Nous avons rencontré Joysad, un jeune talent prometteur du rap français qui nous a parlé de là d’où il vient, de sa manière d’écrire et de ses inspirations.
Qui est Joysad, d’où est-ce que tu viens ?
Périgueux la zone, PX ZOO, 2-4 TRIPLE Z. C’est un peu dépeuplé. En vérité, le but quand tu nais là-bas , c’est de te barrer le plus vite possible. Mais c’est cool de naître là-bas, c’est tranquille. T’as de tout, t’es ni dans l’urbain ni dans le rural.
C’est plus compliqué de réussir quand tu ne viens pas d’une grande ville ?
Non, je ne pense vraiment pas que ce soit plus dur. C’est une question de débrouillardise car tout le monde peut le faire. C’est d’ailleurs ça qui m’a donné envie, le fait de voir tellement de gens différents réussir dans la musique.
« Je n’ai pas de musique dans mon téléphone, je n’ai pas d’écouteurs non plus. »
Quelles sont tes inspirations dans la musique ?
J’ai pas de grande inspiration dans la musique. En vérité, je n’en écoute pas tout seul. Je ne le fait qu’avec des potes, c’est chelou d’ailleurs *rires*. Je n’ai pas de musique dans mon téléphone, je n’ai pas d’écouteurs non plus. Ça m’ennuie de terminer un son. Je kiffe beaucoup d’artistes tout de même, comme Frenetik et son aspect kickeur par exemple.
Comment as-tu commencé la musique vu que tu n’en écoutes pas ?
J’ai commencé à faire de la musique à 11 ans, à l’époque où je grattais mes premiers textes et les rappais. Je les grattais sur la face B de Je Suis En Vie d’Akhenaton. J’avais un texte pour chaque instru. Vers 8-9 ans, j’écrivais aussi des petites poésies pour ma mère. J’ai gardé cette habitude et j’ai jamais arrêté depuis.
D’où vient ton nom « Joysad » ?
Ça vient de l’époque où j’ai commencé à gratter. Dans mes premiers textes j’écrivais « Tu peux m’appeler Joysad, petit rappeur bipolaire ». C’est parti de là.
Tu fais quoi avant la musique ?
J’étais à l’école, au lycée où j’ai eu mon bac L. J’ai ensuite passé un concours d’éducateur spécialisé parce que j’ai toujours voulu bosser pour des personnes en situation de handicap. J’ai signé chez Because au bout de ma première année d’alternance. Ça fait maintenant un peu plus d’un an qu’on est ensemble et qu’on avance.
Ça n’a pas été trop dur de choisir entre ta formation et la musique ?
Non, parce que je me suis dit que faire carrière en tant que rappeur, il valait mieux le faire à 18 ans plutôt qu’à 30. Éducateur spécialisé en revanche, je peux l’être à l’âge que je veux.
Comment as-tu vécu l’année qui vient de s’écouler ?
Ça aurait pu être plus simple. On a dû retarder la sortie des projets à cause des confinements, notamment mon premier album. J’aurais aimé un meilleur départ, et je l’aurais eu sans le COVID je pense. Mais je ne suis pas triste, je suis très content de ce que j’ai fait, et la maison de disques aussi. Ce qui m’embête le plus, c’est les concerts annulés, sachant qu’une équipe de tourneurs me faisait faire des scènes de fou, comme le Zénith de Toulouse avec 9000 personnes.
Tu écris beaucoup ?
Oui beaucoup. Déjà pour Fernandez qui comporte 9 sons, j’en avais écrit 35. Je les supprime tous, je ne recycle pas. Pour Palindrome, j’ai dû faire 20-25 sons pour un EP de 9 titres. Mais j’ai toujours des morceaux en stock, notamment ceux qui correspondent à un album et pas un EP. Je n’ai d’ailleurs proposé aucun featuring sur ces derniers car ils seront disponibles sur mon album.
Elle est comment ta vie d’artiste ?
Franchement, ça glisse et heureusement que je me suis bien entouré. Car je suis passé par la phase négociations avec les maisons de disque, en passant par les labels, comme les majors. Certains sont effrayants, veulent te sécher en un an et te faire disparaître. Maintenant je suis chez Because, l’un des plus gros labels indépendants d’Europe. On y retrouve un aspect familial que je kiffe trop.
T’as une collaboration de rêve ?
Ariana Grande. Direct. Elle est trop belle.
Doit-on s’attendre à un album cette année ?
Oui, oui, il sortira même sûrement avant l’été.
T’as des projets à côté de la musique ?
Pas vraiment, si ce n’est bien gérer mon argent et faire attention à moi, ce qui est important. La vie d’artiste peut vite te monter à la tête, mais il faut garder les pieds sur terre. Je retourne souvent à Périgueux, ça m’aide beaucoup car je ne suis pas trop à l’aise à Paris.
Ton moment à 33° ?
Quand j’étais à Skyrock pour Art De Rue. Je ne m’attendais pas à voir autant de stars en même temps. C’est là que je me suis dit « merde, je suis dans la même compil’ qu’eux ! ».
Tu peux nous parler de Ciel & Terre, le son sur ton frère ?
Ce n’est pas le premier, ce n’est pas le dernier non plus. Mais c’est un sujet que je détaille beaucoup dans Ciel & Terre. Le son te raconte mon histoire, le fait de vivre sans connaître ce que c’est d’avoir des parents unis, vivre dans la normalité de devoir se barrer une semaine sur deux.
Et derrière je raconte aussi comment s’est passé la mort de mon frère et comment je l’ai ressentie. Il y aura d’autres morceaux qui vont détailler d’autres choses comme la merde dans laquelle ça m’a foutu par exemple. Je ne dis jamais tout dans un son car je sais que c’est un sujet qui reviendra et dont j’aime parler.
J’essaye de faire ça sous plusieurs angles et être précis dans ce que je fais, étant donné que j’en parle beaucoup. Dans Marchand De Sable j’en parle également et je dis que ça m’empêche de dormir quand je suis chez ma mère. Si je dois en reparler, je ne dirai pas les mêmes choses. Ça vient naturellement, je ne me répète jamais. En tout cas, Ciel & Terre c’est vraiment un titre qui me tient à coeur et je pense que c’est le plus complet au niveau de l’histoire et de la sincérité.
Un mot de la fin ?
C’était une très bonne interview, vous étiez super bien renseignés c’était super cool, ça fait plaisir d’avoir des interviews comme ça !