À l’ère de l’information numérique abondante, les conséquences néfastes de la fast-fashion sont de plus en plus médiatisées. Au-delà des dommages écologiques, il est devenu plus que nécessaire de prendre conscience de l’impact humain que représente l’industrie du textile dans le monde. Zoom sur le cas actuel du Bangladesh, en lutte pour ses droits fondamentaux.
Alors que le Bangladesh fait face à une certaine pression de la part des marques et des pays importateurs de textiles, celui-ci multiplie ses efforts sociaux et environnementaux dans ses différentes usines productrices. Cependant, de l’autre côté, ces améliorations ne semblent pas considérées. Tout a plus ou moins l’air de stagner de la part des donneurs d’ordre occidentaux qui souhaitent profiter toujours plus des tarifs attractifs que lui propose cette main-d’œuvre « économique ».
Les clients, majoritairement européens et américains représentent aujourd’hui un apport financier majoritaire pour le pays. Entre autres, l’industrie du textile représenterait plus de 80% des exportations totales au Bangladesh. Il contribue alors à une très forte croissance économique du pays, qui affirme, selon de nombreuses analystes économiques (comme le FEM), une réduction considérable de la pauvreté et les inégalités sociales.
Malheureusement, le PIB du Bangladesh reste très impacté par la crise du Covid et réside très loin de la situation réelle des travailleurs salariés.
Une lutte ouvrière des travailleu.r.ses textile bangladais.ses
Du cotés des hommes et des femmes qui travaillent dans les usines, la patience atteint ses limites. Ces ouvriers perçoivent aujourd’hui un salaire équivalant à 70 euros ( 8.300 takas) alors que le taux d’inflation augmente chaque année dans le pays. Une main d’oeuvre sous payée qui profite fondamentalement aux marques d’occident comme Gap ou H&M qui recherchent sans arrêt à augmenter leurs bénéfices profitant de la pauvreté ce pays d’Asie du Sud.
Les salariés appellent à un salaire mensuel minimum de 190 euros (23.000 takas), soit environ trois fois plus que leur salaire actuel. Selon certains syndicats, les conditions de travail désastreuses s’ajoutent aux problèmes des salaires pour une majorité des quatre millions de travailleurs du secteur, en sachant que si le travail des enfants est restreint dans le pays, celui-ci reste légal…
Ainsi, depuis le début de ce mois de novembre, les manifestations et les grèves se multiplient dans différentes villes du pays. Notamment à Tongi, Gazipur ou encore dans la capitale de Dhaka où elles furent très généralement violentes. La violence est évidemment à distinguer. Les manifestations se sont déroulées pacifiquement mais on note une forte répression de ces mouvements sociaux de la part de la police locale qui n’a pas hésité à ouvrir le feu sur des manifestants dans la ville industrielle de Gazipur.
Selon Clean Clothes Campaign (groupe de défense des droits des salariés du textile) les manifestants restent aussi systématiquement réprimés par les employeurs eux-mêmes qui utilisent toutes sortes de groupes visant à terroriser les syndicats démocratiques indépendants. Depuis une semaine et selon l’AFP, trois travailleurs ont perdu la vie dans leurs altercations avec la police.
Un gain de cause insuffisant
Après plusieurs jours de manifestations, de nombreuses violences policières et plusieurs morts, le Bangladesh a déclaré une hausse de 56 % des salaires pour les ouvriers du secteur textile et de l’habillement. Cependant, les syndicats dénoncent une revalorisation clairement insuffisante. En effet, elle ne correspond pas aux demandes des manifestants.
Les États-Unis appellent alors les autorités à revoir cette décision, afin qu’elles correspondent aux attentes et offrent une réponse à la hauteur des pressions économiques croissantes auxquelles peuvent faire face les ouvriers. Clean Clothes Campaign a d’ailleurs qualifié le nouveau salaire minimum proposé de « salaire de la pauvreté », ne faisant que minimiser les inégalités que subissent les travailleurs bangladais.ses.
09/11/2023 Gazipur, Bangladesh (c)MUNIR UZ ZAMAN/AFP