulièrement poignant, car il réunit la dualité des aspirations artistiques et la réalité de la création cinématographique. Une tristesse étonnante qui souligne les sacrifices et les compromis nécessaires pour donner vie à une vision artistique.
Le film offre sa propre réflexion sur la créativité et le processus artistique, tout en étant porté par de très bonnes performances. Cobweb – Ça tourne à Séoul ne se réduit pas à une simple comédie satirique sur le cinéma. C’est une déclaration lucide sur la recherche de grandeur artistique, sur la passion et les défis qui constituent le chemin de tout créateur. Plus encore, à travers son oeuvre, Kim Jee-woon souhaite envoyer « un message d’espoir et d’optimisme provisoire : le cinéma continuera, tout comme la vie continue en dépit de toutes ses ironies et de toutes ses difficultés. »
Prévu en salle à partir du 8 novembre 2023.