800 millions d’utilisateurs actifs. Voilà le chiffre astronomique dont peut se vanter Tiktok en 2021. Réseau social au départ, la plateforme s’est transformée en arme de vente pour l’industrie musicale. Une surprise ?
Effet de plateforme
Si TikTok jouit aujourd’hui d’une telle popularité, c’est tout d’abord grâce au contexte sanitaire. De fait, la plateforme chinoise a connu un essor de téléchargement pendant le premier confinement. Une hausse, d’un milliard de téléchargements comparé à l’année précédente. En bref, la plateforme est sortie gagnante de la crise, au même titre que Zoom ou Microsoft Teams.
Malgré, cette progression importante, le véritable impact de TikTok sur l’industrie musicale, réside dans l’essence de la plateforme. Le partage de contenu, avec fond sonore, voilà sa véritable force. Autrement dit, la plateforme offre potentiellement la possibilité d’écouter gratuitement un extrait de musique (même si accompagné de vidéo), pendant 1 minute maximum. De plus, tout comme les autres réseaux sociaux, TikTok use de sa viralité, pour donner naissance à des challenges ou des chorégraphies toutes aussi virales les unes que les autres.
Le format de TikTok reste d’une efficacité redoutable. À tel point que ses concurrents comme Instagram (avec les Reels) ou encore Youtube (avec les Youtube Shorts) tentent de reproduire la recette. Malgré cette tentative de concurrence, la plateforme musicale demeure prédominante sur le format, et bénéficie de ses concurrents au quotidien. En effet, il n’est pas rare de tomber quotidiennement sur des contenus TikTok, repostés dans des storys Instagram ou encore dans un fil d’actualité Twitter.
Impact sur la production ?
Toute industrie culturelle et créative, quelle qu’elle soit, voit la production de ses contenus évoluer avec l’avènement de nouveaux modes de consommation. Si le cinéma évolue de plus en plus avec les plateformes de streaming, il en est de même pour l’industrie musicale. Car bien que TikTok soit un phénomène, il faut penser au mode de consommation dans sa globalité.
Le streaming a révolutionné l’industrie musicale, tout aussi bien pour le producteur de contenu, que pour le consommateur. Ce dernier accède à une bibliothèque de contenus, totalement affranchie des limites temporelles et géographiques (en théorie). Avec l’apparition de plateforme de streaming à partir des années 2010 (2007 pour Deezer et 2008 pour Spotify) c’est tout une génération qui subit la naissance de ce nouveau mode de consommation. C’est-à-dire une consommation rapide de la musique. De fait, la production de musique évolue, via des contenus beaucoup plus axés sur la forme, plus accrocheurs et plus similaires les uns des autres.
La corrélation avec le streaming ? Le public, car si l’on s’intéresse à la démographie des utilisateurs actifs de TikTok, on découvre que 41% d’entre eux sont dans la tranche d’âge 16/24 ans. Logiquement, la plateforme est idéale pour des contenus efficaces en streaming. Les exemples sont nombreux mais le phénomène s’est très bien illustré cet été avec le morceau 13 Organisé. Il est donc logique, que la mine d’or que représente la plateforme chinoise, donne naissance à des contenus spécifiquement « pensés » pour la plateforme.
On pourrait citer Doja Cat, qui, dans le clip de son tube Say So a inclus la chorégraphie star sur le réseau social, ainsi qu’Harley Shape (à l’origine de la danse virale). Effet immédiat, le clip atteint aujourd’hui les 293 millions de vus.
Outre la production visuelle, on peut parler de la production textuelle. Exemple numéro un avec Drake. Stratégiquement, le canadien a fait fort en sortant Toosie Slide avec une chorégraphie guidée. Finalement, le clip cumule plus de 285 millions de vues. Globalement on peut constater une certaine direction artistique, de plus en plus orientée vers la viralité…
Il est certain, que TikTok a eu un effet disruptif sur la production et la diffusion des contenus musicaux. Outre, le problème de rémunération des artistes, la plateforme reste une arme de marketing et de ventes sans précédent. Cependant, la plateforme soulève de nombreux enjeux tels que la rationalisation de la production ou encore la surconsommation du contenu musical.